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Emile POUVILLON

En 1839, Lucie Doumerc (voir article précédent), fille de Jean,et sœur de Blaise, épouse Auguste Pouvillon magistrat issu d'une famille bourgeoise de Merville (31). Ils s'établissent à Montauban et ont un fils unique, Émile, né en 1840.

Lucie Doumerc

(Montauban 1820-1901)

Auguste Pouvillon

(Toulouse 1812- Lamothe Capdeville 1885)

 

D'après son ami, le musicien Edmond Galabert **, « Émile Pouvillon tenait son intelligence et sa bonté à la fois de son père et de sa mère. Il se plaisait à parler d'eux. Sa mère, très entendue en affaires et d'un sens droit, avait hérité des capacités de son père […] qu'on citait comme un homme remar­quable. Mais elle n'était pas de ces femmes à l'esprit étroit qui se confinent dans les occupations de la vie matérielle, dans les comptes, les soins du ménage. Elle lisait, elle sentait la nature. […] Son père était un homme tout à fait excellent et son fils avait pour sa mémoire un culte attendrissant. » Pour Marcel Sémézies, ce père, Auguste Pouvillon, était « extrê­mement intelligent et extrêmement moqueur. Il était lettré au plus haut point, il voyait et présentait les choses d'une manière très originale. » Il a laissé des pièces de vers dont une épître intitulée Conseils à un jeune écrivain** destinée sans aucun doute à son fils.

 

Émile monte à Paris pour entreprendre des études de droit comme son père. Bien que diplômé et inscrit au barreau de Mon­tauban, il abandonne la carrière pour se consacrer à l'écriture***. En 1867, un séjour à Paris lui permet de côtoyer le milieu littéraire et de voir ses pre­mières œuvres publiées dans la re­vue de Jules Vallès La Rue. Il collabore aussi aux revues littéraires L'Éclair et La Renaissance. Il fait ainsi la connaissance de nombreux écrivains notam­ment Alphonse Daudet et Paul Arène.

 

Émile Pouvillon jeune

(Montauban 1840 – Jacob Bellecombette 1906)

Blanche Soleville

(Montauban 1851 - 1927)

 

En 1870, il épouse Blanche Soleville orpheline de 18 ans, nièce du poète montalbanais Emmanuel Soleville. Ils auront trois fils Henri, Étienne et Pierre.

 

Établi à Montauban, il écrit de nombreuses nou­velles. Ce n'est qu'en publiant ses Nouvelles réa­listes en 1878 qu'il acquiert une certaine notoriété.

En 1880, il publie son premier roman Césette, his­toire d'une paysanne qui paraît en feuilleton dans Le Temps, avant d'être publié en volume par Alphonse Lemerre en 1882 et couronné par l'Académie Fran­çaise.

Il poursuit avec L'Innocent et Jean-de-Jeanne pu­bliés dans La Revue des Deux Mondes en 1884 et 1886. Puis, dans la même inspiration « rustique » Chante-Pleure (1890) et Les Antibel (1892) qui fut adapté pour le théâtre et représentée en 1899 au théâtre de l'Odéon à Paris

Il offre aussi un témoignage sur la société et les mœurs de son temps (Le vœu d'être chaste, L'Image, Melle Clémence) et affirme ses convictions républicaines (Jep, Le Roi de Rome).

Au fil des ans, il publie plusieurs recueils de nou­velles et contes : Le Cheval Bleu (1888), Petites Âmes (1893) et Petites Gens (1905).

 

Écrivain régionaliste, témoin de la vie rurale et de la société de son temps, Émile Pouvillon était aussi un amateur de paysages et son amour de la nature do­mine toute son œuvre. C'était un grand marcheur et, lors de ses promenades, il notait ses observations dans un petit carnet. On peut retrouver au fil de ses ouvrages, les différents sites qu'il a parcourus et ad­mirés.

 

II a abordé aussi des thèmes plus politiques. En 1894, contrairement à la majorité des per­sonnes de son mi­lieu, il prit parti pour Dreyfus et sou­tint publi­quement Émile Zola dans son com­bat. La que­relle des pro- et des anti-dreyfu­sards atteignit l'Acadé­mie de Montauban et, après ce sou­tien, l'un de ses membres alla jusqu'à refuser de sié­ger à côté de lui...

De 1898 à sa mort en 1906, il devint également l'un des chroniqueurs réguliers de La Dépêche du Midi.

 

Après son décès, son fils Pierre rassembla ses derniers écrits et publia deux ouvrages Terre d'Oc (1908) et Le Maître d'Aubrelon (1928).

 

Il correspondit avec beaucoup d'auteurs et artistes de son temps, les écrivains Pierre Loti, François Coppée, José-Maria de Heredia, Léon Cladel, les peintres Henri Marre et Émile Lévy, le sculpteur Antoine Bourdelle… et recevait fréquemment à Capde­ville, la propriété que son père avait acquise vers 1870 à Lamothe-Capdeville à une dizaine de km au nord de Montauban.

 

Émile consacra beaucoup de temps à aménager cette résidence qu'il adorait, située entre les collines de Quercy et les rives de l'Aveyron. Cette propriété est aujourd'hui encore dans la famille.

 

Marcel Sémézies fait ce portrait d’Émile Pouvillon en 1892 : « Grand, un peu fort, la moustache et les cheveux gris en brosse, la face colorée, d'allure alerte en ses vestons bleus piqués du trait rouge de la décoration, le romancier rustique fait songer, au premier abord, à un colonel de ca­valerie en tenue bourgeoise. Mais la voix caressante et basse, la douceur du regard bleu pâle, l'onction du geste éloignent toute idée mi­litaire. Il vit en gentilhomme campagnard et en poète philosophe sur ses terres du Quercy, dans d'ai­mables paysages qu'il excelle à décrire. Camarade exquis, causeur étincelant et fin, il accueille les pas­sants, aime les humbles, peint plutôt qu'il ne conte les idylles paysannes et la vie rurale et siège avec bonhomie en la benoîte Académie de Montau­ban. »

 

Émile Pouvillon âgé

 

Buste par Antoine Bourdelle (Musée Ingres)

 

 

Les deux familles, Doumerc et Pouvillon, habitaient rue Corail à Montauban (actuelle rue Émile Pouvillon). Marcel Sémézies raconte que les Doumerc rece­vaient à dîner tous les dimanches soir. Il s'y rendait et y retrouvait les Pouvillon ainsi que les invités que tel ou tel pouvait introduire. La moyenne était de 20 à 25 convives. Émile y amena maintes illustrations, François Coppée, Pierre Loti, Paul Arène... Ces dî­ners avaient donc, sous son in­fluence, une allure plu­tôt littéraire. « On en parlait beaucoup, avec jalousie et aigreur, les accusant d'être un comité fermé où il se disait toutes sortes d'horreurs, car les Montalba­nais étaient très mécon­tents de n'y être point admis. »

 

Émile décède subitement en 1906, lors d'une pro­menade, alors qu'il était en villégiature loin de chez lui, chez des amis près de Chambéry. La veille, il s'était exclamé devant ces magnifiques paysages « On voudrait mourir ici ! ».

 

Outre la rue de Montauban qui porte son nom, une avenue lui est dédiée à Paris près de la Tour Eiffel et un monument commémoratif lui est érigé au Jardin des Plantes à Mon­tauban.

 

 

 

Monument au Jardin des Plantes par René de Saint-Marceaux

 

Beaucoup plus tard, l'arrière petit-fils de Blaise et la petite-fille d'Émile, mes parents, se marieront. Émile Pouvillon est donc mon arrière-grand-père, Blaise et Lucie Doumerc mes trisaïeuls, Jean Doumerc (x Antoinette Redoulès) deux fois mon quadrisaïeul et Jean Doumerc (x Guillalme Durand) quatre fois mon ancêtre !

*Lire Souvenirs sur Émile Pouvillon - Plon-Nourrit 1910

**Recueil de la société des sciences, belles lettres et arts de Tarn et Garonne années 1868-1869

***Lire Pouvillon retrouvé, livre du centenaire de sa mort publié par l'Académie de Montauban en 2006

 

Sophie

 

 

Je recommande aux personnes intéressées la lecture des deux ouvrages publiés par l'Académie de Montauban, Marcel Sémézies, Mémoires de ma vie et de mon temps et Pouvillon retrouvé, dans lesquels j'ai puisé beaucoup de matière pour cet article.

lire aussi:

Emile Pouvillon à la Ramière avec Henri Marre

Maisons abandonnées

Les violettes  

une correspondance d'Emile Pouvillon

 

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