Quand je faisais des recherches sur la généalogie de mon épouse (ligne agnatique dans l'Yonne jusqu'en 1600) j'avais trouvé dans les registres paroissiaux un brave curé bloqué dans son église par un hiver rigoureux. Il écrivait ce qui suit :

 

Hiver 1676-1677 à MASSANGIS (89) : (BMS Massangis 1668-1699 5Mi323/7 page 45 à droite) :

 

En l’année 1676 les grandes neiges commencèrent le  

 

mercredy deuziesme de decembre furent si haultes  

 

que il y en avoit partout plus hault que le genoux  

 

et durerent jusques au quinziesme de janvier de  

 

l’année suivante 1677, le froid fut si rude qu’il gela la ou 

 

il n’y avoit jamais gelé d’aucune mémoire d’homme. 

 

Il mourut quantité de gibié et bestes fauves les                            

 

glaces commencèrent à partir de dessus les rivières  

 

le mesme jour St (Maure ?) qui estoient espaise(nt) de deux  

 

a trois pieds l’eau fut aussy haultes qu’il n’avoit  

 

esté depuis soixante et trois ans ; les glaces firent  

 

tant de degats quil est impossible de l’estimer  

 

et particulièrement les p(onds ?) qui furent presque tous  

 

perdus et ruinés la riviere estoit si haute  

 

quelle jetta des quartiers de glaces jusques dans  

 

les chenevieres de la r(iotte ?) de Sivry et fut en  

 

cet estat six jours durant que lon ne put traverser  

 

laditte riviere acause des glacons effroyables et de leur grandeur 

 

les vignes furent aussy toutes gelée dans le pays  

 

par la mesme gelée dudict grand hyver.  

 

 

 

 

 

Quelques précisions : 

 

bestes fauves : de couleur fauve comme le gibier à poils : cerfs, chevreuils ... 

 

chenevières = champs de chanvre 

 

Sivry = autre orthographe de Civry (commune voisine de Massangis) 

 

St Maure : aucune trace de ce saint ...! (peut-être St Maur ?) 

 

Et dans une autre paroisse :

 

Hiver 1709 à Joux-la-Ville (89) : (BMS Joux-la-Ville 1696-1726 page 97bas-droit) :

 

L’an mil sept cent neuf tous les bléds ont estés gelés, les noyers,

 

presque tous les pommiers et poiriers, en bien des endroits on

 

n’a point fait du tout de vin, vers le mois de may, le bléd valoit

 

jusqu’à dix-huit francs le bichet, et l’avoine dix ou douze francs

 

ainsy que l’orge ; ont a cependant recueillit une très grande

 

abondance d’orge et d’avoine, et après moisson on vendoit l’orge

 

jusqu’à sept francs, et le bléd pendant les semailles a valut jusqu’à

 

vingt deux francs mesure d’avallon.

CLOVIS