Deux rues de Montauban
La rue Jean Doumerc et le boulevard Blaise Doumerc de Montauban ont pour origine une même famille d'origine Castelsarrasinoise.
Jean Doumerc (Castelsarrasin 1788- Montauban 1871) |
Blaise Doumerc (Montauban 1815-1876) |
Jean Doumerc naît en 1788 à Castelsarrasin d'une longue lignée de charpentiers bien implantée dans cette ville depuis plus de 150 ans, aussi bien par son père Jean Doumerc que par sa mère Germaine Doumerc, ses parents étant cousins au 4° degré et descendants d'un simple brassier Jean Doumerc (~1595-1662) et de Guillalme Durand (~1597-1657).
Son père décède alors qu'il n'a que 5 ans. Sa mère, veuve avec 4 enfants en bas âge, se remarie avec Pierre Marty, boucher originaire de Bourret. Le couple s'établit à Castelsarrasin. Le jeune Jean rompt avec la tradition familiale du travail du bois et devient boucher comme son parâtre.
En 1811, il épouse Antoinette Redoulès fille d'un boucher de St-Nicolas-de-la-Grave. Ils s'établissent à Montauban et auront deux enfants, Blaise en 1815 et Lucie en 1820 (article à venir).
Jean innove et commence à exploiter les sous-produits de la boucherie : peaux, suif... en créant une entreprise qui connaît un certain succès.
Son fils Blaise reprend sa suite et, grâce à un procédé nouveau*, fonde une usine de bougies, savons, peaux... à Montauban, à l'emplacement du carrefour des actuels boulevards Alsace-Lorraine et Blaise Doumerc. L'usine occupait un emplacement d'environ 75 m sur 30 sur le boulevard et employait un nombreux personnel.
Blaise épouse en 1846 Marie Sémézies, fille d'un négociant montalbanais. Elle sera la tante de l'écrivain Marcel Sémézies** (1858-1934).
Marie Sémézies (Paris 1823- Montauban 1893) |
Marcel Sémézies (Montauban 1858 -1935) |
Marcel décrit son oncle Blaise comme « un petit homme barbu, doué d'une grande intelligence organisatrice et d'une inlassable activité. Il fut un des plus terribles travailleurs et un des plus honnêtes commerçants de son époque. Sa parole et sa signature étaient partout acceptées sans garanties. ».
Conseiller municipal dès 1848, il deviendra Juge puis Président du Tribunal de commerce de Montauban. Il sera aussi administrateur de l’Hospice, de la Banque de France, du Lycée et Directeur de la Caisse d'Épargne.
Blaise aura deux fils, Paul en 1847 et Jean en 1850. Ils feront des études d'ingénieur, Centrale pour l'aîné, Mines pour le second.
À la mort de leur père en 1876, les deux frères reprendront l'usine mais pour peu de temps, la lampe à pétrole portant un coup fatal à l'industrie des chandelles. Un grand incendie acheva la ruine de l’entreprise.
* Sans doute la bougie stéarique mise au point par le chimiste français Michel-Eugène Chevreul vers 1825. ** Lire Marcel Sémézies, Souvenirs de ma vie et de mon temps publié par l’Académie de Montauban en 2004. |
Ils s'associeront plus tard avec la société Molinier à Buzet-sur-Tarn, connue pour sa célèbre faucheuse Éclair, pour commercialiser un nouveau procédé de cerclage de roue primé lors de l'exposition universelle de 1889. Aventure sans doute brève car elle n'a laissé aucun souvenir dans la famille à part quelques feuilles de papier à en-tête qui ont servi de support à de la correspondance familiale.
Paul et Jean feront partie de la Société des Sciences, Belles-lettres et Arts du Tarn et Garonne (ou Académie de Montauban) et écriront de nombreux articles dans le bulletin de la société. Comme son père, Jean sera Président du Tribunal de Commerce de Montauban.
Ce dernier Jean était mon arrière-grand-père, Blaise mon trisaïeul et Jean l'ancien mon quadrisaïeul.
Sophie