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Jean Pierre Alibert (1)

La mine de graphite de Sibérie JP Alibert 1865

 

  

Le graphite est un minéral très répandu sur la surface du globe. Il est hélas souvent rarement pur, et dans son état naturel est impossible à utliser pour faire des crayons de qualité. Le graphite pur se trouve à de telles profondeurs qu'il serait trop coûteux à exploiter.  Sauf en Angleterre où il existait une mine utilisée durant trois siècles pour fabriquer des crayons de qualité, notamment par Brookman. Mais cette mine se tarie.

 

On cherchait désespérement une autre source de matière première. C'est alors qu'arrive le "négociant Alibert apporta un graphite d'excellente qualité.

  

Qui est donc ce "négociant Alibert"?

le 23 mars 1820

David Alibert, âgé de 36 ans, tondeur de draps, demeurant faubourg Villebourbon à Montauban déclare que la veille vers cinq heures du matin est né dans son dominicile un garçon de  Marguerite Causse son épouse auquel il a donné le prénom de Jean Pierre

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Jean Pierre Alibert est le 6ème  d'une famille de 8 enfants: Jean (1/09/1809), Gabriel Denis (10/10/1811), Jean Pierre Lucien (13/12/1813), Louis (24/8/1815), Jeanne (20/11/1817), Justine (1/03/1826) et Suzanne (5/02/1828).

 Pour la suite, je n'ai pas les moyens de vérifier la suite de l'histoire de Jean Pierre ALIBERT. Je ne peux pas savoir s'il s'agit de Jean Pierre Lucien ALIBERT (1813) ou de Jean Pierre ALIBERT (1820). Il me faudrait trouver l'acte de décès (pas trouvé à Montauban, ni à Paris). Selon les versions il serait décédé le 18 février 1905 dans un de ces deux lieux.

On pourrait presque parler des trois vies de Jean Pierre Alibert.

  

 

Avec Wikipedia, j'apprends qu'il aurait quitté le foyer familial à l'âge de 14 ans, soit en 1834 (son père n'est décédé qu'en 1857). Il serait parti travailler dans une pelleterie à Londres.

A 17 ans, celle-ci l'aurait envoyé en Russie pour chasser le renard et l'hermine. Je pense plutôt pour s'occuper du commerce de ces peaux avec son employeur de Londres.

Cinq ans plus tard, il se met à son compte et son entreprise de commerce de peaux prospère rapidement.

 

 

Ayant eu à voyager en Sibérie pour son commerce, il se lance dans la prospection de minéraux. C'est ainsi qu'en 1847, il découvre une mine de graphite, un graphite d'excellente qualité.

 

Je vous laisse imaginer le voyage avec cette carte:

  

 

  

 

Vue des constructions autour de la mine de graphite. Album : Souvenirs de Sibérie, 1840-1862 – Jean-Pierre Alibert, Gouache signée Carl. Wolff © Musée des arts et métiers-Cnam, Paris / photo M. Favareille

 

 Pour ceux qui veulent en découvrir davantage sur cette mine de Sibérie, je vous invite à regarder le site de Bernard Grua qui a fait ce voyage:

https://bernardgrua.net/2018/07/19/la-mine-perdue-de-batagol-et-le-pays-secret-des-soyots/

Il écrit dans son article: 

En Sibérie, près de la frontière mongole, sur le plateau de l’Oka (Okinksy Rayon), au cœur de la solitude des monts Saïans orientaux, le temps ne s’est pas arrêté. Mais, au cours de nos pérégrinations, dans le pays secret des Soyots je n’ai pas croisé un seul habitant, connaissant ma nationalité, sans qu’il ne mentionne la mine de Batagol fondée par le Français, Jean-Pierre Alibert, en 1847. On n’oubliait pas non plus de me rappeler qu’un des descendants de ce découvreur a cherché la mine, sans succès.

Je m'interroge sur le descendant qui est parti sur les traces de Jean Pierre Alibert (j'ai peut-être une idée...)

 

  

C'est ce livre de 1865, qui donne le plus de détail sur le travail du "mineur" en Sibérie. Il a été publié avant son décès, alors on peut supposer que ce qui est écrit est exact.

C'est une compilation de présentations, d'articles, de lettres, de rapports traduits du russe (dont la traduction est certifiée)...

Dans sa présentation à la société impériale des naturalistes de Moscou, en 1856 (p 25), on voit qu'il a des compétences de géologue.

Voici quelques extraits de ce livre que vous pourrez consulter sur Internet en cliquant sur la couverture.

En voici quelques extraits:

 

 

 

 

Lettre de l’Académie Impériale des Beaux Arts de Saint-Pétersbourg du 5 février 1856

Monsieur,

La découverte du graphite faite par vous dans la Sibérie orientale est une acquisition vraiment précieuse pour les sciences et les arts.

Personnellement convaincu des excellentes qualités de votre graphite, qui me rappelle celles du graphite de Cumberland, renommé autrefois avec les crayons Broockman, je vous prie de m’en faire remettre quelques échantillons pour les présenter au Conseil de l’Académie impériale des Beaux-Arts.

Recevez, Monsieur, les assurances de ma parfaite considération et de mon dévouement.

Signé : Comte Théodore TOLSTOI

 

 

Rapport à son Excellence Monsieur le Président du Conseil de l’administration centrale de la Sibérie orientale

LIEUTENANT GENERAL WENTZEL

par MLWOFF de la section des Mines

Confromément au § 6 des instructions de Votre Excellence, du 25 avril, sous le N° 2165, je partis d’Irkoutsk le 5 juin, et le 16 du même mois, j’arrivai à la mine de graphite de M. Alibert à l’heure du souper des ouvriers, dont j’ai trouvé le nourriture très satisfaisante sous tous les rapports.

Les travaux à ladite mine consistent :

1° En un puits, lequel, joint aux fouilles latérales, s’étend à une profondeur de 13 ½ sagènes dans la direction verticale ;

2° En fouilles pratiquées à la surface du sol, dans la direction NNO et SSE du puits, et sur l’espace de 483 sagènes de longueur et 50 sagènes de largeur, dans lesquelles on trouve déjà, à la profondeur de 6 pieds, non seulement des indices de graphites, mais même de beaux morceaux de ce minéral.

Cette circonstance a fait  actuellement suspendre  les travaux dans le puits, pour continuer  les recherches à la surface  du terrain.

Le 19 juin, on fit  en ma présence une nouvelle fouille à l’est des fouilles principales, à la distance  d’environ 40 sagènes de ces dernières, et l’on trouva aussitôt un morceau d’excellent graphite, que j’ai eu l’honneur de déposer. parmi divers autres échantillons, à la section des mines du Conseil de l’Administration centrale de la Sibérie orientale […]

La construction du puits répond, non-seulement à toutes  les conditions exigées par la science métallurgique, mais elle peut à juste titre être appelée artistique. Un toit de verre, un escalier large à  pente douce, un revêtement régulier des parois du puits,les machines à extraire le minéral, les travaux d’aérage, tout enfin prouve que rien n’a été négligé pour que cette mine puisse servir de modèle.[…]

Quant à la sécurité des travaux, on peut dire que la dureté de la roche et la solidité des échafaudages mettent suffisamment à l’abri des éboulements. Mais ce qui à cet égard, offre une garantie de plus, c’est la sage prévoyance de M Alibert et de son intendant […]

 

 Et cet extrait que l'on pourrait donner aujourd'hui comme sujet de dissertation ...

Ferme de la mine et dépendances construites sur les terrains déboisés de la vallée de Batagol – Album: Souvenirs de Sibérie, 1840-1862 – Jean-Pierre Alibert – Gouache signée Carl. Wolff  © Musée des arts et métiers-Cnam, Paris / photo M. Favareille

Extrait de la gazette d’Irkoutsk

  du 13 août 1859

Mine de graphite de M Alibert

Il faut avoir voyagé dans les steppes de la Sibérie, il faut avoir passé par ces sentiers à peine praticables, tantôt sur des plaines marécageuses, tantôt sur des rochers couverts de neiges perpétuelles ; il faut avoir traversé les torrents des montagnes, s’être séché auprès d’un feu  en plein vent ou dans une tente nomade, avoir couché à la belle étoile, exposé aux morsures de toute espèce  d’insectes, pour comprendre le sentiment que l’on éprouve dans ces contrées à la vue d’une cabane quelconque.

Mais si, au lieu d’une cabane, on rencontre dans ces déserts une maison construite à l’européenne, avec toutes les commodités possibles ; si l’on voit partout autour de soi des traces d’un travail productif et de l’intelligente activité de l’homme, alors un sentiment agréable, éveillé par le confort, nous dispose à mieux apprécier les bienfaits de la civilisation, et nous pénètre d’une profondes estime pour ceux qui l’introduisent et la répandent dans un pays sauvage.

Il viendra un temps où les vainqueurs pacifiques de la nature seront plus vénérés que les représentants de la force brutale ; si prônés et couronnés par nos ancêtres.

Alors des armées d’industriels entreprendront avec courage de lutter avec la nature, et exécuteront des travaux gigantesques, qui serviront à jamais de témoignages à la force intellectuelle de l’homme. Ces travaux rendront l’existence plus facile en répendant partout le bien-être, et remplaceront enfin des armées souvent héroïques, mais semant toujours sur leur passage la mort et la dévastation, et anéantissant en un seul jour les fruits des travaux de plusieurs siècles, et les forces productives de leur patrie et du pays de l’ennemi. […]

 

En 1856, il signe un contrat d'exclusivité avec la maison allemande Faber, installée près de Nuremberg.

En 1859, il découvre un important gisement de néphrite, variété de jade, dans la vallée de l'Onot ; il l'exporte vers la Chine

Et il faudra un deuxième article pour évoquer la troisième vie de Jean Pierre ALIBERT.

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