• Le premier bourg de Tarn-et-Garonne inondé est Reyniès, petit village de 516 habitants, situé au bord du Tarn. Quand l’eau arrive « en trombe », le dimanche soir, le garde - champêtre lance l’alerte à grands roulements de tambour. Un grand nombre d’habitants, incrédules, ne perçoit pas le danger. Seules l’église et la mairie demeurent debout après le passage de la vague. Une centaine de maisons s’écroule et les flots emportent quatorze personnes.

     

    Très éprouvé par l’inondation, Reyniès reçoit la visite du président Gaston Doumergue, qui s’est spécialement déplacé, parcourant toute la zone du sinistre. 

     

    Le mercredi 3 mars on peut lire sur "L'Express du Midi"  

    REYNIES et MOULIS anéantis on compte de nombreuses victimes 

    Reynies et Moulis, deux hameaux qui formaient une seule commune de près de 600 âmes, coquettement assis sur les bords du Tarn, très encaissé à cet endroit, sont les deux villages qui ont le plus souffert du cataclysme. Le spectacle qui s’offre à nous lorsque nous approchons du bourg est d’abord terrifiant. Le pont de Reyniès qui ne date que de 1882, a parfaitement résisté aux assauts du fleuve, mais les flots, qui atteignent presque le cintre des voûtes creusent des tourbillons ou se soulèvent dans un mugissement formidable. Des troncs d’arbre, des débris de toutes sortes heurtent avec des bruits sourds les arches. L’aspect est celui de quelque rapide fleuve africain.

    De l’autre côté du pont, interdit à la circulation, le village : les ruines informes qui rappellent  celles des villages du front pendant la guerre. Les quatre cinquièmes des maisons se sont abimés dans les flots et le reste ne vaut guère mieux. Seuls, le château et l’église ont résisté.

    L’agonie d’un village 

    Point tragique : Reyniès est le village qui semble le plus éprouvé en pertes de vies humaines. C’est une émouvante désolation que d’assister au sauvetage de quelques rescapés, d’entendre les plaintes qui s’élèvent de partout. Ici une femme se tord les mains ; elle avait un logis, des meubles, un peu de cheptel, du linge ; il ne lui reste qu’un manteau qu’elle a passé en hâte sur quelques vêtements de corps.

    Cinq pompiers, détachés du groupe du lieutenant Masquarenc nous content l’effroyable tragédie du village.

    La plus grosse partie de Reyniès se trouve dans un contrebas, séparé du fleuve par une légère ondulation du terrain, c’est dire avec quelle violence les eaux, par infiltration, envahirent le village.

    Dans la nuit de dimanche à lundi le village fut inondé en moins de deux heures. Réveillés en pleine nuit, les habitants de la partie du village en bordure du fleuve purent s’enfuir par le pont ; mais ceux qui demeuraient plus loin, dans la dépression, n’eurent le plus souvent d’autres ressources que de grimper sur le toit de leur demeure ou sur des arbres. Ce fut en particulier ce qui se passa dans le quartier de Moulis.

    Les habitants, d’ailleurs, ne croyaient pas que la crue atteindrait une telle hauteur (plus de dix mètres au-dessus du niveau normal) ; c’est pourquoi nombre d’entre eux ne mirent pas à s’enfuir une grande diligence. Imprudence qui devrait être fatale à beaucoup.

    Les maisons ne résistèrent pas à la poussée des eaux et tous ceux qui tentèrent de rester ainsi ont disparu, emportés par les flots ou ensevelis sous les décombres.

    Et ce sont des scènes atroces. Trois enfants, le jeune M… 14 ans, et deux bébés sont enlevés par les flots. Deux vieilles gens s’étaient réfugiés  sur le toit de leur maison, à quelques mètres du pont. A force de courage et d’énergie, pendant la nuit de lundi, un pompier réussissait à parvenir avec un fanal jusqu’à eux et leur lançait une corde ; mais les malheureux refusaient  de quitter de cette manière leur refuge ; quelques minutes à peine plus tard, la maison s’effondrait les entraînant dans les flots.

    Ailleurs c’est Marius G… qui se noie en se portant au secours de l’instituteur.

    Dans la nuit de lundi, nous confie l’un des courageux sauveteurs volontaires, nous avons entendu, venant du côté de Moulis, des appels de détresse. D’instant en instant des bruits d’éboulement couvraient les cris, puis tout retombait dans le silence. A l’heure actuelle _ceci se passait mardi à 13h_ nous sommes sans nouvelles du hameau. Combien de ses habitants ont été entrainés sous les eaux par l’éboulement de leurs demeures.

    A Reynies même, lundi, la bonne du curé était ensevelie sous les ruines du presbytère, quelques minutes après le sauvetage du curé.

    On nous signale encore la disparition de M. Paris

     à lire pour en savoir plus les numéros de l'Express du midi qui sont en ligne numérisés dans Rosalis bibliothèque numérique de Toulouse.

    Je ferai des recherches dans la presse régionale.

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  • extraits du journal d'Henri Pouvillon  transcrits par Sophie

     

    1er mars 1930

    Il a plu à verse tout aujourd'hui et il fait si sombre qu'on est obligé de laisser l'électricité allumée.

    2 mars 1930

    Il pleut une pluie tiède et triste.

    3 mars 1930

    Il pleut une pluie fine et lugubre. Je téléphone à Capdeville1, on me répond qu'il est impossible de passer à Ardus, l'eau ayant crû d'une façon alarmante. Je descends au quai, c'est effrayant, l'eau a atteint le niveau des maisons Lafforgue, Coyne et Roussoulières et le tablier du Pont-Neuf. Elle gronde comme un tonnerre continu contre les robustes piles du vieux pont charriant des arbres, des charrettes, des pailliers, des lits, des armoires. Les figures sont tristes sous les parapluies. Je rencontre Pierre et Coulonge au Pont-Neuf. Nous allons à Lamote ? en voiture. L'eau commence à envahir Villebourbon. Nous remontons en hâte et nous allons au plateau. Tout Sapiac est envahi. Les tribunes du football disparaissent jusqu'au toit. Nous descendons devant Sémézies. Les trois ponts et toute la plaine depuis le coteau de Vignarneau disparaissent sous l'eau. On ne reconnaît plus rien. Je remonte et nous allons avec Masson au Bridou voir ce que devient Mme Roussel. À Lavergne, nous voyons la plaine inondée jusqu'aux coteaux de la Tanguine. Le pont de Montricoux est comique. L'eau arrive au parapet. Le moulin de Capéran est éventré. Nous passons 1 heure hébétés à regarder la masse jaunâtre de l'eau à l'assaut du pont. Retour à Montauban. Passé l'après-midi sur les quais à entendre les maisons s'écrouler au milieu d'un nuage de poussière. On dit que Corbarieu, Reyniès et Villemur sont détruits.

    4 mars 1930

    Le temps s'est mis au beau cette nuit et le soleil, un soleil de printemps, va éclairer cette horreur. Nous partons avec Masson au Bridou voir ce que devient Mme Roussel. L'eau a beaucoup baissé depuis hier, elle passe complètement sous les arches du pont de Montricoux complètement envahi hier. Nous arrivons au Bridou sans trop de difficulté. La maison a été envahie par 50cm d'eau. La vieille Roussel est d'un moral excellent. La maison est pleine d'une boue visqueuse et glacée, il n'y a pas eu de mal. Nous repartons à Montauban par le même chemin. Arrêt à Négrepelisse où nous nous arrêtons sur le Château. La plaine est encore largement inondée. Après déjeuner, je tente d'aller à Capdeville, mais arrivé à Birac, je trouve la plaine inondée jusqu'au coteau. On dirait d'immenses polders. Je reviens et emmène Marguerite jusqu'à Villemade. Là, c'est effrayant. On ne voit que de l'eau, des fermes écroulées, tout est inondé jusqu'à l'infini. Nous sommes revenus au crépuscule à Montauban.

    5 mars 1930

    Il fait un temps superbe. Je descends sur le quai. Les eaux se retirent lentement. Il n'y a plus que la maison du Dr Lafforgue et celle de Roussoulières. Je rencontre Malpel et Rollin, nous allons ensemble dans sa camionnette à Villemade voir si nous pouvons rendre quelques services aux sinsitrés. L'eau s'est retirée depuis hier soir et nous pouvons avancer tout doucement sur la route couverte de limon et parfois d'eau. Toutes les fermes sont à peu près détruites, c'est horrible. Les gens travaillent à extraire des animaux encore vivants sous les décombres. Nous rentrons à Montauban couverts de boue. Je déjeune et part pour Capdeville. Je pense arriver à Ardus. Toute la rue d'Ardus-Plage n'est que ruine. Des Sénégalais déblaient. Le château est encore entouré d'eau. J'arrive enfin à Capdeville. Rien n'a été abîmé ici sauf quelques arbres arrachés à la rive. Je repars par Albias où la route est encore sous l'eau. Je retourne et passe par Réalville. La voie ferrée est suspendue en l'air et tout le gravier du ballast est répandu dans la plaine.

    6 mars 1930

    Journée magnifique et presque chaude. Le soleil illumine cette désolation avec tendresse. Nous avons pu avoir des journaux. Le désastre a englobé 9 départements : le Lot, l'Aveyron, le Gard, l’Hérault, l'Aude, le Tarn-et-Garonne, la Haute-Garonne, le Lot-et-Garonne et la Gironde. La maison du Dr Lafforgue s'est écroulée ce matin. Après déjeuner, j'ai accompagné Masson au Bridou, nous avons pu passer par la Sorbonne et Bioule qui est moins détruit que je ne croyais, mais il y a quand même pas mal de dégâts. Rien n'a encore bougé chez la vieille Roussel. Nous rentrons par Réalville et Albias. Là, nous prenons la route de Ste Rafine. C'est effrayant, là, pas une métairie debout dans cette plaine. Pas une, sauf la maison Châteauvieux. Tout est anéanti. Je suis malade de tristesse et d'émotion ce soir.

    7 mars 1930

    Le temps est sombre ce matin, il souffle un vent un peu aigre. La lecture des journaux, les photos qu'ils donnent des inondations sont émouvants. Après déjeuner, je suis allé passer la soirée à Capdeville, je suis reparti pour Montauban bientôt après. Tout est en ruines dans la rue d'Ardus-Plage et, dans la grand-rue, deux maison sont déjà tombées. Je suis allé au café en rentrant à Montauban, l'électricité est revenue, les rues sont moins lugubres et ont un peu moins l'air des villes du front pendant la guerre.

    8 mars 1930

    Encore une fort belle journée tiède et lumineuse avec un merveilleux soleil qui éclaire toute cette horreur. Les journaux sont pleins de détails horribles. Il paraît qu'à Moissac ce fut particulièrement épouvantable. La digue s'étant rompue, l'eau est arrivée avec une vitesse prodigieuse et si de nombreux spectateurs du cirque T??? n'étaient sortis à ce moment et donné l'alarme, on aurait à déplorer un nombre de morts bien plus considérable, bien qu'il soit déjà assez élevé.

    Cet après-midi, nous sommes allés avec Masson faire un pélerinage aux ruines. On pouvait passer au pont. Nous sommes descendus dans la rue Gasseras souillée d'une boue visqueuse et bordée de maisons écroulées ou de façades derrière lesquelles il n'y a rien. Place de la Lai ???, l'eau était à 3m. Encore des ruines. De là, nous avons descendu le faubourg Toulousain : des ruines complètes, des effondrements ou des façades sans toit ni maison. Mais l'horreur, c'est le faubourg Sapiacou, qui n'a plus de rue, de quai, et qui n'est qu'un amoncellement de ruines d'où monte une épouvantable odeur de vidange et de corps en putréfaction.

    9 mars 1930

    Encore une délicieuse journée mais le baromètre baisse de plus en plus. J'ai été me promener sur la plateau. On voit les maisons détruites dans la plaine de Sapiac et sur les murs de celles qui subsistent le niveau fantastique de l'eau. J'ai voulu descendre à Sapiac, on ne laissait pas passer

    10 mars 1930

    Il a plu toute la journée. Je ne lis plus dans le journaux que ce qui a rapport au désastre. On va assimiler le sinistre de l'inondation aux dommages de guerre ce qui remonte singulièrement les sinistrés.

    11 mars 1930

    Il a plu toute la journée. Les journaux sont pleins de détails navrants sur les suites de l'inondation. Des souscriptions multiples venant d'un peu partout s'élèvent à des chiffres respectables – celle de la presse à Paris est déjà à 7 millions – et vont apporter quelque soulagement aux malheureux sinistrés.

     

    1Propriété familiale entre Ardus et Cos

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  •  En 1930, le Tarn et Garonne a été particulièrement touché par des inondations. Dans la nuit du 3 au 4 mars, le Tarn et Garonne est englouti par les eaux du Tarn, de l'Aveyron et de la Garonne, faisant 181 victimes.

    autour des inondations du Tarn à Montauban  Clovis
    cartes postales Montauban
    Reyniès village martyr  Martine 
    Moissac un très lourd bilan  

    Montauban 

     

                               TEMOIGNAGES
    extraits du journal d'Henri Pouvillon  Sophie 
     un sauvetage lors des inondations (Labastide St Pierre)    Simone
    des témoignages à Moissac Monique  

     

    Autour des inondations du Tarn de 1930 à MONTAUBAN

     

    En écrivant sur « Le Tarn et ses caprices », Albert Cavaillé (°1917 +2000) s’était intéressé aux débordements redoutables du Tarn comme celui de mars 1930.

    Certaines successions de phénomènes météorologiques en quelques jours de pluies d’origines méditerranéennes du haut bassin régional avec celles d’origine océaniques s’additionnant aux inondations en amont, ont permis de créer des situations répétitives plus ou moins catastrophiques.

    Cette répétition a marqué les esprits en septembre 1441, septembre 1567, mars 1603, juillet 1652, novembre 1766, décembre 1872 et la dernière en mars 1930. Donc pratiquement une crue importante par siècle.

    Certaines ont marqué par leur importance et conséquences :

    -Déclin de l’industrie textile autour de Villebourdon en 1766,

    -Création de voies ferrées vers Toulouse et Bordeaux en 1872,

    -Sapiac et Villebourdon détruits par les crues de1930.

    Outre les crues centenaires, il existe aussi des crues décennales de moindre importance qui marquent néanmoins les esprits de ceux et celles qui les subissent : 1866 1868, 1928, 1932, 1952, 1982.

    La vigilance reste constante face aux crues rapides, ce qui a peut-être entraîné un urbanisme plus important de la ville haute qui a bénéficié aussi d’un développement économique.

     

    Mais personne ne peut prévoir ce qui se passera pour la crue du siècle, ni quel en sera le lien avec le réchauffement climatique ?

    Clovis d'après un article "le Tarn et ses caprices" d'Albert Cavaillé

     

    à Moissac

     

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  • Les habitués de la lecture des registres de Villebrumier ont très certainement pris connaissance d'un texte du curé de Villebrumier, Antoine Pendaries   BMS (AC) 1700-1710 3e090-3 vues 61 & 62 (G & D)

    Glace extraordinaire Le 7 janvier 1709,

    il commença à glacer, la glace continua et augmenta pendant quinze jours et jusqu au 25 dud(it) mois avec une si grande quantité de neige que depuis la neige dudit mois , il continua à neiger jusqu’au 25 inclusivement , la neige étant si générale et si épaisse que les perdrix se laissaient prendre à la main et on en prenoit tant et la vérité si maigres qu’on en baillait pour six liards ou deux sols la pièce, de manière qu’elles périrent quasi toutes, et il fut défendu de tuer des rouges de deux ou trois ans. On prenoit aussi quantité d’autre gibier ; il moureut quasi la moitié des pigeons ne trouvant pas d’eau pour boire, il y eut des pigeonniers ou quatre vingt ou cent paires, il n’en resta que trois ou quatre paires. Cette grande quantité de neige feut sinon d’un froid si extraordinaire qu’il augmenta pendant quinze jours d’une telle manière que tout se geloit dans les maisons , jusqu’au pain quelque précaution que l’on prit, le vin se geloit dans les barriques jusqu’à faire sauter le fond desdits barriques quand il ne sortoit pas par le trou du bondon. On ne pouvoit pas laisser un verre que l’eau en si glaçat au tour, et celle qui tomboit à terre si glaçoit aussi quoyque au près du feu. Certains mettaient le pain entre deux coites mais il ne laissoit pas de se glacer. Un jour il tomba un certain brouillard même dans les maisons que toutes les murailles et paroits luisoient comme de la glace. Le froid ne glaçoit pas seulement les choses liquides, il s’en prit encore aux arbres ; on vit quantité de chesnes qui se fendoient et crevassoient par le milieu de manière qu’il ne restoient bien peu qui ne moururent pas, tous les noyers, amandiers, figuiers. En plus part des cerisiers moureurent, les pruniers aussi et les pommiers et quoyque quelques cent de ces arbres ayent vécu et pousse des feuilles pendant quelques années, cela n’a été pour la plus part que de l’écorce car le pied desdits arbres ; c'est-à-dire le bois du corps de l’arbre estoit comme sec et carié, comme on la remarqué très présent sept à huit ans après led(it) froid, lorsqu’il estait des vents impétueux qui renverrroit ou tout ou en partie desdits arbres, et les noyers et autres arbres qui enfeurent pas coupés debout après le froid, n’ont pu servir a aucun ouvrage mais seulement à mettre au feu. Je ne dois pas oublier les vignes qui moureurent quasi toutes à la reserve decelles qui estoient bosses et couvertes de neige car il fallut les coupées ras terre et elles repousserent ensuitte aussi ny eut il pas guère du vin pendant cinq à six ans. Quelques jours après le temps s’adoucit un peu et la neige se fondit ou le soleil donnoit et les bleds (blés) feurent un peu decouverts ; mais ensuite il se leva un vent de bise qui les fit mourir jusqu’à la racine et on feut obligé en plusieurs endroits de ressemer d’horge ou palmoule ou millet ou il y avoit du bled. Nota que led(it) horge et palmoule réussirent si bien que en plusieurs endroits d’une rase, il y eut neuf à dix sacs. Le 22 dud(it) mois la glace de la rivière qui estoit de l’épaisseur de deux à trois pans commença à fondre, le 23 jour de mardy vers le 9 du soir la glace se rompit et commença à descendre avec tant d’impétuosité et de bruit qu’il sembloit que la terre tremblat et qu’il y eut des grands tonnerres, la glace écrasa et abima le moulin du pr(ése)nt lieu de Villebrumier, personne ne périt pourtant pas audit moulin ni par la glace. L’afferme de la dîme de Villebrumier, sçavoir la position de mr l’évêque feut a douze cent trente livres, et même les fermiers y gagnèrent considérablement le bled feut fort cher pendant deux ans il valut jusqu'à vint et deux livres le sac. Il y eut très grande misère et pauvreté. Dans le mois de juillet et aout quasi toutes les nourrices perdirent le lait, et il moureut beaucoup de petits enfants comme par famine, gangrène et mal de pieds. Outre ladite perte de lait, il y eut pendant trois ou quatre mois sçavoir depuis led(it) mois de juillet jusque vers l’automne, il eut dit se, en plusieurs endroits un certain mal de pieds et jambes qui outre la douleur très aigue et très grande pesanteur pourrissoit tellement la chair que les pieds et les jambes et même les bras que si on ne faisoit d’abord l’amputation des pieds le mal serraoit tellement les os des jambes et des bras tomboient d’eux-mêmes et il se trouva plusieurs personnes qui se trouvèrent sans bras ni jambes du commencement on ne trouvaoit d’autre remède que de couper les pieds et les jambes dans les suites on trouva quelque remède qui étant fait à bonheur arrêtoit le mal. Il y avoit entre autres le curé de Falguières qui avoit un souverain remède aussi il y assuroit une grande foule de gens de toutes parts. Dans le commencement de cette maladie plusieurs personnes en moururent, il y en eut d’autres que j’ay veu sans aucune jambe, leur ayant été coupées au genouil ou estant tombées d’elles mêmes. Je vis plusieurs fois à Villemur, une femme qui demandoit l’aumône ayant ses deux bras morts et secs et tous noirs ; elle les garda plus d’un mois comme cela, et ensuite elle se les fit oter ou ils tombèrent d’eux-mêmes et elle vecut plusieurs années n’ayant aucun bras. La chose est certaine et véritable. Ce mal ne vint pas dans Villebrumier mais y en eut à Villemur, et beaucoup à Villematié et la Magdelène ; beaucoup autour de Montauban et surtout à Négrepelisse et Mon(t)ricous. La même année et le 27 septembre, il y eut une très grande inondation sur le Tarn et Garonne, l’eau emporta les deux moulins de Villemur qui restèrent trois ou quatre ans à être remis en état à cause que la glace avoit emporté le couvert desdits moulins. La rivière sembloit une forêt à cause de la grande quantité d’arbres que l’eau avoit arrachés at qu’elle emmenoit. Cette inondation fit périr beaucoup de personnes du costé de Gaillac ou aux environs. pourrait continuer ensemble en rajoutant des définitions

    J'ai trouvé aux Archives départementales de Montauban, une brochure qui reprend cet événement en fait une analyse.

    L'auteur explique que la "gangrène sèche" dont parle Antoine Pendaries correspond aux symptôme de l'ergostisme  ou mal chaud, mal des ardents, feu de Saint Antoine.

    L'ergot est un champignon parasite de l'orge,du blé ou du seigle qui provoque une maladie non contagieuse. La gangrène peut s'interrompre avec l'amputation ou la perte d'un membre et devient fatale lorsqu'elle gagne le corps et la tête.

    Le curé Pendaries rédige cet article à posteriori puisqu'il mentionne des faits survenus les années suivantes. Il peut tenir ses informations de ses confrères, des mariniers qui circulent sur le Tarn, mais il est aussi abonné à La Gazette 

     

    Toutes les conditions étaient réunies pour cette contamination des céréales: l'hiver froid et la rareté des céréales qui pousse les plus pauvres à consommer des céréales douteuses

      32 décès à Villebrumier cette année là (10 la précédente)

     Une autre victime de ces intempéries a été Samuel Crouzet, un des meuniers de Villebrumier. Son moulin a été brisé par la glace. Le 25 juillet 1709, dame Françoise Dolmières de Labarthe seigneuresse de Villebrumier emprunte 14 000 livres "pour l'achat du bois, clous et autres choses nécessaires ou pour la paye du mestre et autres ouvriers qui travailleront à la batisse et construction du moulin flottant, qu'elle va faire construire aud Villebrumier sur la rivière de Tarn en lieu et place de celuy que la glace de l'hiver dernier emporta

    Le sieur Condel avocat au parlement habitant de Lavaur prête la somme.

    contrat chez Mr Guilhemot Villebrumier 5 E 9428 fo 37

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  • Antoine et Jean  PENDARIES ont été prêtre et curé de Villebrumier

     Commençons avec Antoine Pendaries 

    C'est le testament de Jean, son père, chez Maître Guilhemot de Villebrumier (5E 9419) qui permet de faire un point sur cette famille.

    Marie GUILHEMOT (sa mère, grand-mère d'Antoine) est toujours en vie en novembre 1681. Elle décède le 8 mars 1683 à Villemur sur Tarn (fo 221/526)

    Les enfants de Jean PENDARIES, laboureur des Filhols et Raymonde PENDARIES sont

    Pierre

    marié à 

    Anne AGAR

    Pierre

    marié à

    Jeanne AGAR

    Antoine

    800 livres

    pour parfaire son titre clérical

    Pierre

    900 livres

    Jean

    900 livres

    Marie

    a reçu

    1000 livres lors de son

    mariage avec

    Vidal Teysseyre de Monclar

    Le lieu "les Filhols" se trouve au nord de Villemur.

    Jean Pendaries, le petit dernier de la famille se marie en 1715 à Villebrumier avec Anne MALPEL

    (à noter qu'Anne Malpel est issue d'une famille protestante; dans son testament en 1685 Olympe Mariette parle de son fils Jean "est par le pays"

    Un des Pierre PENDARIES se marie avec Anne AGAR (fille de marchand de Villemur) à Villemur 

     

    En 1709, il rédige un long texte sur des événements climatiques (objet d'un prochain article). 

    Quand on a la chance d'avoir à faire des recherches généalogiques sur Villebrumier, on trouve facilement toute la famille.

    un exemple d'acte de mariage:

    copie d'écran des registres en ligne

    Après 40 ans de bons et loyaux services, Antoine, abandonnera sa cure à Jean PENDARIES en 1731.

     

     

    Nous avons vu précédemment qu'Antoine Pendaries avait un frère Pierre marié à Jeanne AGAR. Le testament de Pierre en 1725, chez Maitre Guilhemot à Villebrumier (5E 9429) permet de reconstituer la famille.

    Perrette

    550 livres

    + couette, coussins...

    Jacques

    650 livres

    Raymonde

    mariée avec 

    Pierre LABRANQUE

    Antoine

    religieux de

    la compagnie de

    Jésus

    Pierre

    Mais il avait un autre frère Pierre marié à Anne AGAR, soeur de Jeanne.

    Françoise

    1686

    mariée à 

    Guillaume TEYSSEYRE

    Jean

    1692

    Vital

    1695

    marié en 1724

    à Elisabeth SICARD

    et voilà

    Jean Pendaries

    C'est le neveu d'Antoine

    Il va poursuivre le travail de son oncle. Les actes seront tout autant détaillés.

    copie d'écran registre paroissial de Villebrumier

    Il connait bien ses paroissiens et se livre à des calculs permettant de retrouver ensuite les dates de naissance (alors qu'il serait plus simple d'écrire directement la date). 

    Dans son registre, il inscrit l'acte de décès de sa mère avec une attention toute particulière.

    Il restera prêtre et curé de Villebrumier jusqu'à son décés

    C'est le curé Mesplé qui signera son premier acte le 6 février 1769.

     

    Et voilà, pour nos curés Pendaries. Il est difficile de faire des articles sur Villebrumier sans parler d'eux. 

     

     

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