• Les Grandes Manoeuvres de 1913 (1)

    Le 27 juillet 2021, je recevais un message de Sophie

     

    Bonjour Martine, j'ai trouvé dans le journal de mon grand-père quelques pages qui me semblent surréalistes en regard de la grande boucherie de l'année suivante.

    [...]

    J'ai pensé que ce serait intéressant d'écrire un article là-dessus dans le blog vers le 15 septembre (date anniversaire).
    Qu'en penses-tu ?

     

     

     

     Sophie nous avait déjà fait partager des extraits des carnets de son grand-père, Henri Pouvillon, pour le centenaire de l'Armistice de la guerre 14-18 

    http://gendep82.eklablog.com/le-journal-d-henri-pouvillon-en-1918-a149105078

    et concernant les inondations de 1930

    http://gendep82.eklablog.com/extraits-du-journal-d-henri-pouvillon-a146161912

     

     

    Samedi 13 septembre 1913

    Départ pour Montauban. La ville est animée, pleine de monde. C’est ce soir qu’arrive le corps des officiers étrangers. De somptueuses limousines sillonnent les rues. On cause des manœuvres au café.

    Dimanche 14 septembre

    Étienne et Coco[1] sont venus après déjeuner et nous sommes tous allés voir à la mairie la sortie du banquet du ministre de la guerre Étienne aux officiers étrangers. Une pléiade de généraux, une attente infinie et quelques uniformes élégants mais presque tous semblables. Les casquettes russes, bulgares, allemandes sont fort jolies. L’officier russe a été entouré et applaudi par la foule qui se suspendait à ses basques. Nous étions serrés comme des harengs dans la boutique de Bouis.

    Lundi 15 septembre

    Nous allons avec Coco, Pierre et Étienne à Merville pour suivre les manœuvres. Il fait heureusement assez beau. Nous prenons nos bécanes et le train pour Grenade et arrivons à Merville pour déjeuner. Après, petite reconnaissance à bicyclette. Nous sommes montés jusqu’à Daux où nous trouvons quelques fantassins éparpillés, puis à Montégut[2] plein de camions et de hussards. De là, montée vers Mondonville, descendons dans un exquis vallon, une vraie oasis dans un désert de chaumes, qui nous conduit jusqu’à Aussonne et retour à Merville dans la nuit.

    Mardi 16 septembre

    Assez beau. Nous partons à 5 h pour Montégut où nous supposons qu’aura lieu l’attaque. Là, 2 bataillons du 122, tranchées, mitrailleuses et 2 batteries d’artillerie masquées derrière des bois. Beaucoup de public, mais la bataille ne commence pas. Fatigués, nous descendons à Montégut et nous allons à Lévignac, bondé d’autos, de soldats, de curieux. Achat de pain et de vin et charmant petit déjeuner à l’ombre d’un noyer. Nous grimpons par une côte fort longue à une métairie qui a une vue magnifique sur la vallée de la Save et où l’on croit que va se faire l’attaque. Quelques aéroplanes extrêmement lointains, des dirigeables, mais c’est tout jusqu’au soir. Pas d’attaque. Retraite charmante sur Merville par une fort jolie route dans la forêt de Bouconne.

    Mercredi 17 septembre

    Très belle aurore, mais froide. Nous partons à 5 h pour Montégut. Nous entendons des coups de canon, une bataille terrible du côté de l’Isle-Jourdain. Nous ne savons où aller. Enfin, nous revenons par une route impossible de boue dans la forêt de Bouconne jusqu’à la ferme au-dessus de Lévignac où nous étions hier soir. Là, 2 batteries d’artillerie et une division d’infanterie, à peu près 4000 hommes. La bataille commence. Le canon tonne derrière nous pendant que les fantassins s’éparpillent dans la plaine. Nous descendons dans la plaine et assistons à la défaite de la division des marsouins le long de la Save. Retour à Merville, déjeuner, et partis pour Montauban.

    Jeudi 18 septembre

    Nous sommes allés à la mairie voir passer le Président Poincaré. Les rues regorgeaient de monde et les oriflammes claquaient au vent. Les cuirasses lançaient des éclairs et le sympathique président est passé au milieu des acclamations.

     

    [1]Son frère et le fils de celui-ci âgé de 13 ans

    [2]Aujourd’hui Montaigut-sur-Save

    Henri Pouvillon

     

     

     

    Nous sommes en septembre 1913.

    Raymond Poincaré a été élu quelques mois auparavant Président de la République.

    Il a succédé à Armand Fallières ( pour qui « la place n'est pas mauvaise, mais il n'y a pas d'avancement ») qui s'est retiré dans ses terres du Lot et Garonne 

     

     Toutes les puissances européennes organisent chaque année des grandes manœuvres, que ce soit l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni ou la Russie. 

    En France elles s'organisent en automne (après les récoltes) et sont  l'occasion de tester l'entraînement des troupes et des états-majors, de tester les règlements d'emploi et le nouveau matériel, mais aussi de montrer la puissance de la force militaire organisatrice aux autres États, représentés par des attachés militaires ainsi que par des journalistes.

    100 000 hommes, 2 armées s'affrontent:

    le parti rouge avec le général Chomer

    le parti bleu avec le général Pau

    sous la direction du général Joffre

     

     

    https://rosalis.bibliotheque.toulouse.fr/ark:/12148/bpt6k53837965/f1.item.zoom

     

     

     

    Le  Colonel Russe (je pense qu'il s'agit de celui-ci ) eut particulièrement de succès.

    Le commandant allemand est celui-ci a du rester longtemps dans les mémoires... 

        

    Toute l'organisation était mise en place pour le ravitallement des troupes. Des camions boulangerie étaient installés à Castelsarrasin par exemple.

    La Dépêche AD 82 PER 360 R art. 1913-9

     

     

    Voici le menu d'un repas servi à 180 convives à Montauban le 13 septembre

     

     

     

         

     La Dépêche AD 82 PER 360 R art. 1913-9

     

    Quelques éléments pour comprendre le contexte de l'époque :

    http://bonus.loucrup65.fr/grandesmanoeuvres.htm

     

     

     D'autres émissions: https://www.franceinter.fr/emissions/si-nous-vivions-en-1913

      

    Nous connaissons la suite...

    Mais tous les spectateurs de ces grandes manoeuvres ne pouvaient l'imaginer.

    Tout était pensé par les Etats Majors pour qu'une guerre soit brève, disait-on...

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