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l'occitan à l'école

  

 

L'occitan à l'école, commence pour moi en 1981 à l'Ecole Normale...

On le voyait et surtout, on l'entendait. Il parlait, parlait, animait les repas de midi à la cantine, et il ne parlait qu'en occitan.

Il s'agit de Monsieur Jacques Serbat, conseiller pédagogique d'occitan.

Le premier conseiller pédagogique d'occitan de France d'après ce que j'ai lu sur lui.

Il faut reconnaître qu'à ce moment là, nous le trouvions un peu ridicule et que nous avions tendance à  nous moquer de lui. Mon jugement a bien changé par la suite.

Mon premier  poste de titulaire à la rentrée 1984, fut Bouloc, à côté de Lauzerte. C'était signalé comme classe unique et c'était mon 4e voeu. Petite déception: il y avait un regroupement pédagogique avec Belvèze, et à Bouloc il n'y avait que la maternelle et le CP. Je me sentais mieux armée pour des élèves plus âgés et il y avait un suppléant qui avait assuré l'année précédente et qui ne demandait qu'à rester sur le poste. Mais l'administration n'a pas voulu revenir sur cette nomination (règles du mouvement)   

Je suis restée 4 ans sur ce poste avant d'aller explorer d'autres horizons. Il me reste quelques photos et surtout des souvenirs: ma 4L, les premiers mois d'école de mon fils (le pauvre! je ne l'ai gardé que quelques mois, je l'ai inscrit rapidement dans une autre école). Ca ne faisait que deux ans que cette école accueillait des enfants de maternelle (des toilettes à la turque à l'extérieur, délicatement parfumées au grésil, une salle de classe avec un bon poêle Godin avec une grille autour qui rendait la classe encore plus petite...). Je pourrais en parler des heures...

  Et voilà que là aussi, Serbat (nous l'appelions ainsi pas Titus comme ses amis) venaient nous rendre régulièrement visite. C'était souvent des visites impromptues. Je l'ai même vu un jour de brouillard, quand il est arrivé dans la classe il a dit en occitan (mais j'ai compris)"Ah c'est toi! Je croyais que j'étais à Touffailles" et de me raconter une panne de voiture et une brûlure en remettant du liquide de refroidissement... 

 Et alors là, se produisait quelque chose de magique... petit à petit quelques élèves abandonnaient leurs activités et venaient s’agglutiner autour de lui, en l'écoutant très sérieusement. Quand il s'en apercevait, il leur tapotait la tête "et comment tu t'appelles toi?" (en occitan), l'enfant répondait. Il demandait où il habitait, s'il avait des frère et soeur  (toujours en occitan), et les réponses en français étaient renvoyées en occitan. Ca  devenait un jeu et chaque enfant voulait s'essayer à cet exercice. On allait s'asseoir et on demandait aux enfants pourquoi "il" parlait "comme ça"... Certains disaient: "il parle anglais' (il commençait à y avoir quelques  anglais dans le secteur)  et quelques autres "c'est du patois comme papi"...

Nous avons aussi organisé des soirées occitanes (contes ou bal occitan avec châtaignes grillées et vin nouveau). Monsieur Fauré, professeur de français et d'occitan au collège de Lauzerte aidait au montage de ces festivités. Et puis surtout LE CARNAVAL...

  

une ou plusieurs écoles étaient désignées pour fabriquer le "bonhomme Carnaval". On apprenait quelques danses simples (gigue, brise pied...)

On expliquait la tradition du Carnaval.

 Monsieur Carnaval personnifie les malheurs de la société et de chacun. Le jour de Carnaval il est exposé dans les rues du village jusqu'à la place où il est posé sur un bûcher et jugé.

Chaque enfant venait lire son accusation, un collègue (Maurice Tauran instituteur à Montagudet) déguisé en juge répétait l'accusation en occitan.

Puis le bonhomme était brûlé.  

On alternait alors deux chants:

Adieu paure Carnavaune chanson triste

Carnaval es arribat et une joyeuse farandole

 Alternance de moments de joie où tous les soucis s'envolent et de tristesse parce qu'on brûle le Bonhomme qu'on a mis du temps à construire.

Carnaval 2014 Lauzerte

 

Je ne retrouve pas d'image ancienne, les appareils photos numériques n'existaient pas encore...

Jacques Serbat n'est plus, je viens de le découvrir en cherchant des documents sur lui.

https://www.ladepeche.fr/article/2017/06/24/2600342-jacques-serbat-nous-a-quittes.html

et un bel article d'un ancien collègue  

http://viedelabrochure.canalblog.com/archives/2016/07/03/34043304.html

Nous avons eu ensuite deux conseillers pédagogiques d'occitan: Alain Raynal (maintenant remplacé par Stéphanie Vaissière en 2015) et Jean Claude Fourtanet. Des sites bilingues (parité horaire français-occitan) se sont mis en place avec des collègues maîtrisant la langue occitane, d'abord à l'école Saint Benoit de Moissac, puis à Montauban (Issanchou).

Il y a actuellement 7 écoles maternelles, 2 écoles primaires et  5 écoles élémentaires ( Dunes, Moissac, Montauban, Négrepelisse, Verdun /Garonne, Saint Etienne de Tulmont et Valence d'Agen.

 

En parallèle d'autres écoles bénéficient d'intervenants de l'ALCOC ( Association pour la Langue et Culture Occitanne). Le financement des intervenants est pris en charge pour moitié par le Conseil départemental et l'autre moitié par les communes ou communautés de communes. En maternelle, ça représentait 20h par an, soit 40 séances de 30 mn. Un peu plus à l'école élémentaire.

Pour ma part, j'ai connu Jannic Barbe et surtout Franck Ferréro (ça ne sonne pas vraiment occitan) avec qui j'ai travaillé plus de 10 ans en maternelle. 

Je vous laisse découvrir quelques vidéos de ses interventions, en espérant qu'il ne m'en voudra pas de les diffuser ainsi.

 

 

avec des petits de 2 ans

improvisation

et toujours un final instrumental: violon, hautbois ou clarinette

 

 

 

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