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Jean MALRIEU

Voici bien une bonne dizaine de fois que j'essaie d'écrire cet article. Nombreux sont ceux qui ont écrit sur lui. En peu de mots, je voudrais donner envie, à ceux qui ne le connaissent pas, de découvrir Jean Malrieu que j'ai d'ailleurs redécouvert pour écrire cet article. Et chaque fois je suis impressionnée par la "quantité" et la "qualité" de "personnages"  qui ont choisi de vivre ou qui sont originaires de notre région. C'est très certainement la même chose dans d'autres régions, mais ce blog est dédié au Tarn et Garonne... pour ceux qui y vivent et pour ceux qui y font des recherches généalogiques (il se trouve que je fais partie des deux).

 

Dans la famille MALRIEU, vous avez fait connaissance avec le père, Jean Victor, la fille Marguerite et il me restait à vous parler du fils Jean.

Robert Emmanuel Jean MALRIEU nait à Montauban (11 boulebard Montauriol) le 29 août 1915, 17 ans après sa soeur Marguerite. Il a une enfance heureuse, études au Lycée Ingres à Montauban, "dont il n'aimait que la sortie"  ( lettres à Jean-Noël Agostini) et en 1939...

"MA JEUNESSE EST MORTE A LA GUERRE" (Poids Brut carnets de la guerre 39-40 Jean Malrieu)

Juste avant la guerre, il  fait son service militaire, se marie à Montauban le 7 février 1938 avec Jeanne Marie Thérèse BROUSSE dont il est tombé amoureux quelques années plus tôt.  

    

Et je vous laisse lire la quatrième de couverture de ce livre:

Le 6 juillet 1940, son père conclut sa lettre: 

 

 

Je t'embrasse

Papa

Maman va assez bien.

Maurice et Margot sont près de nous

Viens vite nous embrasser et te reposer...

 

 

Puis c'est la débâcle et le retour dans ses foyers. 

 Durant la période de la guerre Jean Malrieu a perdu ses parents et sa soeur.

En mars 1943, nait Pierre MALRIEU fils de Jean et Lilette (surnom de l'épouse de Jean Malrieu,Jeanne Marie Thérèse Brousse). 

      C'est lors d'une promenade sur les petites routes autour de Penne, plus exactement sur la route qui va de Penne à Cazals que j'ai découvert ce petit cimetière à l'abri d'une petite église. 

 

  

Il faut traverser l'Aveyron, et c'est au pied de l'église de Saint Vergondin.

C'est vraiment un hasard qui m'a menée à cet endroit, parce que ma destination était Cazals. (voir article précédent)

 

 

Deux poètes et un soleil... et derrière l'arbre, vous verrez dans un prochain article...

Jean Malrieu, je le connaissais depuis longtemps, et j'ai retrouvé dans ma bibliothèque ce livre que j'avais acheté il y a une quarantaine d'années...

Non, Jean Malrieu n'est pas classé dans les "poètes maudits". S'il figure dans ce livre c'est parce qu'il en a écrit un chapitre: celui sur Gérald Neveu

  

Il lui a aussi dédié ce livre, qui doit être plus complet, mais je ne l'ai pas.

Gérald Neveu est marseillais. Comment Jean Malrieu pouvait si bien le connaître?

  

En 1948, Jean Malrieu habite à Marseille et il y vivra jusqu'en 1975. C'est là qu'il fait la connaissance de Gérald Neveu. Il fondera avec lui une revue "Action Poétique". Il participe à d'autres revues comme les "Cahiers du Sud" et en fondera une autre en 1970 "Sud". Ils ont le même engagement politique: ils sont "discrètement" communistes (guerre d'Espagne, Front Populaire et distance dans les années 50, comme beaucoup)

Mais Jean Malrieu n'a pas attendu 1948 pour écrire. Avec quelques amis, il découvre la poésie puis le jazz : ses premiers poèmes paraîtront dès 1935, grâce à Hugues Panassié, dans la revue Jazz Hot, hommages à Louis Armstrong et à Duke Ellington (source Universalis). Hugues Panassié, il y a déjà un article dans le blog et bientôt suivront d'autres articles sur ses amis tarn et garonnais, poètes et amateurs de Jazz.

Jean Malrieu ne vivait pas de sa poésie. Il était à Marseille parce qu'il y était instituteur, jusqu'à sa retraite en 1975.

Lorsqu'il écrit à son ami Jean-Noël Agostini en 1956, (voir bibliographie en fin d'article), il dit:

 

Depuis 2 ans de mon côté, je roule avec 40 élèves qui me ravagent la cervelle et, dévoré pour dévoré, cette année j'ai pris des élèves particuliers, si bien que tous les soirs je rentre à 8 heures...

...Toute cette agitation, ce cercle rigide de travail dont je suis entouré. C'est un travail auquel je crois car je travaille sur une matière vivante. Les enfants (Dieu sait s'ils sont énervants) sont d'un autre côté épatants. On a la joie à la fois de les voir s'épanouir (!) leur intelligence et leur coeur (...)

extraits de Lettres à Jean Noël Agostino éditions l'Arrière Pays 1999

 

 Et à chaque vacances scolaires, il ne manque pas de revenir dans son "pays": Montauban, puis Penne.

Que ce soit dans ses lettres à P. Dhainaut (publiées elles aussi aux éditions de l'Arrière Pays 2012), que dans celles à Jean-Pierre Agostini, on sent cet amour pour sa terre natale. Curieusement, il aime la chaleur étouffante qu'il peut y avoir à Montauban en plein été. 

La vie à Marseille (dans un appartement) l'épuise et il ne trouve de vrais repos que lorsqu'il est à Penne. La terre... il a besoin de la terre, des bruits de la nature, des silences, des odeurs, des senteurs, de l'air... et de la chaleur.

En 1975, l'heure de la retraite sonne et il s'installe définitivement à Penne. Pour compléter sa retraite d'instituteur il obtient un emploi de guide du château de Bruniquel. Mais affaibli par un infartus (juste avant sa retraite) et malade, il s'éteint le 25 avril 1976 à 61 ans.

C'est jeune...

et il a du manquer à son fils qui espérait poursuivre  de nouveaux travaux avec lui, à son épouse, à tout ses amis qui étaient certainement heureux de le voir revenir près d'eux.

décédé à Penne, à l'hôpital de Montauban?

d'une septicémie, d'une piqure d'insecte?

 

Dans son acte de naissance en 1915 à Montauban, en marge il est noté "décédé à Bruniquel".

 

AD 82

Jean Malrieu n'a pas été un "poète sombre et malheureux": il écrit sur l'amour, sur la beauté des choses, sur la mort. Il reprenait aussi le flambeau de son père, intéressé lui aussi par l'histoire locale... 

Je ne saurai pas en dire tout ce que j'ai pu lire ici et là. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il aurait pu être peintre... mais il a peint avec des mots, en prose ou en vers.

 

Nous sommes de la race des veilleurs. Rien ne nous est jamais acquis. Notre vie, c'est de la jouer sans cesse, de la rejouer à qui perd gagne. Tu ignores sans doute que je suis un anxieux, et mon docteur pourrait te le dire; si, avec l'âge j'ai réussi à tenir en laisse mes lions intérieurs, il s'en faut de peu souvent, si je me laissais aller à la panique, pour abandonner. Il arrive que le masque de sérénité s'écaille. Alors, plus que quiconque, j'ai besoin d'être rassuré, réconforté. Me voici sur une ligne de crête, dans un équilibre instable et je commence à avoir peur du temps, qu'est-ce qui se profile? J'ai écrit: "Quelque part s'organise un complot, les visages sont encore heureux..."

 Lettres à Pierre Dhainaut 18 février 1974

 

Jean Malrieu a connu André Breton à qui il rendait visite à Saint Cirq Lapopie,  Elsa Triolet, Louis Aragon, Jean Cocteau ( si vous cherchez un peu vous verrez une photo de Jean Malrieu avec Jean Cocteau)...

Et d'autres amis dans le Tarn et Garonne que nous découvrirons dans d'autres articles...

 

 

à Marseille, il existe un collège Jean Malrieu en plein centre ville,  et à Montauban, c'est l'école du quartier Saint Michel qui est baptisée Jean Malrieu.

 

Liens:

https://www.espritsnomades.net/litterature/jean-malrieu-une-vie-noyee-dans-la-lumiere/

https://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-malrieu/

http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Jean_MALRIEU-323-1-1-0-1.html

https://www.ladepeche.fr/article/2000/03/24/98098-jean-malrieu-l-ami-qu-on-n-oublie-pas.html

 concernant aussi son fils Pierre

https://data.bnf.fr/fr/12700825/pierre_malrieu/

https://www.ladepeche.fr/article/2013/10/07/1725426-les-7-eglises-de-penne-de-pierre-malrieu.html

 

Bibliographie

qui n'est pas exhaustive, mais ce sont les seuls livres que j'ai dans ma bibliothèque.

 

c'est mon préféré

 

 

avec un chapitre écrit par Michel Ferrer

    édition établie et présentée par Pierre Dhainaut 2004

 

Prochainement, je dois revenir à Penne et je complèterai peut-être cet article.

 

Martine

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