Paulin Faustin BREGAL est le petit garçon de la carte postale (allées Mortarieu de Montauban) Il est né à Mirepoix sur Tarn en 1896 de Jean BREGAL (fils d'agriculteur de Layrac) et de Marie BREGAIL (fille de charpentier de Mirepoix) Son père d'abord ouvrier d'usine s'engage dans l'armée et deviendra garde républicain à Paris, puis gendarme à Lalbenque (46) et à Montauban. En 1899, Paul aura une soeur, Denise, née à Lalbenque. En 1906 (source recensement), toute la famille est à la gendarmerie de Montauban. Après un passage à l'Ancien Collège de Montauban, Paul deviendra élève à l'Ecole Normale de Montauban (futur instituteur) Né en 1896, il est de la classe 1916. |
En mars 1915, il est incorporé au 80e régiment d'Infanterie (Narbonne), puis au 53e (décembre 1915), 67e d'infanterie ( avril 1916) et pour finir au 8e régiment du Génie en mars 1918.
Il y a une erreur sur la couleur des yeux, il avait des yeux d'un bleu azur Je l'ai connu sans cheveux. |
Sa conduite exemplaire lui vaut la croix de guerre avec deux étoiles, l'une de bronze, l'autre d'argent (d'après son matricule) ou bien deux de bronze (d'après son livret militaire) pour deux citations reçues, l'une en octobre 1916, l'autre en août 1918 : "1/ cité à l'ordre du régiment n°478 au 22 octobre 1916 : soldat brave et courageux, a réparé plusieurs fois les lignes coupées par les obus sous un bombardement intense ; 2/ cité à l'ordre du Quartier Général de la 12e Division d'Infanterie (n° 12 du 18 août 1918)". D'après son matricule, "à peine remis d'un malaise provoqué par les gaz, [il] a fait preuve d'un zèle et d'un dévouement digne d'éloges en se présentant comme volontaire pour assurer le service du poste du centre de renseignements."
Il figure ainsi sur l'exposition virtuelle parmi les anciens poilus du Tarn et Garonne. (je l'ai découvert par hasard) Jamais Paul, mon grand-père, n'a parlé ensuite de cette fichue guerre. Ses médailles étaient rangées dans un tiroir de son bureau, je ne les ai vues qu'après son décès.
J'ai cet objet donné par ma grand-mère:
et j'ai vu un coupe papier fait dans un morceau d'obus
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Quand je me suis mise à collectionner les pierres, il m'a donné une galène provenant d'un poste à galène. Je n'ai pas vu le poste et il ne m'a pas expliqué de quoi il s'agissait.
Je viens de découvrir ceci inscrit dans son livret militaire.
Mais je n'ai jamais vu l'appareil qui devait aller avec la galène:
et, je n'y pense que maintenant, c'est pour cette raison qu'il m'avait montré l'alphabet morse dans le dictionnaire.
un court un long tit tiiiit pour A |
Il a eu la chance de sortir de cette guerre sans séquelle physique. Mais la famille a été particulièrement éprouvée par un autre drame..
La jeune fille sur cette photo est Denise Aimée, la petite soeur de Paul. Denise Brégal est décédée le 3 juin 1918 âgée d'à peine 18 ans de la grippe espagnole. Paul a reçu cette carte:
"Paul, Cette rose recouvrait le cercueil et la tombe de notre bien Aimée. Garde là toujours je l'ai prise pour toi" et elle est toujours dans la famille, je viens d'en faire la photo. |
A son retour de la guerre, Paul sera instituteur à Engayrac (47 le 18 janvier 1920) à Beaupuy (13 juin 1921) à Lafrançaise (22 décembre 1922) et à Villebourbon à Montauban (jusqu'au 22 octobre 1951) d'où il a pris sa retraite. C'est en 1920 qu'il a obtenu son CAP d'instituteur
Il habitait rue Henri Gautier, à Montauban, une petite toulousaine de 4 pièces et un grand grenier (où il était interdit de monter), au pied de la tour du rond jusqu'à ce que sa maison soit démolie pour y construire un petit immeuble. J'adorais passer mes vacances chez ces grands-parents.
La maison était la même que celle de droite (Mme MARTY à l'époque). Le propriétaire a vendu, mon grand-père n'a pas voulu acheter (opposé à la propriété immobilière) et le petit immeuble de gauche s'est construit. Ils sont partis dans un immeuble, un appartement au 6ème étage, mais avec tout le confort qu'ils n'avaient pas auparavant: toilettes à l'intérieur (et non dans une cabane au fond du jardin), eau chaude (et non marmite d'eau sur la cuisinière à charbon), salle de bain (et non baignoire en zinc dans la cuisine ou l'été dans le jardin avec de l'eau qui avait chauffée toute la journée au soleil) et le chauffage.
et mon grand-père s'est considérablement ennuyé: il n'avait plus son atelier, son bassin pour ses poissons et plus son jardin. |
Je comprends les silences et j'imagine les nuits de cauchemars qui ont suivi.
N'oublions pas que cette guerre a fait 18, 5 millions de morts (9,7 militaires et 8,9 civils).