L'an dernier, exactement à la même période de l'année, mon frère, résidant en Nouvelle Calédonie depuis des années, a fait un petit séjour en France avec de nouveaux projets (films documentaires). Nous avons l'habitude dans la famille de le voir en Amérique du Sud, en Afrique du Nord, en Indonésie, avec chaque fois pour base la Nouvelle Calédonie. Plus de 30 ans que c'est ainsi. Lors de son dernier séjour dans le Tarn et Garonne, il a manifesté un intérêt pour mes "recherches" aux Archives. Il avait envie de faire des recherches avec moi, mais avec une idée de recherches très floues: protestants, déportés, émigrants... Comme il a vu que je n'étais pas capable de lui trouver tous les documents qu'il voulait consulter, au bout de dix minutes, il était dehors, m'abandonnant avec mes registres... |
Mais de temps en temps, quand j'ai un moment, je consulte quelques documents. C'est ainsi que j'ai pu consulter ce livre de Roger Pérennès "déportés et forçats de la Commune de Belleville à Nouméa" (dont on peut aussi lire un extrait ici) . J'ai lu sur la 4ème de couverture qu'il y avait 7 tarn et garonnais. Pour le moment, je n'en ai retrouvés que 5.
Avec Internet nous pouvons avoir accés aux fiches des déportés en Nouvelle Calédonie. ici
J'ai ainsi trouvé quelques Tarn et Garonnais, déportés suite à leur participation à la Commune de Paris.
BELLY Guillaume né le 13 février 1842 à Saint Nicolas de la Grave
habite 17 rue du poirier à Paris menuisier
plusieurs condamnations pour vols entre 1859 et 1862
embarqué pour la Nouvelle Calédonie le premier janvier 1873, au dépot de Saint Martin de Ré, sur le transport à Vapeur l'Orne
Gravure d'après un croquis d'E. Deschamps : l'Orne devant la passe de Honikulu, à Wallis en 1874.
Je ne l'ai pas trouvé dans les registres de l'Aumonerie de la Commune et du bagne à l'île des Pins. mais dans les registres d'Etat Civil ici (vue 23) |
Jacques BERNADOU né le 1er septembre 1841 à Montauban
Il habite rue Bazelin à Paris, il est célibataire, profession: chapelier
condamné à Versailles le 31 juillet 1872 par le 5ème conseil de guerre de la 1ere division militaire.
coupable d'avoir participé à un attentat dans le but d'exciter la guerre civile et d'avoir exercé un commandement dans des bandes armées
condamné:
arrivé à La Nouvelle Calédonie le transport le Calvados,
2 septembre 1873, débarqué presqu'île Ducos le 29 du dit
Remise de sa peine le 11 janvier 1879
parti pour l'Australie en 1879
Antoine RICARD né le 9 décembre 1844 à Montauban
habite à Paris rue Fontaine au Roi 11e
ouvrier gainier (ex garde à la 4e compagnie du 63e
fédéré et délégué au Conseil de la 20e légion
condamné à Versailles le 10 octobre 1873 par le 3e Conseil de Guerre permanent de la 1ere division
coupable d'avoir en 1871, à Paris exercé une fonction dans des bandes armées dans le but d'envahir des places et des postes appartenant à l'Etat et de faire attaque et résistance envers la force publique agissant contre les auteurs de ces crimes (circonstances atténuantes)
Arrivé à la Nouvelle Calédonie par la frégate à voile la Virginie
le 4 janvier 1875 embarqué pour l'Ile des Pins , le 8 , débarqué le 9
Septembre 1872. Premiers déportés simples de la Commune de Paris. Débarqués sur l’île des Pins par le trois-mâts La Danaë. La traversée dura cinq mois. Revue l’Illustation 1873
Remise de sa peine le 15 janvier 1879
Parti pour France par le Navarre le 3 juin 1879
Jean CAMBON né le 1er novembre 1822 à Vazerac
habite à Paris rue de Tassy capitaine au 38e bataillon fédéré de la Commune
condamné à Versailles le 22 juin 1872
1e) coupable d'avoir en 1871 à Paris exercé un commandement dans des bandes armées pour faire attaque ou résistance à la force publique, agissant contre ces bandes.
2e) d'avoir entretenu des intelligences avec les directeurs ou commandants de l'insurrection en leur donnant des conseils et leur procurant des renseignements et des moyens de résistance
3e) d'avoir dans un mouvement insurrectionnel porté des armes apparentes, étant revêtu d'un uniforme militaire.
embarqué le 8 mai 1873 à Brest sur le Calvados
Le Calvados se trouve au mouillage à Brest début mai 1873. Le 8, il embarque 382 déportés en provenance du fort de Quélern. Il lève l'encre le 10 en direction de l'île d'Aix, où il arrive en rade des Trousses le 12. Le navire est placé sous le commandement du capitaine de frégate Vial secondé par le lieutenant de vaisseau de Margery. L'état-major se compose de trois enseignes de vaisseau, un aide commissaire, un médecin de 2ème classe. L'équipage se compose de 14 officiers marinier, 13 quartiers-maîtres et 97 matelots. A cette liste il faut rajouter un aumônier affecté au service du navire. Quatorze passagers prennent place à bord et sont nourris à la table de l'état-major, et trois passagers sont classés comme émigrants. Outre ces passagers cités, le navire embarque une troupe constituée de 4 gendarmes, un adjudant et 17 militaires, auxquels s'ajoutent 18 surveillants et leur famille rejoignant leur poste en Nouvelle-Calédonie. Les femmes de surveillants sont au nombre de 8 et, selon une rumeur, ce que confirme apparemment leur "présentation", elles seraient issues d'une maison close de Brest. Elles auraient été épousées en toute hâte, pour se conformer à la publication d'une circulaire ministérielle précisant que les gardiens en partance pour la Nouvelle-Calédonie devaient être mariés. Tout ceci nous donnne un total de 226 membres d'équipages et 123 passagers. Le "chargement" de déportés est composé de 99 condamnés en provenance du château d'Oléron dont 18, reconnus aptes par la commission médicale sont débarqués par les médecins de la Marine. Sur le contingent de Saint-Martin-de-Ré, 98 sont acceptés. L'ensemble de ce convoi se compose finalement de 560 déportés, un chanceux ayant échappé au départ. En effet, par télégramme expédié le 17 mai, le ministère de la Guerre ordre est donné au préfet de Charente-Inférieure de débarquer du Calvados le nommé Charles Etienne Petit-Huguenin, embarqué à Brest, dont la peine était commuée en détention. Ce dernier, au lieu de partir pour la Nouvelle-Calédonie sera donc incarcéré à Saint-Martin-de-Ré, en attente de son transfert sur Belle-Île-en-Mer. |
source: http://www.bernard-guinard.com/arcticles%20divers/Convois%20de%20deportes/Calvados/le_Calvados.html
arrivé à la Nouvelle Calédonie par le transport le Calvados le 27 septembre 1873, débarqué presqu'île Ducos le 29 du dit
Gracié le 17 janvier 1879. Rentré en France par le Navarin le 3 juin 1879.
Le Navarin quitte Nouméa pour le voyage retour, embarquant 405 déportés ou commués et 2 forçats dont la peine est commuée en réclusion. Avant le départ, chaque amnistié reçoit 1 paletot, 1 pantalon, 1 Béret et 2 paires de bas de laine, l'itinéraire devant passer par le cap Horn. Ces effets d'une assez mauvaise qualité provenaient d'un achat effectué par la Ville de Paris, et avaient été apportés par le Var, arrivé à Nouméa le 28 mai. A 10h30 ce 3 juin 1879, le navire sort de la rade, remorqué par la Dives. La traversée entre la Nouvelle-Calédonie et le cap Horn devrait normalement durer de 35 à 40 jours, mais il en faudra 57, car le 6 juin la Navarin subit une avarie du perroquet de fouque dont l'amure casse, puis ce sont des vents défavorables ou contraires qui ralentissent le navire. Dans les premiers jours de la traversé, un nourrisson de 2 semaines décède et, le 23 juin c'est un des amnistié déjà malade à l'embarquement qui meurt des suites d'une angine de poitrine. Ce dernier sera immergé après une cérémonie civile. Le dimanche 29 juin un autre amnistié décède et sera jeté à la mer dans les mêmes conditions. Le 10 juillet, c'est un marin qui décède et sera lui immergé religieusement. Puis quelques cas de scorbut se déclarent dans la batterie haute. Le Navarin met 3 jour pour franchir le cap Horn sans incidents, du 20 au 22 juillet. Le 6 août nouveau décès d'un amnistié. Dans la nuit 12 au du mois, Sainte-Hélène est en vue et le 13, c'est le mouillage devant James Town. Ce même jour un autre amnistié meurt, et sera enseveli religieusement sur l'île. Le 17 août, c'est le départ en direction des îles du Cap Vert et le 23 le Navarin passe l'Equateur par le travers de l'île Saint-Paul. Le 26 c'est un véritable déluge qui débute, et les grains se succèdent avant le retour au calme le soir, avec l'entré dans la région du pot au noir. Le 30 août les îles étant proche, le commandant ne voulant pas les heurter de nuit, il ordonne de reprendre la pleine mer. Par la suite les vents sont peu favorables jusqu'au 3 septembre, et il faudra encor 8 jours pour arriver à hauteur de l'île de Flores au nord des Açores. Cela totalise déjà un retard de 3 semaines, et le navire n'a pas assez de vivres pour assurer la subsistance si l'arrivée intervient après le 25 septembre. Le 13 septembre, déjà malade depuis un certain temps, un second marin âgé de 22 ans décède d'hydropisie générale. Le 18 septembre le rationnement est mis en place par le commandant. Il durera 8 jours. Le 21, le temps change et des vents favorables permettent d'entrevoir la fin prochaine du voyage. Le 27 le navire se trouve à 42 lieues du goulet de Brest. Cette nuit-là tout le monde est sur le pont pour voir le phare d’Ouessant. Le commandant décide d'entrer de nuit et le Navarin mouille en rade de Brest à 9h00 le 28 septembre 1879. Cette arrivée inopinée est relatée dans un article du Petit Parisien du du 1er octobre 1879, page 2, ainsi que le retour à Paris des amnistiés. Les formalités effectuées, les amnistiés quittent le navire. L'un d'eux décède à peine débarqué sur le sol métropolitain. Il avait quitté le bord sur une civière. |
source: http://www.bernard-guinard.com/arcticles%20divers/Convois%20de%20deportes/Navarin/le_Navarin.html
Pierre BOUDET né le 15 mars 1836 à Tréjouls
habite 6 rue Tanger à Paris 19e charpentier célibataire
condamne à Versailles le 8 avril 1872 par le 3e Conseil de Guerre permanent
coupable d'avoir en 1871 à paris, porté des armes apparentes et d'avoir fait usage de ces armes.
embarqué le 1er octobre 1872 transport à vapeur le Var
http://www.bernard-guinard.com/arcticles%20divers/Convois%20de%20deportes/Var/le_Var.html
Arrivé le 9 février 1873 débarqué presqu'île Ducos le 1er
Gracié le 15 janvier 1879 parti pour l'Australie le 16 mai 1879
Il me manque encore deux déportés...
Pour la suite, avec la Nouvelle Calédonie, je sais qu'il faut que je fasse des recherches sur le pasteur Maurice Leenhaardt...
Martine