Le 6 mai 1912, 42 boulevard Garrisson à Montauban, naissait : Jean Denis Georges HERMENT, fils de Clément Joseph Guillaume Edouard HERMENT, négociant et de Jeanne Marie Magdeleine AGARD, tailleuse de robes.
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J'ai pu faire une partie de la généalogie de cette famille à Montauban
J'ai retrouvé sur Internet une "trace" de cette famille de négociant, ainsi que dans un annuaire de 1936.
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Georges HERMENT a deux soeurs dont les conjoints sont intéressants également, j'y consacrerai un petit article.
J'ai "rencontré" plusieurs fois Georges HERMENT pour les articles de ce blog (celui de Jean Malrieu et celui d'Hugues Panassié).
Et alors que je cherchais quelques livres et documents, voilà que "la maison du crieur" à Montauban, lui consacrait une exposition. J'avais entendu parler du musicien, de l'écrivain et du poète, mais j'ignorais le céramiste et le sculpteur, sans oublier le facteur remplaçant de Penne. |
Un petit livre a été édité pour l'occasion, écrit par Daniel Daynes-Herment, son neveu avec la collaboration de François-Henri Soulié son petit neveu. On peut en lire une partie (sans les photos) ici Il y a des lettres de Pierre Réverdy, Noël Arnaud, Hugues Panassié, et Jean Malrieu. Lors de l'exposition un écran diffusait la vidéo d'une ancienne émission de TV qui lui était consacrée. Impossible de la trouver pour le moment. Dommage...
A ce moment là Georges Herment était le facteur de Penne, il parle avec l'accent du sud-ouest et vit dans une modeste maison de Penne.
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source photo https://www.swingfm.asso.fr/html/biographies/pianistes/Rena%20Jimmy.htm |
Avant la guerre, il découvre le jazz. Avec un de ses camarades de lycée, André LARROQUE, il montera, un groupe de Jazz: l'orchestre Jimmy RENA. André Larroque (Jimmy Réna) est le chef d'orchestre et le pianiste, sa compagne Mano, la guitariste, le violoniste est Michel Warlop, la chanteuse Anita Love et le batteur Georges Herment dit Jo. L'orchestre se produit au Grand Hôtel de Font Romeu et dans diverses villes. |
J'ai pu trouver le livre que Georges Herment a écrit après la guerre. Mobilisé en 1939. Il est fait prisonnier le 18 juin 1940, envoyé au camp d'Hammerstein En juin 1941, avec deux camarades (Jean Roset et André Brun), il tente une première évasion qui échoue non loin d'Insbruck. En octobre, nouvelle tentative qui réussit. En novembre, il est à Dijon dans sa belle famille (en 1938 il avait épousé à Dijon Renée Marie Claude Fourt). Et ensuite dans sa ville natale de Montauban.
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Le 18 juin 1940, vers neuf heures du soir,, je me trouvais, avec quatre ou cinq cents de mes camarades, derrière les grilles du jardin de la maison de Jeanne d'Arc, Domrémy. Nous avions été faits prisonniers dans les environs, après un simulacre de combat - le temps d'éparpiller quelques morts sur les collines. Domrémy... Qu'on pèse ce mot et les réflexions qu'il pouvait suggérer en ces circonstances. L'état dans lequel nous étions ne nous permettait pas de nous rendre assez clairement compte de la situation pour nous en affliger outre mesure. La seule épave qui surnageât de ce déluge d'écoeurement était celle-ci : "pouvoir dormir". Qu'importe ce que nos vainqueurs feraient de nous pourvu que ce fût dans le sommeil... Après plus de vingt-cinq jours de résistance au feu et dix jours pour en réchapper coûte que coûte, fumants et hallucinés, une sorte de trombe apathique s'emparaît de nous pour nous coucher, plus inconsistants que nos ombres, sur le pavé de la maison de celle qui sauva la France. Le seul véritable ami que j'avais dans ma Compagnie, Georges Albouys, n'était pas mort, et il m'appelait dans la foule. Nous nous étendîmes au hasard, sous la surveillance casquée d'un Teuton de forte carrure. -On aimerait l'étrangler, murmura simplement Georges Albouys dans un baillement communicatif. -Oui, répondis-je avec conviction. Et nous n'allâmes pas plus avant. |
début du livre Evadé d'Allemangne Georges Herment éditions Grasset 1945
Il me fallut moins d'une matinée pour toucher du doigt ces vérités: la tête du gardien civil m'en offrit, au premier contact, un tableau d'ensemble. Je pus lire sur ce facies atavique borné le résumé succinct des développements savoureux qui allaient suivre. Si le mot "boche" m'est apparu à l'esprit dans tou l'état de sa précision, ce fut bien ce jour-làdevant ce mufle aux yeux de taureau dont on ne savait qui l'emportait, dans l'expression de la crainte de l'autorité ou de la méchanceté dont cette dernière lui donnait le libre exercice sur le bétail placé sous ses ordres. Cette face d'abruti malfaisant ressortissait à la même race que celle de mon premier chef d'équipe du bâtiment, du "Rouquin" de Barth et du "Marchand d'esclaves" de Greinwald. Elle vous jetait dans cette peur métaphysique que donne toujours à l'âme un contact immédiat avec la bêtise doublée de la cruauté. |
après la première évasion Evadé d'Allemagne Georges Herment p 203 éditions Grasset 1945
et de conclure son récit
A quatre heure du matin, comme s'ils ne s'étaient rien passé depuis 2 ans, je me trouvais tout à coup sur le quai de la gare de ma ville natale où m'attendaient comme de juste, une série d'embêtements entièrement inédits. |
J'aurais aimé pouvoir découvrir les autres écrits de Georges Herment avant d'écrire cet article, mais à ce jour je n'en ai pas trouvé d'autres, sauf le fameux "traité de la pipe" qui a été réédité plusieurs fois et en plusieurs langues. J'ai du passer au coupe-papier les pages de l'édition d'"Evadé d'Allemagne", personne n'avait lu cet exemplaire avant moi, mais le livre, même neuf reste fragile. Je verrai plus tard pour les autres, le hasard..., on ne sait jamais. Pour la bibliographie, la plus complète est sur ce site. |
A l'exposition de la Maison du Crieur, j'ai photographié cette page de La Dépêche dont je ne connais pas la date
J'y ai découvert que la deuxième épouse de Georges Herment : Enid Mary Morrisson (& 5 juin 1953 à Penne, noté en marge de son acte de naissance) avait été écuyère |
Voici quelques extraits de ce reportage
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Voilà Georges Herment, musicien de jazz, poète, écrivain, vélo taxi, fermier, installé avec son épouse à Penne. Il s'improvise paléonthologue dans les grottes de Bruniquel, il s'essaie à l'art de la céramique et il découvre le bois, des bois flottés qu'il doit trouver dans l'Aveyron, au pied de Penne. J'ai photographié quelques une de ses réalisations lors de l'exposition (la lumière n'était pas terrible pour les photos)
Le 15 novembre 1969, la vie de Georges Herment s'est arrêtée à Penne. Il avait à peine 57 ans. Il repose avec son épouse dans le petit cimetière de Penne, derrière la tombe de Jean Malrieu
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Je ne suis pas parvenue à lire l'épitaphe sur la pierre
la vue face au cimetière, un triste jour de pluie de ce mois de juin 2019
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J'ai aimé découvrir par hasard cet "artiste hyperactif" qui a vécu mille vies et qui pourtant disait dans un entretien lors d'un reportage qui lui était consacré:
« Le bonheur ? … C’est de l’Autre Côté … ne croyez-vous pas ?… »
Et si ses descendants n'avaient pas " souffler sur les cendres pour ranimer les braises encore chaudes" (Daniel Daynes-Hernent dans Herment vivant mai 2019), je n'aurais pas pu vous faire partager cet article.
Martine