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Reyniès village martyr

Le premier bourg de Tarn-et-Garonne inondé est Reyniès, petit village de 516 habitants, situé au bord du Tarn. Quand l’eau arrive « en trombe », le dimanche soir, le garde - champêtre lance l’alerte à grands roulements de tambour. Un grand nombre d’habitants, incrédules, ne perçoit pas le danger. Seules l’église et la mairie demeurent debout après le passage de la vague. Une centaine de maisons s’écroule et les flots emportent quatorze personnes.

 

Très éprouvé par l’inondation, Reyniès reçoit la visite du président Gaston Doumergue, qui s’est spécialement déplacé, parcourant toute la zone du sinistre. 

 

Le mercredi 3 mars on peut lire sur "L'Express du Midi"  

REYNIES et MOULIS anéantis on compte de nombreuses victimes 

Reynies et Moulis, deux hameaux qui formaient une seule commune de près de 600 âmes, coquettement assis sur les bords du Tarn, très encaissé à cet endroit, sont les deux villages qui ont le plus souffert du cataclysme. Le spectacle qui s’offre à nous lorsque nous approchons du bourg est d’abord terrifiant. Le pont de Reyniès qui ne date que de 1882, a parfaitement résisté aux assauts du fleuve, mais les flots, qui atteignent presque le cintre des voûtes creusent des tourbillons ou se soulèvent dans un mugissement formidable. Des troncs d’arbre, des débris de toutes sortes heurtent avec des bruits sourds les arches. L’aspect est celui de quelque rapide fleuve africain.

De l’autre côté du pont, interdit à la circulation, le village : les ruines informes qui rappellent  celles des villages du front pendant la guerre. Les quatre cinquièmes des maisons se sont abimés dans les flots et le reste ne vaut guère mieux. Seuls, le château et l’église ont résisté.

L’agonie d’un village 

Point tragique : Reyniès est le village qui semble le plus éprouvé en pertes de vies humaines. C’est une émouvante désolation que d’assister au sauvetage de quelques rescapés, d’entendre les plaintes qui s’élèvent de partout. Ici une femme se tord les mains ; elle avait un logis, des meubles, un peu de cheptel, du linge ; il ne lui reste qu’un manteau qu’elle a passé en hâte sur quelques vêtements de corps.

Cinq pompiers, détachés du groupe du lieutenant Masquarenc nous content l’effroyable tragédie du village.

La plus grosse partie de Reyniès se trouve dans un contrebas, séparé du fleuve par une légère ondulation du terrain, c’est dire avec quelle violence les eaux, par infiltration, envahirent le village.

Dans la nuit de dimanche à lundi le village fut inondé en moins de deux heures. Réveillés en pleine nuit, les habitants de la partie du village en bordure du fleuve purent s’enfuir par le pont ; mais ceux qui demeuraient plus loin, dans la dépression, n’eurent le plus souvent d’autres ressources que de grimper sur le toit de leur demeure ou sur des arbres. Ce fut en particulier ce qui se passa dans le quartier de Moulis.

Les habitants, d’ailleurs, ne croyaient pas que la crue atteindrait une telle hauteur (plus de dix mètres au-dessus du niveau normal) ; c’est pourquoi nombre d’entre eux ne mirent pas à s’enfuir une grande diligence. Imprudence qui devrait être fatale à beaucoup.

Les maisons ne résistèrent pas à la poussée des eaux et tous ceux qui tentèrent de rester ainsi ont disparu, emportés par les flots ou ensevelis sous les décombres.

Et ce sont des scènes atroces. Trois enfants, le jeune M… 14 ans, et deux bébés sont enlevés par les flots. Deux vieilles gens s’étaient réfugiés  sur le toit de leur maison, à quelques mètres du pont. A force de courage et d’énergie, pendant la nuit de lundi, un pompier réussissait à parvenir avec un fanal jusqu’à eux et leur lançait une corde ; mais les malheureux refusaient  de quitter de cette manière leur refuge ; quelques minutes à peine plus tard, la maison s’effondrait les entraînant dans les flots.

Ailleurs c’est Marius G… qui se noie en se portant au secours de l’instituteur.

Dans la nuit de lundi, nous confie l’un des courageux sauveteurs volontaires, nous avons entendu, venant du côté de Moulis, des appels de détresse. D’instant en instant des bruits d’éboulement couvraient les cris, puis tout retombait dans le silence. A l’heure actuelle _ceci se passait mardi à 13h_ nous sommes sans nouvelles du hameau. Combien de ses habitants ont été entrainés sous les eaux par l’éboulement de leurs demeures.

A Reynies même, lundi, la bonne du curé était ensevelie sous les ruines du presbytère, quelques minutes après le sauvetage du curé.

On nous signale encore la disparition de M. Paris

 à lire pour en savoir plus les numéros de l'Express du midi qui sont en ligne numérisés dans Rosalis bibliothèque numérique de Toulouse.

Je ferai des recherches dans la presse régionale.

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T
Effrayant quand on y pense et qu'on voit toutes ces maisons éventrées.<br /> Béatrice
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