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Jean Pierre Alibert (2)

La troisième vie de Jean Pierre Alibert

  

En 1862 (dixit Wikipedia), Jean Pierre Alibert est de retour en France.

Pour la petite histoire, il aurait été plaisant de savoir qu'il avait comme point d'attache Montauban...

Ses parents sont décédés. Mais il a des frères et soeurs qui peuvent encore y vivre.

On  retrouve Jean Pierre Alibert à Châteauneuf les Bains (Puy de Dôme) où il se rend régulièrement pour soigner ses rhumatismes.

 Et c'est un autre petit livret trouvé aux Archives Départementales du Tarn et Garonne qui va me permettre de découvrir une autre partie de sa vie.

C'est un petit livret relié, doré sur tranche, imprimé à Paris Imprimerie Polyglotte Hugonis en 1905.

Le 15 août 1900 Jean Pierre Alibert est choisi comme Président du comité des baigneurs de Châteauneuf,  pour la fête d'une  célébration dans la station thermale.

L’Ingénieur J-P. Alibert, inventeur du Graphite et de la Néphrite de Sibérie, qui, depuis 1871, n’a pas laissé passer une année sans venir faire sa station thermale à Châteauneuf-les-Bains.

 
 

Dès mon premier séjour à notre chère station thermale, je me suis plu à monter sur le pic qui surplombe la Sioule. Cette ascension était tous les soirs le but de mes promenades. Pour arriver au pic, il fallait, à plusieurs endroits, escalader à plat ventre. Mais parvenu au sommet, j’était récompensé de mes efforts : là, seul, en face du ciel, ma montre en main, j’attendais la venue des étoiles émergeant de derrière la crête des rochers qui couronnent les mines argentifères exploitées jadis par les Romains.

Mais, après avoir monté sur le pic, il fallait en descendre, et le danger de glisser sur l’herbe desséchée m’obligea, d’abord, de faire des trous pour me retenir à la descente. Plus tard, j’eus l’idée de créer de petits lacets. Un jour enfin, pour accomplir un vœu, fait sur le mont Batousol, je fis ériger sur le haut du pic une statue à la Sainte-Vierge.

JP Alibert

 

A 82 ans, Jean Pierre Alibert a encore des projets de travaux pour Châteauneuf

En 1903, il expose ses nouveaux plans dans une brochure. Monsieur Gomot, ancien conseiller à la cour de Riom, ancien député, Sénateur du Puy-de-Dôme lui adresse la lettre suivante

Paris, le 6 janvier 1904

Cher Monsieur

J’ai lu avec un vif intérêt votre brochure et je vous remercie de me l’avoir vous-même apportée puisque cette visite m’a permis de vous mieux connaître et d’apprécier l’élévation de vos sentiments.

Par vos dons et vos travaux vous avez fait beaucoup pour votre pays ; l’Auvergne gardera votre mémoire et  vous payera ainsi son tribut de reconnaissance.

Veuillez agréer l’expression de mes sentiments de sympathie.  

Gomot

 

 

construction d'un escalier 

 

 Et voici la "station cure d'air" avec la passerelle qui mène au pic Alibert.

 Le 25 octobre 1904, le maire de Châteauneuf-les-Bains écrit dans le Moniteur du Puy-de-Dôme

Un généreux donateur

Lorsqu’on étudie la carte de l’Asie septentrionale, ce qui arrive souvent en raison de la guerre russo-japonaise, on est tout surpris, au milieu de ces noms russes ou chinois si difficile à prononcer, plus difficile encore à retenir, de trouver le nom de Mines Alibert. Ce mot a pour le lecteur français un air de famille ; c’est en effet, le nom d’un Français, d’un Quercynois, M. J.-P. Alibert, ingénieur universellement connu.

C’est vers 1847, après huit années de courageux et persévérants efforts, que M. Alibert parvint à découvrir, en plein monts Sayans, les mines de graphite auxquelles Elisée Reclus et tous les géographes ont, avec raison, donné son nom.

Mais ce n’est pas impunément qu’un Français du Midi séjourne pendant longtemps les montagnes sibériennes ; M. Alibert en revint en 1870 perclus de rhumatismes. Guéri par les eaux de Châteauneuf-les-Bains, il a fait dès lors de cette modeste station balnéaire sa patrie de prédilection. Depuis quinze ans il y a fait exécuter tout un ensemble de travaux : il a fait édifier dans le plus beau site de Châteauneuf des constructions grandioses, produit d’une conception originale et puissante ; lorsque les travaux seront terminés, lorsque le Musée Alibert sera organisé, l’ensemble constituera une attraction de premier ordre que baigneurs et touristes viendront voir de loin. Ce sera le clou de Châteauneuf, le point sur lequel les Joanne et les Baedeker futurs appelleront l’attention des curieux.

Il semblerait que cela fut beaucoup pour un particulier que d’embellir, à ses frais, un coin de l’Auvergne, en dehors de toute préoccupation d’intérêt ou de spéculation ! M. Alibert a fait plus encore, il vient de donner sa propriété et toutes ses constructions à la Commune de Châteauneuf.

La population, qui avait déjà pour M. Alibert le plus profond respect, a été vivement touchée par cet acte de générosité ; aussi je crois devoir, en son nom, adresser publiquement l’expression de sa sincère gratitude au généreux  donateur.

H. Pallier maire de Châteauneuf-les-Bains

Le Préfet propose dans un courrier à Jean Pierre Alibert de rajouter la close suivante au don fait à la commune: 

"La propriété donnée devra être maintenue, pendant 99 ans, en bon état, dans l’état où elle se trouvera au décès de M. Alibert » Le Préfet Paul Joly

Jean Pierre Alibert fait aussi don à la commune de Châteauneuf de divers objets, échantillons et aquarelles de son séjour en Russie, ainsi que de ses "mémoires" composées de:

Une serviette contenant ses diplômes en France, en Russie et dans divers pays.

Une serviette avec les documents officiels relatifs à sa vie de négociant et d’explorateur en Russie et Sibérie de 1841 à 1862

Une serviette avec les documents officiels relatifs à ses travaux en France de 1863 à 1905

Une serviette aves ses publications diverses sur ses travaux en Sibérie et en Auvergne

Le 5 octobre 1904, le Maire et ses conseillers municipaux firent une visite officielle au généreux donnateur et lui firent ce discours.

 

A Monsieur J.-P. Alibert, la commune reconnaissante

Cher Monsieur,

La Municipalité et le Conseil de Châteauneuf-les-Bains ont l’honneur de venir vous remercier de tout ce que vous avez fait jusqu’ici pour leur commune.

Depuis trente ans, en effet, Châteauneuf a été votre pays d’élection et vous avez dépensé pour embellir le point pittoresque que vous avez choisi avec la sûreté de goût d’un artiste, des sommes relativement considérables.

Grâce à vos soins le Pic-Alibert, avec la Vierge de l’Espérance qui le domine est devenu un lieu de pèlerinage et les jeunes générations trouveront en face même du Pic-Alibert un lieu de réjouissances ; une salle de musique et de danse, vaste, confortable, splendide.

Les malades trouveront sur ce sommet dominant des vallées opposées et des brises différentes, un air sain curatif qui rapportera à leur sang et leurs organes fatigués, des éléments de reconstitution, de rénovation et ceux qui auront ainsi obtenu un allègement à leurs souffrances, deviendront à leur tour des propagandistes convaincus des vertus curatives des eaux et surtout de l’air de Châteaunuf.

Ce n’est pas tout, vos travaux grandioses si bien conçus inspirent un respect admiratif. Ces lignes harmonieuses, ces balustrades ajourées, donnent l’impression que l’architecte-inventeur qui a su faire surgir toute cette beauté d’un rocher aride et nu est un artiste épris d’idéal comprenant la beauté ; tandis que la masse imposante de la maçonnerie, le fini de la construction, l’aspect et la solidité inébranlable de ces murs et de ces balustrades, de ces escaliers et de ces rampes sembleraient faire croire que le tout a été construit par un ingénieur-architecte des temps anciens. C’est du travail de Romains.

L’ensemble de l’œuvre par son aspect d’élégance, d’originalité, de force, frappe vivement l’imagination et lorsque vos travaux seront terminés, ils seront, je dirais le clou de Châteauneuf si l’expression était moins vulgaire. C’est le coin qu’il faudra avoir vu, celui que les cartes postales populariseront, celui que représenteront les revues et journaux illustrés, celui dont parleront baigneurs et touristes faisant ainsi une renommée universelle à l’œuvre de son auteur J.-P. Alibert.

Vous pouvez être assuré que la Municipalité de Châteauneuf que vous faites héritière fera son possible pour entrer dans vos vues, pour propager la renommée de cette œuvre de goût et aussi pour faire reconnaître le nom de son auteur.

Au-dessus de la terrasse où la jeunesse se livrera à ses ébats joyeux nous élèverons le buste de M. Alibert et du haut de son socle avec son sourire bienveillant et doux, il semblera dire à tous : Vivez, soyez sobres, travaillez comme je l’ai fait moi-même ; ayez un idéal, là est le secret du bonheur.

 

 

  J'avais impérativement besoin d'un acte officiel pour m'assurer que Jean Pierre Alibert, né en 1820 à Montauban était vraiment le Jean Pierre Alibert, géologue, inventeur, marchand, aventurier, curiste, bâtisseur et c'est Sophie, plus à l'aise que moi pour faire des recherches dans l'Etat Civil de Paris qui a trouvé son acte de décès.

 

10e arrondissement vue 25/31

C'est donc bien le 18 février 1905 que Jean Pierre Alibert né à Montauban le 23 mars 1820 dans une famille de tondeurs de draps de Villebourbon est décédé.

Il va y avoir une suite à l'histoire de Jean Pierre Alibert...

 

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A
What a wonderful article.  I am researching the Alibert family as part of my Family Tree. Jean Pierre Alibert is my 3 x great uncle. I have heard and read much about his life but to see the pictures of his work is just amazing.  I hope that one day I will be able to visit Chateauneuf-les-Bain myself. 
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