Vous avez très certainement déjà vu ceci:
Celui-ci est à Fonneuve, dans la nouvelle maison de ma petite soeur. Le puits est juste à côté.
C'est un lavoir en ciment, comme il y en avait dans beaucoup de jardins à une certaine époque. Ma grand-mère en avait un, et elle y faisait sa lessive.
La lessive:
Il manque une brosse en chien-dent et on a tout le matériel de base pour faire un bon nettoyage. On frotte, on tape, on rince, on essore..., une énergie phénoménale est dépensée.
Mais ça ne s'arrête pas là... un autre outil va entrer en fonction pour tout ce qui est le "blanc" (torchons, tabliers, draps, chemises) |
C'est la LESSIVEUSE.
On y met le linge "propre" à l'intérieur, on couvre d'eau, on met le couvercle (il n'est pas sur la photo), on pose sur un foyer et on fait bouillir. Pour cette étape, les enfants sont généralement tenus éloignés (du moins c'était mon cas) Il faut attendre que ça refroidisse, et on peut sortir le linge et l'essorer avant de l'étendre.
J'ai le souvenir de ces séances d'essorage où chacun prend une extrémité du drap et on faite un boudin qu'on tourne face à face en sens inverse. Il ne faut pas lâcher, sinon la lessive est à refaire si le drap tombe par terre
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Dans les villages, il y a des lavoirs. Ceux du Tarn et Garonne sont en partie répertoriés ici
Des histoires de lessive glanées sur Internet:
"Il y avait un premier jour de lessive. On procédait alors à l’essangeage. C’est un mot inconnu de nous, disparu de notre vocabulaire. Le linge était trempé dans l’eau courante et claire pour éliminer les premières taches, en attendant le coulage du lendemain.
Le deuxième jour était consacré au coulage à froid. On disposait de grandes cuves de pierre ou de bois dans les granges, en plein champ ou dans les buanderies des maisons citadines. Une technique établie présidait au coulage du linge. Au fond de la cuve, le linge fin, le gros linge au-dessus. Soigneusement plié dans sa cuve, le linge était foulé et tassé de sorte que l’eau dût s’écouler à travers lui et ne pas se répandre de tous côtés. C’était ainsi que l’on commençait à assurer la propreté. Un contrôle soigneux s’effectuait par le canal de la pissote. Encore un mot charmant bien oublié lui aussi. Par la pissote (petite ouverture au bas de la cuve) passait l’eau du coulage et, aussi longtemps qu’elle n’apparaissait pas claire et transparente, le coulage à froid n’était pas terminé. Il est difficile d’imaginer qu’après deux jours la lessive restait à faire. Aussi les buandières se saluaient-elles, le soir, d’un sonore : “A demain pour la lessive !” Après deux jours, en effet, rien n’était dit. Seules, les premières crasses avaient coulé, précisément par la pissote. En route donc pour le troisième jour. Etait-ce le pire ? Non. Si ardu qu’était le travail ce jour-là, il y aurait encore plus dur. L’opération du troisième jour s’appelait le coulage à chaud. Avant même de reprendre leur travail de blanchissage, les pauvres lavandières se livraient à des occupations rendues indispensables par l’absence de produits adaptés. Il fallait, ou acheter des cendres, ou les obtenir. Il fallait du bois pour chauffer l’eau. Qui le ramassait ou le transportait ? les lavandières. Il fallait allumer le feu, pour que chauffent de grandes quantités d’eau. Il fallait verser l’eau bouillante sur une toile couverte de cendres au sommet de la cuve ; l’eau, à travers ce tamis, emportait les produits actifs des cendres qui nettoyait le linge. L’eau passait du sommet à la base de la cuve à travers le linge. On la récupérait par notre fameuse petite pissote, on la chauffait à nouveau pour la reverser car le premier passage des cendres n’avait pas du tout résolu la question de la propreté ; douze heures de travail y suffisaient à peine. La Mère Denis peut bien éclater de rire sur nos écrans, à l’époque elle devait rire jaune... ou rouge, congestionnée par les émanations. D’ailleurs les accidents par brûlures ne se comptaient pas. Au soir du troisième jour, le linge avait pris une couleur grise plutôt jaunâtre. Pas question de le laisser en l’état. Le quatrième jour, les blanchisseuses s’occupaient au retirage. Les taches rebelles devaient disparaître ce jour-là, avant le rinçage. Les femmes, sur leur dos, ou dans le meilleur des cas dans des brouettes, transportaient le linge de la cuve au lavoir ou à la rivière pour le retirage. Ces malheureuses, gémissant sous le poids d’un linge alourdi par l’eau, ne voyaient pas à ce moment-là le bout de leur journée. La brosse et le battoir, tout en usant très vite le linge, remportaient sur les taches la dernière victoire, mais arrachaient les fibres des tissus. Une fois ce travail terminé, le linge était rincé, pour le dégager de cette espèce de lessive que formait la cendre. Les battoirs voletaient, les brosses raclaient, les langues se déliaient, les bras plongeaient dans une eau clémente l’été, mais bien évidemment glacée l’hiver. Le linge retiré et rincé, la lessive était faite. Mais, à l’impossible les lavandières étant tenues, le séchage allait encore exiger de leurs forces des efforts inconcevables pour les femmes contemporaines”. |
texte est extrait de http://joursdelessive.over-blog.com/categorie-886226.html
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Suivant les régions, la grande lessive (buée ou buie) se faisait dans tous les villages et les petites villes de deux à quatre fois par an et tout particulièrement au printemps et à l’automne. C’était un évènement important de la vie communautaire, un acte social qui rassemblait les femmes et donnait lieu à une vraie fête avec repas, chants et danses qui faisaient oublier la fatigue. Les premières opérations se pratiquaient dans les foyers. Le linge était trié : d’un côté le linge blanc, et de l’autre les lainages et le linge fin. Le blanc était lui même trié en fonction de son degré de saleté et de sa finesse : cela conditionnait sa place dans le cuvier. La buée avait lieu à l’extérieur ou dans une pièce spécialement préparée (chambre à four, fournil, appentis ou coin de grange). La lessive durait trois ou quatre jours, voire une semaine suivant la quantité de linge. Une grande buée comptait en moyenne 70 draps et autant de chemises, des dizaines de torchons et de mouchoirs. L’essangeage (ou échangeage) correspondait au prélavage. Le linge était sommairement décrassé à l’eau au lavoir, à la fontaine ou à la rivière. Les saletés les plus tenaces étaient frottées à la brosse sur une planche à laver striée ; les pièces délicates, les cols et poignets de chemises, étaient lavées à l’eau tiède avec du savon de Marseille. Pour les taches les plus rebelles, chaque femme avait ses secrets. John Seymour raconte dans Arts et traditions à la maison : « Il y avait toute une variété de procédés, dont certains passablement curieux, pour ôter les taches. Pour enlever la graisse et l’huile, on utilisait surtout la smectite, mais la craie et la terre de pipe étaient aussi réputées efficaces. Le jus de citron, le jus d’oignon, ou même l’urine, éliminaient l’encre, et l’on faisait partir les taches de cire en appliquant dessus un fer chaud enveloppé d’un linge. » Avec le coulage commençait réellement la grande lessive. Le cuvier était sorti ou loué chez le tonnelier : il était en bois cerclé de fer, pouvant atteindre jusqu’à 1,20m de diamètre et contenir jusqu’à 400 litres d’eau. Il était posé sur un trépied. Le linge était empilé dans le cuvier. On posait par dessus une grosse toile de chanvre (charrier ou cendrier), sur laquelle était étalée une couche de 5 à 10 centimètres de cendre de bois, mélangée avec des colliers d’iris pour parfumer le linge. Les coins de la toile étaient ramenés sur les cendres et on versait sur le tout une soixantaine de litres d’eau bouillante. Les sels de potasse contenus dans les cendres se dissolvaient et l’eau de lessive, solution alcaline, était recueillie au bout d’une heure au vide-lessive (trou à la base du cuvier). Le cuvier était relié par un tuyau d’environ 1,50 m de long à la casse, sorte de poêlon en cuivre à longue queue (en fonte à la fin du XIXè siècle), où l’on chauffait de l’eau. On reversait la lessive sur le charrier à l’aide du coule-lessive, un godet pourvu d’un long manche. On recommençait l’opération pendant des heures. On laissait macérer toute la nuit. Le linge était dépoté le lendemain avec une pince en bois à longues branches et mis dans des sacs de grosse toile ou des paniers d’osier. Le jour suivant, il était transporté à la rivière ou au lavoir. Les laveuses procédaient alors au savonnage, au dégorgeage et au rinçage. Elles prenaient leur battoir, leur pain de savon, leur brosse de chiendent et leur boîte ou selle à laver (carrosse) pleine de paille, munie d’une planche ou non, dans laquelle elles s’agenouillaient. Elles tendaient le linge à bout de bras, le laissaient flotter dans l’eau froide, le frottaient et le pressaient sur la selle avec la brosse. Elles le rinçaient en le tordant et en le frappant avec le battoir pour le débarrasser de l’eau de lessive. Elles pouvaient aussi travailler debout, la selle posée sur des tréteaux. Puis c’était l’azurage. On plongeait dans l’eau de chaque baquet de rinçage un sac de bleu contenant une poudre bleue provenant de l’indigotier ou de l’outremer, pour rendre le linge encore plus blanc. Conformément aux préceptes de Diderot et d’Alembert, le linge était étendu à plat sur un pré, arrosé à plusieurs reprises avec un arrosoir de jardinier et retourné deux ou trois foissens dessus dessous. Pendant trois jours, le soleil et l’eau achevaient « de lui donner un lustre et un blanc très parfait ». Lorsque le linge était étendu sur des cordes, en plein vent, il était fixé par des pinces à linge qui n’étaient, avant les pinces à ressort, que de simples fourches de bois taillé ; si la corde fléchissait, on la relevait à l’aide de perches en bois fourchues. |
Clovis |
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pince pour sortir le linge de la lessiveuse |