• Antoine Paul Léonce RIGAIL de LASTOURS

    En 1863, Gustave GARRISSON, (un article prochainement sur sa famille), écrivait  un article, repris dans plusieurs journaux (Courrier du Tarn et Garonne, Express du Midi), au sujet de Léonce RIGAIL de LASTOURS.

    Nous avons découvert son fils Jacques Marie François lors d'un précédent article. Ce dernier a 8 ans, ce 27 août 1863.

    Pour cet article, je vais compléter, les propos  de Gustave GARRISSON.

     

    Monsieur le Rédacteur,

    Vous me demandez de communiquer à votre journal les quelques paroles que j’ai prononcées sur la tombe de notre cher et malheureux ami, Léonce Rigail ! Hélas, ce que j’ai dit, le sais-je moi-même ! Ce n’est pas avec des paroles, mais avec des sanglots que j’ai pu donner le dernier, le suprême adieu, à celui que j’aimais comme un frère. Que pouvais-je ajouter d’ailleurs, en présence de cette foule immense, élue, désolée, qui accompagnait à sa dernière demeure un des meilleurs citoyens, un des plus nobles esprits dont puisse s’honorer notre cité ? Ces regrets universels n’étaient-ils pas le plus grand et le plus sincère des éloges ? ce deuil de toute une ville n’était-ce pas la plus éloquente des oraisons funèbres ?

    Tous ceux qui ont connu Léonce Rigail, l’ont aimé : il portait en lui comme un don particulier de plaire, un charme qui gagnait tous les cœurs ; l’exquise douceur de son âme se reflétait dans son regard ; il y avait dans son maintien, dans son geste, dans l’étreinte de sa main loyale, quelque chose qui révélait l’homme de bien, le vir probus.  Jamais la vertu ne fut plus aimable, jamais l’inébranlable fermeté des principes ne s’allia à des formes plus conciliantes, à une bienveillance plus affectueuse. Aussi , Léonce  Rigail, malgré la franchise de ses opinions, l’activité de son dévouement politique, et bien qu’il ait porté dans des jours d’orage le drapeau d’un parti*, n’a-t-il  jamais eu un seul ennemi personnel ; ses adversaires l’estimaient, que dis-je, l’aimaient en le combattant, et dans ce cortège immense et funèbre qui traversait hier nos rues, les hommes de toutes croyances, de tous les rangs, de tous les partis, confondaient leurs regrets et leurs larmes. C’est là un exemple qui, peut-être, ne se représentera plus, mais qui nous prouve, du moins, que la loyauté, le dévouement, l’austère probité, trouvent une première récompense en ce bas monde.

      

    * libéral démocrate

      

    Léonce Rigail de Lastours appartenait à une famille ancienne et considérée*. Son père, un des hommes les plus aimables et les plus brillants de la société montalbanaise, exerça pendant de longues années les fonctions de conseiller de préfecture. Léonce tenait de lui et de la société d’élite qui l’entourait, cette exquise distinction de manières, ce sentiment si parfait des convenances, ce bon ton et ce bon goût qui donnaient un charme de plus à sa nature si sympathique. L’ami que nous pleurons reçut de bonne heure l’austère éducation du malheur : il perdit sa mère au sortir de la première enfance**, et à peine avait-il passé sa vingt-et-unième année que sa sœur, Mme Boudet***, veuve d’un député de Caussade, mourut en lui laissant la tutelle de ses quatre enfants. Léonce Rigail fut admirable de dévouement dans l’accomplissement de cette tâche longue et délicate. Il s’y consacra tout entier, se rompit aux affaires les plus ardues et devint pour les jeunes orphelins le père le plus tendre.

      

    * C'est une famille montalbanaise au moins depuis le début du 17e siècle. 

    ** Antoine Paul Léonce est fils de Jean-Dominique RIGAIL de LASTOURS et de Elisabeth Stéphanie GRENUS (fille d'un rentier genevois, mais aussi homme de Lettres Jean Louis GRENUS). Elisabeth GRENUS est décédée à Montauban, grand rue du Moustier, le  23 novembre 1833 à l'âge de 43 ans. Son fils Léonce n'a que 13 ans.

    *** sa soeur Louise Suzanne Pauline Rigail de Lastours mariée à Pierre Paul Boudet (décédé en 1844) en 1835, est décédée en 1845 à 28 ans, après la naissance de 4 enfants.

      

    La Révolution de 1848 l’appela un moment à la vie publique, dont il était si digne par sa haute raison, son dévouement sans borne aux intérêts populaires, et son esprit aussi ferme que conciliant. Il dirigea pendant quelques mois la sous-préfecture de Castelsarrasin*, au milieu des circonstances les plus difficiles, et sut se faire des amis de tous ses administrés. Rappelons-nous ici, qu’appelé par ses devoirs à réprimer un désordre passager, il mit tant d’équité et de convenance dans sa conduite, que ceux-là même contre lesquels il avait dû faire exécuter la loi, sont devenus ses amis les plus fidèles et les plus dévoués. Quelques années plus tard, Léonce Rigail fut le candidat du parti libéral et démocratique aux élections générales, et il obtint la majorité dans la ville de Montauban.

      

    * sous préfet de Castelsarrasin du 18 mars 1848 au 19 août 1848

      

    Depuis son mariage et pendant dix années de calme et de bonheur*, il se consacra à l’agriculture et devint bientôt l’un de nos plus habiles praticiens et le premier de nos agronomes. Il a réalisé d’admirables résultats dans ce beau domaine de Lastours, qu’il embellissait avec tant d’amour, et un goût si fin et si vrai des arts décoratifs. Au Concours régional de 1862, il disputa la prime d’honneur ; son nom fut balloté avec celui de M Adrien Avy**, et, dans cette lutte si honorable pour les deux concurrents, si Rigail, plus jeune dans la vie agricole, n’obtint pas la prime, il eut du moins la médaille d’or.

      

    *Léonce Rigail de Lastours se marie à Bordeaux en 1853 avec Laure Pauline Antoinette Delort Ils ont 4 enfants : Jacques Marie François (1855), Charlotte Emma Marguerite (1857), Berthe Charlotte Suzanne (1859) et Julie Charlotte (1862)

    ** Adrien Avy est mon sosa 112. Il était absolument inconnu de ma famille avant que je me lance dans la généalogie et ce que j'ai trouvé pour faire cet article m'a fourni de précieux documents que j'exploiterai plus tard. Ce qui me confirme dans l'idée que pour mieux connaitre ses ancêtres il faut aussi connaitre ceux qui les entourent. 

      

    Léonce Rigail, reçu membre de la Société des Sciences, Agriculture et Belles-Lettres, dont son père avait été un des fondateurs, conquit rapidement l’estime de tous ces collègues ;  dans les questions agricoles, sa voix était toujours très écoutée ; il prit en main la direction du Recueil Agronomique*, et l’enrichit d’une foule d’articles excellents, sagement pensés, écrits avec méthode et clarté, plein d’enseignements utiles et de conseils pratiques. Son esprit savait s’élever sans efforts aux plus hautes régions de la science agricole et économique ; il avait fait avec fruit les lectures les plus sérieuses, et nous ne doutons pas que s’il avait vécu quelques années de plus, il ne fût devenu une autorité dans le monde agricole, car il joignait l’élévation des idées à l’expérience et au sens pratique.  Devenu vice-président de la Société des Sciences, ce fut lui qui organisa la commission permanente d’agriculture, et il prêta son utile concours à la création de la vigne-école. Ses collègues le destinaient à la présidence, elle lui était offerte par l’assentiment unanime : il la refusa par un sentiment trop excessif de modestie, et voulu rester au second rang, lui si digne du premier. Membre du Consistoire de l’Eglise protestante, il apporta dans son sein ce même esprit de conciliation et de douceur qui lui permettait de conquérir les sympathies de tous, sans rien retrancher de l’intégrité de ses convictions personnelles.

      

    * Tous les numéros de ce recueil agronomique sont disponibles ici

      

    Tel fut l’homme extérieur ; mais que dire de l’ami, de l’époux, du père ? Quels trésors de sensibilité, quelle rectitude de conduite, quelle fermeté  d’âme dans le malheur, quelle ardeur dans le dévouement ! Léonce Rigail, et ce mot explique toute sa vie, fut un grand cœur ; il avait le cœur non-seulement tendre et fidèle, mais véritablement grand. Il savait aimer et c’est pourquoi il a été aimé si tendrement de sa famille et de ses amis ; il aimait le peuple, qui lui avait voué à son tour un inébranlable attachement ; il aimait les pauvres ; il a été plus que charitable, véritablement bien faisant. L’amitié même la plus intime n’a pas toujours connu le secret de ses bonnes œuvres ; mais les bonnes actions, qui restent cachées sur cette terre, servent au juste de cortège dans le ciel.

      

     

      

    Frappé dans la vigueur de l’âge par une mort tragique, enveloppé dans l’effroyable  catastrophe du chemin de fer de Beaucaire, Léonce Rigail laisse à ses quatre enfants et à leur digne mèe, un nom sans tache, une mémoire vénérée de tous, et qui leur servira d’égide dans les luttes de la vie. Il laisse à ses amis d’inconsolables regrets, un vide qui ne se comblera pas, et en même temps de nobles exemples à suivre. Tous les cœurs montalbanais garderont avec respect le souvenir de cet homme d’élite, à qui l’occasion seule a manqué pour devenir un grand citoyen !

      

    Le 23 août 1863, - Beaucaire (Gard): vers 12 h 30, un train express Sète-Tarascon quitte la voie à l'entrée du viaduc sur le Rhône par suite de la présence d'un obstacle sur les rails. La locomotive, le fourgon à bagages et trois voitures heurtent le parapet, puis tombent dans un fossé. L'accident fait 6 morts, dont le mécanicien et un garde-frein, et 10 blessés. Peu de temps après, des enfants surpris à placer de nouveaux obstacles sur les rails seront soupçonnés d'avoir provoqué cet accident. L'un d'eux, âgé de neuf ans, sera placé en maison de correction.

    Antoine Paul Léonce Rigail de Lastours sera une des victimes de cet accident. Il a 42 ans. Son épouse décèdera au même âge quelques années plus tard en 1871.

    Je suis en train de dépouiller les registres du notaire Me NAZON à Montauban, et j'y trouve quantité de pièces. Un inventaire est fait en 1871 (5 E 18428) que je ne vais pas détailler n'y comprenant pas grand chose. Et tous les registres contiennent des pièces: des rapports de tutelle, des quittances... C'est Théophile DELORT, oncle des enfants qui est chargé de la tutelle. Suivent égalment toutes les pièces concernant l'accident de train et les comptes rendus des jugements des assurances. Il y aurait de quoi passer des heures à étudier précisément tout le dossier.

     

    J'ai trouvé au cimetière urbain le caveau d'une partie de la famille.

    On y retrouve le père de Léonce RIGAIL de LASTOURS (Jean Marie Dominique), son épouse décédée en 1871 (Laure DELORT), ainsi qu'une partie de la famille de sa  fille: Berthe Charlotte Suzanne, mariée en 1881 avec Jacques Antoine Fernand DUHARD. Charles DUHARD (Louis Charles né en 1821 (25 décembre) étant sans doute son père (DCD le 21 juin 1894 à Montauban)

      

    Le couple a eu au moins une fille Clémence Charlotte Renée qui se marie en 1901 à Réalville dans une salle du château de Lastours avec Henri Auguste de FRANCE-MANDOUL. Marie de FRANCE-MANDOUL épouse de Bernard CHAVARDES est probablement leur petite fille.

    Cette famille DUHARD vivait au château de Lastours à Réalville.

     

    J'ai retrouvé dans les contrats de Me NAZON à Montauban, les contrats de mariages des deux autres filles de Léonce RIGAIL de LASTOURS.

    Charlotte Emma Marguerite RIGAIL de LASTOURS a épousé Isaac Georges HINE (contrat de mariage 1879), négociant à Jarnac (Charentes Maritimes)

    et 

    La petite dernière Charlotte Julie RIGAIL de LASTOURS, s'est mariée, en 1883, dans une salle du château de Lastours avec Louis Paul Lambert DUPRE de POMAREDE, originaire de Lot et Garonne (voir château de Pomarède à Moncrabeau-Lot et Garonne)

     

    Martine

     

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