• Athénaïs Mialaret, Mme Jules Michelet

     

    Le couple Michelet vers 1855  Portraits elle par Amandine Parrot, lui par Thomas Couture – Musée Carnavalet

    http://gendep82.eklablog.com/la-vie-aventureuse-de-yves-mialaret-a151026030

    Athénaïs Mialaret est née à Montauban en 1826, et décédée à Paris en 1899. C'est la seconde épouse de l'écrivain et historien Jules Michelet (1798-1874), de 28 ans son aîné, qu'elle a épousé à Paris en 1849. En juillet 1850, ils ont un fils, Yves « Lazare », qui ne vit que quelques semaines. En 1863, le couple a séjourné quelques mois à Montauban, 21 faubourg du Moustier où il écrit le chapitre de son histoire de France consacré à Louis XIV (une plaque commémorative y a été posée).

    Elle n'a écrit que 3 livres Mémoires d'une enfant, Les funérailles de Michelet et Le centenaire de Michelet, ce qu'il doit être. Ces livres sont signés « Mme Jules Michelet », son nom de naissance n’apparaît pas. Par ses connaissances et son intérêt pour la nature, elle a collaboré activement à plusieurs livres de son mari comme L'oiseau, L'insecte, La mer et La Montagne et a été l'inspiratrice de L'Amour et La femme.

    À la mort de son mari en 1874, elle est obligée de se battre avec acharnement contre l'ancien gendre de celui-ci pour conserver ses droits sur son héritage et même pour faire transférer son corps d'Hyères où il était décédé vers Paris au cimetière du Père Lachaise où il voulait être enterré.

     

      

    Elle s'emploie aux éditions des œuvres de son mari, parfois en les remaniant, et construit sa légende de « pape de l'histoire ». Cela lui a valu le qualificatif de « veuve abusive ».

     

    Ses Mémoires d'une enfant racontent ses souvenirs de petite fille ayant souffert d'une éducation très rigoureuse et privée de signes d'affection.

    Son père  Louis Jacques Hypolitte Mialaret*, originaire de Lauzerte, épouse en Louisiane, en 1820, Emma Becknell, petite-fille d'un riche planteur chez qui il était précepteur des enfants de la maisonnée. Il a 46 ans, elle 15, il a quelques scrupules mais ils sont amoureux et la famille n'y voit aucun problème.

    Deux premiers enfants naissent là-bas, une fille, Sélima, en 1821 et un garçon, Tancrède, 3 ans plus tard.

    La famille rejoint la France et Montauban en 1825. Athénaïs Marguerite y naît en octobre 1826. Sa mère ne pouvant l'allaiter, elle est mise en nourrice à Ardus aux bords de l'Aveyron. Elle y restera 4 ans avant que ses parents se décident à la reprendre. Ces 4 ans seront les plus heureux de son enfance ; elle y vécut une vie très simple, très proche de la nature et entourée de l'affection de sa nourrice. Ce départ sera un véritable déchirement pour elle.

     

    La famille était installée dans une petite propriété à Léojac, dans le vallon du Ramier. Le père y avait fait construire une maison basse de style américain adossée à la ferme. Le domaine, sans murs, était entouré de haies vives qui lui servaient de clôture tout en le laissant respirer. À côté, des prairies, un petit bois de chênes, un verger avec de vieux arbres fruitiers. Dans la maison, beaucoup d'animaux dont dix-sept chats fort choyés par toute la famille.

     

    Quand elle revient de nourrice, 2 autres garçons sont nés, Antonin en 1827 et Henri en 1829. Elle se retrouve donc, seule, au milieu d'une fratrie inconnue : une sœur de 6 ans plus âgée, déjà demoiselle, et 4 frères qui jamais ne la mêleront à leurs jeux. Elle est mise immédiatement à des tâches ménagères, couture, tricot, auprès d'une très belle jeune femme blonde au yeux bleus, sa mère, qu'elle connaît à peine et qui se montre froide et sévère envers elle. Rien ne lui est pardonné.

    Son père est son seul recours, il la console et est d'une affection retenue et maladroite avec elle, mais il n'ose pas s'opposer ouvertement à sa femme.Elle est celle de ses enfants qui lui ressemble le plus et elle l’idolâtre (deux chapitres de son livre sont consacrés à la vie à peine croyable de ce père).

    Pas de jouets, elle se confectionne elle-même une poupée avec un morceau de tissu blanc, une poignée de son et deux bouts de bois pour les bras.

    Pas de visites en ville, pas de toilettes élégantes comme sa mère et sa sœur, mais une robe très simple ; les jours de réception, c'est sa sœur qui décide de sa tenue, le reste du temps toute sa garde-robe est sous clé sous la garde de sa sœur.

     

    Un dernier petit-frère, Hippolyte, naît en 1832 ; il est placé pendant 2 ans chez la même nourrice qu'Athénaïs. Quand il revient dans la famille, elle a 7 ans et on lui confie la charge de s'occuper de l'enfant. Elle espère avoir un nouvel allié, mais quand le petit grandit il se met dans le clan des garçons et l'abandonne à sa solitude.

    La petite fille bénéficie de l'instruction que le père dispense à ses enfants et est particulièrement attirée par l'histoire naturelle. Elle consacre ses rares moments de liberté à l'observation de la nature parfois accompagnée des son père qui l'encourage dans cette voie.

     

    Elle doit avoir environ 8 ans quand elle va à l'église pour la 1ère fois avec sa 1ère belle tenue, faite pour elle. Elle est tellement saisie par ce qu'elle entend, les chants, les cuivres, et voit, les cérémonies incompréhensibles, l'autel chargé de fleurs, les riches tenues des prêtres, et ressent, l'immobilité, l'air renfermé de l'église et les odeurs d'encens, qu'elle ne peut résister et s'évanouit.

    Plus tard, dans la journée, en ville, elle suit sa mère et sa sœur qui vont faire leurs emplettes de tenues pour l'hiver. Elle sait qu'il n'y aura rien pour elle, elle est assise sur un tabouret dans la boutique et ses yeux se fixent sur un bas d'armoire vitrée où il y a des poupées de bois. Quand les achats sont terminés, elle ose attirer l'attention de sa mère sur cette armoire. La mère, sans doute par pitié pour l'évanouissement du matin, fait comprendre à la marchande que les achats de manteaux qu'elles viennent de faire valent bien une poupée pour sa fille. La marchande accepte sans se faire prier et choisit une poupée que la fillette reçoit avec transport. On lui dit qu'il ne faut pas l'embrasser car le teint des poupées ne s’accommode pas des baisers ; n'importe, c'est sa première vraie poupée, et elle est sur un petit nuage ; pour son trousseau, elle devra se débrouiller toute seule.

     

    Vers l'âge de 9 ans, elle tombe gravement malade, avec des accès de fièvre qui la tiennent dans une grande faiblesse pendant deux ans. Elle s'en sort mais reste fragile.

    À l'adolescence, les enfants sont mis en pension à Montauban. À la suite de ses deux aînés, Athénaïs y entre à 13 ans, en milieu d'année en raison de sa santé. Elle doit recevoir une instruction religieuse, faire sa 1ère communion et se préparer à un examen.

    Mais les affaires vont mal pour son père, elle apprend par ses compagnes qu'il se prépare à retourner en Louisiane pour régler ses problèmes, personne de la famille ne l'a avertie.

    Elle veut que son père soit fier d'elle avant son départ et travaille d'arrache-pied pour rattraper les 6 premiers mois qu'elle a manqués. Elle finit par réussir son examen, son père nage dans la joie. Elle espère sa présence le lendemain lors de la distribution des prix, elle est nommée trois fois, mais il n'y a que sa mère et sa sœur à la cérémonie. À la fin toutes ses compagnes retournent dans leur famille, mais personne n'est là pour reprendre ses affaires, elle reste seule jusqu'au lendemain en attendant qu'on vienne la chercher.

    Elle arrive dans un véritable déménagement, Toute la bibliothèque de son père est en caisses, son cabinet de travail est vide. Il est trop préoccupé par son voyage pour s'intéresser à ses prix.

    Comme mots de départ, il lui demande d'être toute à sa mère et que de son attitude envers celle-ci dépendra la tendresse qu'il a pour elle. C'en est trop, elle reste interdite, il sent qu'il a été top dur, veut la prendre dans ses bras et faire couler ses larmes, en vain.

    Le lendemain, c'est déjà le départ, il emmène son fils aîné Tancrède. Sélima les accompagne à Bordeaux jusqu'au départ du bateau.

    Athénaïs Mialaret, Mme Jules MicheletLes garçons vont au collège, la maison, isolée, est jugée peu sûre pour des femmes seules, elles vont s'installer en ville. Athénaïs retournera en pension en octobre.

    Le père a des difficultés à régler ses affaires, la mère supporte mal la séparation, elle décide qu'ils iront le rejoindre. Quand Athénaïs revient pour les vacances, le grand départ se prépare, elle est heureuse.

    À la mi-octobre, la terrible nouvelle arrive, « Il est mort ». Ils sont ruinés, il faut vendre la propriété. Le nouvel acquéreur rase tout pour en faire un champ de production.

    Athénaïs devient préceptrice dans une famille à Bordeaux puis auprès de la famille Cantacuzène à Vienne. C'est là qu'elle lit un ouvrage de Michelet et entame une correspondance avec lui. Fuyant la révolution autrichienne de 1848, elle rentre en France en octobre, rencontre Michelet le lendemain de son arrivée et l'épouse 6 mois après.

    Sophie

     

     

     

    *J'ai demandé à Sophie pourquoi le prénom du père avait changé "je ne sais pas, je pencherais pour ses prénoms de baptême Yves Louis, je me demande si au décès de Jacques Hippolyte son frère et parrain il n'a pas endossé ses prénoms. je ne sais pas, je pencherais pour ses prénoms de baptême Yves Louis, je me demande si au décès de Jacques Hippolyte son frère et parrain il n'a pas endossé ses prénoms. Le fils d'Athénaïs s'appelait Yves Lazare, quoique Lazare soit son prénom usuel, je me demande si le prénom Yves ne lui a pas été donné en mémoire de son grand-père ?"

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 15 Avril 2020 à 20:24
    Matie

    Sa maison natale est tout prés de chez moi, à côté de l'Avenue des Mouret. Elle est maintenant envahie par un lotissement, dommage....

    2
    Jeudi 16 Avril 2020 à 08:33

    bonjour "Matie"

    Je connais aussi le quartier, mais je ne suis pas parvenue à identifier cette maison.

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