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Marcel SEMEZIES

J'ai précédemment fait allusion à Marcel SEMEZIES.

Pour écrire cet article, je m'appuie essentiellement sur les "mémoires de ma vie et de mon temps 1858-1928" de Marcel SEMEZIES, heureusement publiées par l'Académie de Montauban. (voir dans la bibliothèque du blog)

Il est né le 24 juin 1858 rue du Sénéchal (aujourd'hui 43 rue de la République). Cette maison était l'ancien hôtel du comte Raymond  de Toulouse et appartenait à sa famille maternelle (les Mallet de Chauny) depuis une centaine d'années. 

 

une partie de sa généalogie à partir des recherches de Sophie

Dominique SÉMÉZIES 

1734 Montauban

1810

Montauban

maître tailleur

 

 

Marie CAVALIÉ 

1753 Montauban

1830 Montauban

 

Jean "Pierre" GARDÉ 

sellier

1762 Laon

1814 Dieppe

 

"Catherine" Marguerite LINARD

sellière

 1769 Rouen

1819 Dieppe

 

Mathieu

MALLET

capitaine

de la garde

républicaine

 

Jeanne LOCRATE

 

Barthélemy Joseph Côme CANEBIER

officier de santé

 1765 Salerne

1824 Montauban

 

Philothée

?

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Jean

SÉMÉZIES 

fournisseur du Roy et directeur des meubles des châteaux

1783 Montauban

1862 Montauban

 

Marguerite Angélique "Flore" GARDÉ 

1794 Dieppe

1834 Montauban

 

André "Paulin"

MALLET 

ca 1802 Montauban

1884 Montauban

Avoué juge suppléant

 

Clara Marie Zoé

CANEBIER 

ca 1806 Guadeloupe

1882 Montauban

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Dominique Jacques

SÉMÉZIES

avocat

 1824 Paris

1883 Montauban

 

Anne Marie Éléonore

MALLET 

1831 Montauban

1886 Montauban

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Jean Marie "Marcel"

SÉMÉZIES 

1858 Montauban

1935 Montauban

 

Marie Pauline "Marguerite"

SEMEZIES

1863 Montauban

1879 Montauban 

Mariés  le 6 septembre 1887, Prissé, 71360, Saône-et-Loire, Bourgogne,

Séparés en 1901

   

Marie Sophie "Ernestine"

GAIRAL de SÉRÉZIN

   

 

Marcel Sémézies définit la triple hérédité

-sang gascon: "esprit d'aventure et cet insouci des choses pratiques qui distinguait les compagnons d'Henry IV"

-sang normand: "une certaine sagesse avisée, un goût de l'ordre et de la mesure qui luttent souvent contre la fantaisie de l'aventurier"

-sang créole: "mon ardent amour de la nature, mon sentiment de fraternité avec les bêtes et les arbres, mon horreur du civilisé, du conventionnel, mon goût excessif de l'indépendance et de la liberté"

Il faudrait rajouter le "caractère caprin". Pourquoi?

 

C'était la mode de l'époque. Des chevriers parcouraient les rues à certaines heures de la journée et s'arrêtaient de porte à porte pour traire leurs chèvres et livrer le lait.

La famille Sémézies acheta une chèvre comme nourrice pour l'enfant.

Son ami Alibert lui dira plus tard "Tous les nourrissons de chèvres gardent quelque chose  d'alerte et de vif au physique, d'indépendant et de capricieux au moral"

 

On peut compléter la généalogie de Marcel Sémézies par ceci:

Jean SÉMÉZIES 1783-1862
&1822 Marguerite Angélique "Flore" GARDÉ 1794-1834
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Dominique Jacques SÉMÉZIES 1824-1883     "Marie" Julie SÉMÉZIES 1823-1893
Blaise DOUMERC 1815-1876
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Jean Marie "Marcel" SÉMÉZIES 

1858-1935

 

 L'oncle de Marcel SEMEZIES est  Blaise DOUMERC  (voir l'article de Sophie)

Marcel a une enfance heureuse au sein de sa famille.

"J'ai eu ce bonheur, sans doute rare , d'avoir ma première enfance entourée par six personnes qui, tout en différant sensiblement les unes des autres, gardaient un fond commun de probité absolue,de bonté parfaite, d'intelligence dépassant la mesure moyenne, de délicatesse charmante,de désintéressement rare, de sincérité profonde. Ce furent, mon père, ma mère, mon grand-père et ma grand-mère Mallet, ma tante Alice,sœur de ma mère, mon grand-oncle Benjamin Mallet frère aîné de mon grand père."

et une petite soeur Marguerite vient compléter la famille en 1863.

La famille déménage dans une maison allées Mortarieu.

Il a la vie insouciante d'un enfant de la bourgeoisie aisée de son époque: séjours à Biarritz, la propriété du Colombier-aux-Bois (sur la route de Léribosc à Lafrançaise) et plus tard une maison à Beausoleil...

Il fréquente ses cousins DOUMERC, les POUVILLON, les GARRISSON....

Il commence ses études à Montauban, au lycée Ingres et ensuite à Sorèze (ancienne école Royale militaire, tenue alors par les dominicains). A sa sortie de Sorèze, il fait son service militaire à Castelsarrasin. Il renonce à une carrière militaire.

En 1879, sa soeur décède dans sa 18ème année. Il ne veut pas laisser seuls ses parents désespérés, "renonce à sa carrière d'aventure"  et s'oriente vers le Droit. C'est deux ans de vie toulousaine, d'étudiant insouciant. Pour rédiger sa thèse en latin (sujet tiré au sort) il recopie la thèse d'Emile Pouvillon qui lui même l'avait copiée d'un ami lyonnais. C'est la période des aventures féminines

Puis ce sont 18 mois de stages au Barreau et au Parquet de Montauban et le départ pour l'Argentière où il sera substitut à partir de 1883. Le voilà amoureux de Clairette et de Madeline (des noms d'emprunt, Marcel Sémézies ne révèle jamais dans ses mémoires les véritables noms de ses conquêtes). Il dit qu'il aurait bien épousé la douce Madeline, mais il y avait une "différence conventionnelle" entre leurs deux classes ("pas du peuple, pas de la société, entre les deux classes, sur des frontières indécises, demi primitives et demi raffinées, des demi demoiselles", écrit-il). Clairette lui inspire un petit roman "Clairette" qu'il publiera dans La Revue Lyonnaise.

C'est par le biais de ce roman qu'il fera la connaissance de Pierre Loti qui avait été particulièrement touché par le "Cézette" d'Emile Pouvillon. Pierre Loti devint ainsi une "connaissance" du milieu montalbanais et était reçu lors de ses passages à Montauban par la famille Pouvillon.

Durant l'hiver 1883, il apprend par un télégramme que son père est au plus mal. Paul et Jean Doumerc l'attendent à la gare de Montauban, mais "c'est fini". Le 26 décembre ont lieu ses obsèques.

le 7 mars 1884, il quitte définitivement l'Argentière et revient auprès de sa mère à Montauban. 

Il voyage, souvent avec sa mère...

En juin 1886,  il travaille à la finalisation de deux publications: "L'étoile éteinte" et l'Impasse", dans la maison familiale de Beausoleil et part à Paris.

Il s'éprend d'une Lucile, fille d'un magistrat  qui a reçu cinq millions d'héritage. "un mariage rêvé" auquel il dit renoncer à cause d'une différence de fortune qui lui "aurait donné l'air d'un coureur de grosse dot"

Le 25 septembre 1886, il est de retour à Montauban où il trouve sa mère malade. Elle décédera le 15  octobre à presque 56 ans.

en février 1887, il fait un voyage en Algérie avec son ami Jean Doumerc qui a une villa à Alger. C'est lors de ce voyage qu'il rencontre Marie Sophie "Ernestine" Gairal de Sérézin qui deviendra son épouse.

le 6 septembre 1887. C'est le mariage en Bourgogne où aucun membre de sa famille et aucun ami de Marcel Sémézies (Pierre Loti et Emile Pouvillon étaient entre autres invités) n'assistent à la cérémonie.

"Notre union fut un colossal malentendu dont après tout elle devait souffrir autant que moi. Nous n'avions ni une idée, ni un goût, ni un sentiment communs, et de plus il grondait obscurément entre nous cette sorte de sourde hostilité sourde de race qui éclate fréquemment entre un artiste de souche bourgeoise et une mondaine issue d'un milieu nobiliaire"

Marcel Sémézies dans Mémoires de ma vie et de mon temps

La maison des allées Mortarieu à Montauban, même remise à neuf, ne convient pas à Ernestine. Ils cherchent vainement une maison plus "digne" sur la Côte d'Azur, mais les ambitions d'Ernestine se portent sur des maisons hors de prix.

C'est ainsi que Marcel Sémézies achète à Montauban la maison et le jardin Fénié (notaire de Montauban) le 16 décembre 1891. 10 ans de vie mondaine à Montauban: "Ernestine pouvait jouer à la châtelaine" dans sa maison des "Anthémis".

Je ne travaillais plus, je lisais à peine, je ne vivais plus au grand air et cette vie me manquait. Enfin, ce n'était pas seulement mon esprit qui tournait à vide, c'était mon coeur, j'eus toujours besoin (au moins jusqu'à il y a quelques années) d'une affection vive, d'un sentiment dominant, et je n'en avait pas.

Je devins irritable, nerveux, impatient...

Marcel Sémézies dans Mémoires de ma vie et de mon temps

 

 

Survient l'affaire Dreyfus...

Et là, Marcel Sémézies entre dans un combat anti-dreyfrusard.

Il démissionne de l'Académie de Montauban, il écrit des articles retentissants insultant les juifs et les francs-maçons.

Il s'en veut par la suite et devra se défaire pendant longtemps de son étiquette de clérical réactionnaire.

 Un beau jour, las et usé par cette vie mondaine, Marcel Sémézies déclara qu'il fermait sa porte aux invités d'Ernestine. Furieuse elle lui fit une scène en lui disant que plutôt que de se résigner à la vie qu'il voulait lui faire elle préférait partir, ce à quoi il répondit "Eh bien! allez-vous en

Ce qu'elle fit, en juillet 1901, elle vint faire "ses caisses"et ne remit jamais les pieds à Montauban. 

Il ne demande pas le divorce répugnant à se livrer à des procédures où il devrait étaler ses affaires intimes.

Moralement, il est à bout...

C'est la deuxième partie et les annexes de ses mémoires que je trouve les plus intéressantes. On y retrouve un Marcel Sémézies tel qu'il se décrit au début de ses mémoires (voir début de l'article) et surtout son témoignage sur la vie montalbanaise de son époque jusqu'en 1935.

Il décide de clore ses mémoires en 1928, pour les donner à la Bibliothèque Municipale de Montauban. La plupart de ses amis sont morts...

Le 25 décembre 1928, à minuit et demie, il "réveillonne" seul dans sa grande maison avec "une bille de chocolat, deux biscuits, un  verre d'eau et un petit verre d'eau de vie".

Le 31 décembre il fait son bilan:

-J'entre dans mon 70e millésime, ayant vécu 25 949 jours.

à cette date, j'ai fait 474 conférences, prononcé 324 oraisons funèbres, 107 discours de mariage, 74 discours de banquet et fêtes divers, j'ai présidé 101 conférences d'autrui, soit 1080 fois la parole portée en public.

-composé à cette date 60 646 vers. -J'ai publié 20 volumes sans compter une quantité d'articles et d'études parus dans des journaux  et revues et dont l'ensemble ferait autant de volumes. J'ai dans deux bahuts et une bibliothèque vitrée 242 manuscrits non parus. Dans 50 ans, de 20 ans à 70 ans (je ne compte ni en deçà, ni au delà), j'ai lu 8797 ouvrages, représentant 10537 volumes (dont 3153 romans, 1351 livres d'histoire, 848 de théâtre, 799 de voyages...) soit 176 ouvrages nouveaux lus par année, soit environ un tous les deux jours. Et le plus grand nombre a été relu plusieurs fois.

-Ma bibliothèque à cette date comprend 8964 volumes

Marcel Sémézies dans Mémoires de ma vie et de mon temps

 

photo collection personnelle Sophie  Doumerc

    

Marcel Sémézies dans Mémoires de ma vie et de mon temps

Le 31 décembre 1935, à l'âge de 77 ans, meurt à Montauban, Marcel Sémézies.  

 

J'ai vraiment aimé lire ses mémoires (je me suis replongée dans une période de l'histoire montalbanaise), même si je vais en faire sourire plus d'un, d'avoir été "charmée" par ce lecteur quotidien de l'Action Française

Je sais que je retrouverai régulièrement ses écrits pour faire des articles dans ce blog. Avec 324 oraisons funèbres, je devrais recroiser son chemin...

Martine 

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