• Jean Baptiste COUGOUREUX de Reyniès

    Des peintres, des sculpteurs, des écrivains, des poètes, des militaires... nous en avons trouvés quelques uns originaires du Tarn et Garonne.

    Le hasard de quelques recherches m'a fait découvrir une autre célébrité du Tarn et Garonne: une célébrité du monde agricole. J'ai trouvé un article le concernant dans le Journal de Toulouse, qui faisait un compte rendu du Concours régional agricole qui se tenait à Montauban en mai 1862.

    Dans le Journal de Toulouse du 9 mai, on peut lire en introduction.

    Le nombre des machines exposées par les cultivateurs et propriétaires de la région, qui était de 507 à Toulouse, n’est que de 211 au concours de Montauban, presque un tiers en moins. Dans ce nombre, le département de la Haute Garonne figure pour 59 machines envoyées par 15 exposants, dont 10 sont de Toulouse et ont présenté à eux seuls 50 machines. Le département du Tarn et Garonne, où siège le concours, a 55 exposants et 110 machines. Le Gers, les Landes, l’Ariège et le Lot ont fourni le reste.

    Ca commence mal... mais voici la suite:

    Il est bon, cela est certain, de voir figurer dans un concours régional, même dans une localité où ils ne peuvent avoir qu’une application restreinte, ces engins et instruments perfectionnés dont on fait usage dans les pays où l’agriculture est beaucoup plus avancée. Des idées peuvent naître de leur examen et donner lieu à des créations utiles. Mais il ne serait pas moins avantageux que l’on y vît un peu apparaître les instruments dont se servent journellement les cultivateurs de la contrée, et dans le nombre desquels, à côté d’une multitude d’outils connus ou depuis longtemps remplacés par un outillage moins imparfait, pourraient se rencontrer des machines d’un mérite exceptionnel, des conceptions originales, des idées utiles à propager.

    Bon, là, on comprend que les dernières innovations ne sont pas pour les agriculteurs de notre région. Mais...

    Ces réflexions ne sont pas sans fondement. Elles nous ont été inspirées par l’apparition au concours de Montauban de plusieurs instruments de ce genre, mais notamment d’une charrue de construction simple et grossière, polie par l’usage, d’une forme non encore connue et qui est le grand événement du concours.

    Mais attention, nous entrons maintenant dans le vif du sujet, il va y avoir de la lecture et il va falloir imaginer la scène. J'aurais voulu savoir dessiner pour l'illustrer:

    Cette charrue est exposée par un modeste laboureur M. Cougoureux, de Reyniès (Tarn et Garonne), - qu’on se rappelle ce nom, il sera bientôt populaire- lequel, depuis bien des années, travaille lui-même à la perfectionner et qui est parvenu à l’établir dans des conditions de succès  qu’il semble difficile de dépasser désormais.

    Au premier abord la charrue Cougoureux offre un aspect étrange, qui n’a pas laissé, jusqu’au moment où elle a été mise à l’épreuve, que de provoquer le sourire. Mais l’essai pratique a modifié du tout au tout les dispositions du public, et sa prévention s’est bien vite changée en une surprise non sans mélange d’admiration. Il y avait de quoi d’ailleurs. On venait, dans le champ des expériences, de faire les essais habituels des machines ; les charrues diverses et  déjà connues avaient fonctionné, et la meilleure d’entre elles, tirée par quatre bœufs avait creusé péniblement un sillon de 12 à 15 centimètres.

    Arrive à son tour la charrue de M Cougoureux qu’on crut devoir faire marcher par pur acquit de conscience et sans compter beaucoup sur son travail. Le propriétaire invité par le jury attelle deux bœufs à l’âge raide et primitif de l’appareil, et tenant le mancheron de la main gauche elle se met en mouvement. Aussitôt le soc pénètre la terre, ouvre un large sillon de 27 à 50 centimètres, sans nécessiter aucun effort excessif de tirage, le laboureur lui-même ne retenant le mancheron que juste ce qu’il fallait pour empêcher la machine de pencher.

    Qu’on juge de l’étonnement du public ! Les personnes spéciales furent les premières à faire éclater la leur ; un des exposants, constructeur à Paris, ne put dissimiler la leçon qu’il recevait, ainsi que tous ses confrères du Nord. Il fit mieux, il acheta aussitôt au laboureur le privilège pour l’exploitation de la nouvelle charrue que par la suite, bientôt sans doute, on verra partout.

    Quelques mots suffiront pour donner une idée du principe sur lequel repose cette ingénieuse machine. Elle consiste surtout dans une disposition nouvelle donnée au soc et dans la substitution, au  versoir fixe ordinaire, d’un disque en fer de vingt centimètres de diamètre, à peu près, et tournant sur lui-même. Dans les charrues ordinaires, le soc et la partie du versoir qui y touche offrent une certaine convexité, cause principale de la résistance qu’éprouve la charrue à pénétrer dans le sol. M Cougoureux a fait disparaître cet inconvénient en amincissant et en creusant le soc, et en donnant à celui-ci deux dents. La terre alors est entamée sans effort comme un coin aigu, et lorsque soulevée, elle arrive sur le disque mobile qui remplace le versoir, ce disque tourne par ce seul effort et fait remonter la terre, en supprimant ainsi toute cette énergique résistance qui, dans la charrue ordinaire, est la conséquence de la pression qu’exerce la terre soulevée contre le versoir. Cette terre sans cesse entraînée, est en outre plus complètement divisée et se déverse toute émiettée sur les côtés du sillon.

     et la conclusion:

    Un si grand résultat, la possibilité d’un défoncement semblable, obtenu par un moyen si simple est un trait de génie, une idée qui portera ses fruits, et est appelée, si nous en croyons les appréciations que nous avons entendu émettre autour de nous, à révolutionner du tout au tout, l’art de la construction des charrues.

    Nous avons appelé cette charrue un instrument nouveau. Cette qualification au fond manque de justesse, car voilà plus de quarante ans que s’en sert M. Cougoureux sans avoir jamais pu parvenir à faire accepter son invention par personne. Mais le plus curieux, c’est qu’il a obtenu déjà pour cet appareil, le 24 juin 1822, de la Société royale d’agriculture de la Haute-Garonne, une médaille d’or, que nous a montrée l’exposant, en ajoutant qu’il a laissé un modèle de sa machine figurant au musée agricole de Toulouse. Mais alors les esprits n’étaient pas aux innovations agricoles ; on dédaignait tout ce qui sortait de la tradition et des choses reçues, et M Cougoureux dut attendre de l’avenir et du progrès des lumières le prise en considération de son idée. Il a fallu un concours régional pour la révéler. Grâces en soient donc rendues au concours de Montauban, que ce résultat suffit à classer parmi les dates importantes des annales agricoles.

    Pour être complet, il aurait fallu trouver le prénom de ce M. Cougoureux. Cogoreux, Cougoureux, j'en ai beaucoup dans ma généalogie familiale à Reyniès. Je vais continuer à chercher, parce que je ne crois pas encore avoir trouvé ce laboureur de génie. J'ai cherché dans la base Léonore (Légion d'Honneur), je ne l'ai pas trouvé.

    Par contre sa charrue a fait l'objet d'une étude.

    Dans 

    BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT POUR L'INDUSTRIE NATIONALE, RÉDIGÉ PAR LES SECRÉTAIRES DE LA SOCIÉTÉ, MM. COMBES ET PELIGOT , MEMBRES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES

    62e ANNÉE. DEUXIÈME SÉRIE. TOME X. — JANVIER 1863 (p.228)

    On y trouve même un schéma de la charrue Cougoureux

    On a même très souvent remarqué que l’adresse des valets chargés de tenir les mancherons de la charrue exerce la plus grande influence sur le travail de l’instrument aratoire ; Quelques-uns de ces ustensiles néanmoins produisent des effets indépendants de l’adresse exceptionnelle du laboureur. L’une des dispositions les plus nouvelles et les plus remarquables à cet égard se rencontre dans la charrue Cougoureux : l’inventeur, ayant eu l’idée singulière de substituer au versoir ordinaire un disque qui tourne sur son axe, détermine dans la tranche de terre une telle désagrégation que l’un de nos mécaniciens les plus compétents, M. Combes, de l’Institut, a dit, en son expressif langage, que cette charrue « fait mousser la terre. »

    et tout le détail technique de son fonctionnement que je vous laisse découvrir en suivant le lien.

     

    Peut-être certains lecteurs de ce blog pourront nous en apprendre davantage... Je pense aussi consulter les annuaires du Tarn et Garonne aux AD.

    Suivra un autre article sur une autre innovation Tarn et Garonnaise proposée par un agriculteur du département..

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  • Commentaires

    1
    Delord
    Lundi 24 Décembre 2018 à 14:06

    Le Courrier du Tarn-et-Garonne du 8-2-1868 évoque le décès de l'inventeur de la charrue et donne la clé.

    Jean-Baptiste Cougoureux, propriétaire-cultivateur, est né le 29-12-1793 et mort le 4-2-1868. Il épouse le 24-3-1813 à Labastide Saint-Pierre Bernarde Brodeur (Labastide 24-3-1783-Reyniès 4-5-1852).

    Deux enfants : François, né le 6-2-1814, et Jeanne Marie, le 23-12-1815.

    Parents de l'inventeur : Jean-Baptiste Cougoureux ménager et Louise Belay, mariés le 9-9-1788.

    Grands-parents : Jean-Baptiste Cougoureux et Elisabeth Inaud.

      • Mardi 25 Décembre 2018 à 08:23

        Merci pour le renseignement

        Il va falloir que je revérifie ce que j'ai fait dans ma généalogie 

        J'avais Jean Baptiste Cougoureux, ménager dans son bien, maire de Reyniès(1748-1806) marié à Lizette  Inaud. J'ai son testament en 1785 avec trois fils, 2 Jean et Jean Baptiste. Je n'ai pas trop regardé sa descendance, parce que le Cougoureux qui m'intéressait dans ma généalogie n'était pas celui-là.

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