TOURIOL Marthe née en 1926 à Léojac-82 et y résidant durant la guerre est une résistante qui n’a pas été reconnue pour son action dans la résistance entre février 1943 et le 19 aout 1944 libération de Montauban.
Ce n’est pas un grand "Nom" de l’histoire de la Résistance.
Seulement une personne dont l’implication plus modeste, comme celles de tant d’autres opposants au nazisme, a permis que le 8 mai 1945 nous retrouvions notre identité de français.
En voici l’histoire:
A 17 ans, elle est embauchée comme employée par la famille CASTEL.
CASTEL Adrien avec son fils Gérard (transporteurs sur Léojac), étaient tous les deux résistants et participaient au transports d’armes, parachutages et vivres pour le groupe FFI implanté sur Léojac. Ce groupe est commandé par le capitaine GOT (dit Georges) qui dirige la 3° Compagnie de l’Armée Secrète du Tarn et Garonne, auquel et pour lequel Marthe faisait parvenir les messages.
CASTEL était détenteur de la cabine téléphonique publique pour Léojac ; il recevait les appels pour acheminer des messages de toute sorte a destination de la population léojacoise. Les messages destinés à la Résistance étaient sous forme codée Marthe, en vélo, par tout temps les distribuait jusqu’à la forêt de la Grésigne pour servir le maquis. |
Marthe avec le vélo utilisé pour l’acheminement des messages (en compagnie de Pierrot S.) |
Au début elle n’était pas informée de ce qu’elle délivrait.
Un message a été le révélateur :
Elle a remis un message à Mme D. au château de Rastely à Léojac ; message provenant de Nice où le chatelain était parti.
Nava vient d’avoir trois chiots |
Marthe est alors très surprise en voyant la chienne Nava qui est présente à coté de sa maîtresse.
De retour chez Castel elle interroge Adrien :
"Comment Nava peut avoir des Chiots à Nice et être à Léojac ??."
Adrien confie à Marthe qu’elle achemine des messages pour le Groupe de Léojac.
Volontairement Marthe décide de continuer son action.
Lors de la libération de Montauban, le 19 aout 1944, les maquisards ayant investi la kommandantur découvrent des documents, dénonçant l’action de l’équipe CASTEL et en ordonnant L’arrestation pour le 20 aout.
A un jour près elle aurait pu faire partie des raflés et exécutés par les nazis et leurs sympathisants.
Un groupe de résistants pris en photo, surement au moment de la libération figure sur le livre du cinquantenaire de la libération de Montauban.
Elle s’y trouve tenant le drapeau français.
Groupe résistants Marthe debout en arrière tient le drapeau français.
Juste après la guerre le capitaine GOT, par l’intermédiaire de CASTEL Adrien, lui a remis une carte provisoire attestant de sa participation a la résistance ; cette carte a été perdue .
Marthe dans le camion de l’entreprise Castel (en compagnie de Pierrot S.)
En 1950 elle se marie et quitte la région Montalbanaise pour s’établir dans les Pyrénées Orientales.
Je suis né en 1953 et mon père décède en 1956.
Elle ne se remariera pas et continuera sa vie professionnelle dans les P.O sous son nom d’épouse.
De sa vie de résistance elle n’en parlera pas, elle l’a enfouie dans sa mémoire jusqu’à l’oublier.
Marthe avec un groupe d’amies - l’homme est CASTEL Gérard
Ce n’est qu’en 2011 que j'ai connaissance de son implication dans la Résistance.
J'entreprends des recherches assez complexes, auprès des Administrations et Services publics et c’est grâce aux recherches effectuées auprès des archives départementales du Tarn et Garonne et de l’ONAC-82, qu’on a pu découvrir que Marthe a bénéficié d’une proposition d’attribution de carte de Combattant Volontaire de la Résistance (CVR), mais la demande à renseigner ne lui est jamais parvenue.
La copie du dossier fait ressortir que Marthe y est portée comme « FFI de l’unité AS de la 3eme Cie du Tarn et Garonne ».
En 1955, elle a été recherchée sous l’identité erronée de TAURIOL à l’adresse fantaisiste de PUICERDA-66-.
En 1959, Le rejet de la demande d’attribution est prononcé, sous le chef que le dossier à renseigner n’a pas été remis à temps et qu’elle ne figurait pas sur les listes de résistants signalés.
Marthe Touriol Veuve C. , âgée de 93 ans, est revenue en 2018 dans son département natal. Elle vit paisiblement en maison de retraite à Montauban où elle s’adonne a sa passion, la couture.
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Après 74 ans d’oubli, 2019 devrait être l’année de toutes les reconnaissances pour Marthe.
L’écrivain et historien Luc Corlouër qui a eu connaissance de l’histoire de Marthe l’a conviée le 6 octobre 2019 à une conférence sur La parution de son livre "Léojac Autrefois", durant laquelle il a exposé son implication dans la résistance et signalé que son parcours sera mentionné dans son prochain livre "Léojac d’antan" qui devrait sortir en novembre 2019.
Mme RABAULT, Députée du Tarn et Garonne, présente à la conférence a été très touchée par ce parcours et a mis tout en œuvre pour que reconnaissance soit enfin faite.
La presse, par la voix de La Dépêche du Midi a mise à l’honneur Marthe, dans un important article le 21 octobre 2019 et un enregistrement vidéo sur le site de la DDM :
Source autre que familiale
Photo du groupe de résistants où Marthe tient le drapeau
page 30 du Livre 1 : Cinquantenaire de la libération de Montauban
(livre en téléchargement gratuit sur le site https://resistance82.fr/ )
André Carcenac