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Les guerres de religion autour des actes notariés

Fabienne fait des photos des registres de Beaumont de Lomagne et Sophie relèvent les Contrats de mariage et les Testaments. Dans les registres de notaire, on peut également trouver des éléments d'histoire.

 

Nous sommes le 14 octobre 1587 à Gariès, le roi Henri III combat les huguenots. C’est la 8ème guerre de religion depuis 1562 début de la 1ère. Les 3 consuls et une délégation des habitants de Gariès font venir de Beaumont-de-Lomagne, à une dizaine de km au nord, le notaire Me Pierre Dacoquat devant leur église (d’après certaines sources sur Internet cette église a été détruite par les protestants cette année-là).

  
 

Les protestants (ennemis du roi) ont commis les pires exactions dans le village pendant 3 mois. Les habitants ont fui leurs maisons en abandonnant tout, certains sont partis mendier leur pain par le pays, d’autres se sont mis sous la protection du seigneur du lieu, Mathelin de Luppé. Celui-ci n'a pas ménagé ses moyens pour entretenir les réfugiés et, grâce à lui, les ennemis ont fui et les habitants ont pu regagner leurs maisons mais elles sont dévastées. Les (mé)faits ayant eu lieu de mi-juin à mi-septembre, les récoltes sont perdues. Ils n'ont plus rien pour payer leurs charges et se syndiquent pour déléguer quelqu'un qui a ses habitudes à la cour pour porter leur requête au roi pour une remise du paiement de leurs arriérés de charges pendant 12 ou 15 ans. Les membres du syndicat s’engagent jusqu'à hypothéquer leurs biens pour défrayer leur délégué de ses dépens et déchargent les consuls des suites de l'affaire.

Sophie

 

 

et la transcription de Béatrice

Me Pierre DACOQUAT 5E 16615 f°425 (AD82)

 

 

Scindicat pour les manans et
habitans du lieu de Garies


L'an mil cinq cens quatre vingtz sept et le quatorziesme
jour du mois de octobre après midy dans le lieu
de Garies, dioceze de Montaulban en la viscompté
de Lisle Jordan, dioceze Dar...ac, audevant
lesglise du dit lieu, pardevant moy, notaire royal
soubzsigné, et présens les tesmoingz bas nommés
sont esté présens en personne Jehannot Dirat,
Cosme Gendre et Dominique Bouc, consulz dudit
lieu ou estoint assemblés et convoqués Guilhaume
Roques, Dominique Faure, Jehan Coloujou,
Anthoine Cabirol, Blaize Paissie, Jehan Clermont,
Jehan Petit Dhirat, François Ganis, Bernard
Faure, Pierre Cabaniel, François Bezinhac,
Jehan Castella dict Bonnette, Guilhaume Roques,
Jehan Roques, Jammes Ardizan faisant le
plus grand nombre des habitantz dudit
lieu ausquelz par lesdits consulz dudit lieu
a esté remonstré comme le setziesme jour
de juing dernier ledit lieu, comme
leur est notoire, seroit esté surprins et
envahi par les hérétiques, ennemis
du roy, et icelluy tenu soubz leur puissance
jusques environ demy mois de septembre
dernier y ayans pendens ledit temps
faict exécuté tous actes
dostillitté et envers lesdits pouvres
habitans a leur acoustume commis

 

page 2

et executé toutes les cruaulté quilz ont
peu advizer et exergittés comme sont
murtres, pilheries, sacaigement et
ransonnemens, estans reduitz aujourd'huy
a telle extrémitté que la plus grand partie
desditz habitantz sont esté constraintz avec
leurs familhes quitter et abandonner leurs
maisons et aller mandier par my le
pais le pain pour Dieu bien que, par la
grace de Dieu ayde, faveur? et secours
de leurs bons voisins et amis
qui cestantz assemblés en grand
nombre et soubz la faveur? de Noble
Mathelin de Luppe, coseigneur dudit
Garies, qui ayant sa maison a ung
get d'arquebuzade dudit lieu ny auroit
rien espargné de ses moyens a
l'entretenement de ladite assemblée.
Pour raison de quoy et exploictz commis
et executés en son endroit par
les ennemis se seroit grandement
ressenteu comme eulx des pertes,
foulles (folles) despances et domages
auroint contraintz lesdits ennemis quitter les
lieu au moyen de quoy ilz seroint esté
remis en leurs maisons pilhées,
saquaigées et ruinées ny ayant
du tout laissé rien quest cause
quilz n'ont moyen payer les arréraiges
des deniers royaux ordinerement ny

 

page 3

extraordinerement moingz a l'advenir a cause
de leurs grandes pertes nont
moyen paier ce sur eulx sera
mis et impozé dauthoritté de sadite
majesté. A ceste cause et affin de
faire entendre leurs plainctes et
dolléances a sadite majesté et la prier
très humblement avoir pitié d'eulx
et leurs familhes, ce faisant la
prie leur conceder
don et remize des arrerages
desdits deniers et exemption des
impositions a ladvenir pour doutze ou quinze
ans ou autre tel terme que bon luy
semblera et luy plaira y ayant homme
qui sen va en cour seroint en vollonté
luy donner charge de poursuivre
ledit don et remize a cesfins l'
envera, luy entrer en obligation et
promesse de ramboursement de
tous fraiz qui par luy pour ceste esffait
seront employés neanmoingz de luy
payer ses peines et vacations.
Et pour lassurance de ce luy bailher
ou ne se voldroit contenter de leur
obligation luy bailher cautions
souffizantes requerant sur ce ladvis
et oppignion desdits habitans.
Lesquelz tous d'une commune voix,

 

page 4

oppignion et accord seroint esté d'avis
puisque il y avoit homme qui pour d'autres
afferes aloict en cour que lesdits consulz luy
debvoint donner charge
de poursuivre ledit don et remize
vers le roy, a ces fins quilz luy debvoint
balher telle procuration quilz advizeront
luy estre pour ce besoing et necessaire,
faire donnation puissance de entrer en
toutes les obligations quil
appartiendra et besoing sera faire
pour le ramboursement des fraiz
quil conviendra expozer que pour le
payement des peines et vacations
de celluy qui prendra la charge
de ladite poursuitte et relliefz des
cautions qui luy seront bailhées, affecter,
obliger et yppothequer pour ce faire
leurs biens et de toute la
communauté dudit lieu permettant
de rellever de tout ensemble
de tous dispens, domages
et intérestz lesdits consulz. Lesquelz
de tout ce dessus auroint requis
acte par moy notaire leur estre retenut
ce que ay octroyé faire ez présences
de Jacques Goudin et Pierre Saint Saulvy
de Monfaucon? habitantz qui comme les consulz
ont dit ne scavoir escripre et de moy.

signature

 

 

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M
Béatrice a répondu<br /> Merci, Jean Louis, pour cette précision. Le notaire n'est pas le fautif, c'est moi qui ne savait pas comment interpréter son abréviation. Je pense que tu as raison, il a écrit "Dar" puis en hauteur "ac" ce qui peut faire : d'Ar(magn)ac. Ensuite il a raturé qque chose qui je pense n'avait pas de rapport avec le diocèse. Peut-être a-t-il voulu écrire "maison de" car on voit bien "mai" puis s'est ravisé car il était devant l'église et non dans une maison.<br />
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M
Jean Louis a écrit:<br /> Un petit détail : le notaire n'a pas su indiquer le diocèse dont dépendait L'Isle-Jourdain. Il a sans doute voulu écrire Armagnac puis s'est ravisé sans corriger. En fait, L'Isle-Jourdain faisait partie du diocèse de Toulouse jusqu'au Concordat de 1802 mais appartenait au comte d'Armagnac. D'où sans doute l'hésitation du notaire.<br />  <br /> Je signale accessible en ligne une thèse d'Estelle Martinazzo sur la réforme catholique dans le diocèse de Toulouse (1590-1710)  avec page 41 une carte des diocèses avant 1790 dans le Sud-Ouest  intéressante et l'évocation également au début des Guerres de religion dans cette région.<br />  <br /> https://tel.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/757747/filename/2012_martinazzo_arch_1.pdf
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