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déclaration de grossesse

Outre la « légèreté » dont faisaient preuve les employeurs envers leur personnel féminin, on découvre qu’il était difficile de conserver un travail lorsqu’on était enceinte. J’ignore si l’enfant vit le jour n’ayant pas trouvé de naissance d’un enfant naturel de Jeanne Lafaye. A noter tout de même le 03/10/1756 la naissance d’une petite Marguerite fille de père et mère inconnus. Jeanne ayant déclaré avoir été abusée le 01/01/1756, cette petite fille pourrait être cet enfant.

Déclaration de grossesse le 23/09/1756 - justice de Bruniquel - photo 115 droite – viol

 

L'an mille sept cens cinquante six et le

vingt troizieme jour du mois de septembre

par devant nous Jaques Descazals, avocat au

parlement, juge de la vicomté de Bruniquel et

dans notre auditoire et greffe, écrivant sous nous

maître J: G: Arbus, notre greffier.

A comparu Jeanne Lafaye, fille de Pierre

Lafaye et de feue Catherine Pages, mariés. Laquelle

a dit quelle comparoissoit devant nous pour nous

déclarer quelle etoit enceinte. Sur quoy apres que

nous luy avons fait preter serment de dire la

vérité, elle a été par nous interrogée ainsi quil

sensuit.

Interrogée de son nom, age, qualité et

demeure a dit s'appeller Jeanne Lafaye, etre

agée de vingt ans, etre fille dudit Pierre Lafaye,

voiturier, et de ladite feue Pages, et etre a présent

habitante dudit Bruniquel.

Interrogée si elle est enceinte et depuis

quel temps et qui est l'auteur de sa grossesse

a dit et répondu quelle étoit enceinte et quelle

l'étoit depuis le premier jour de cette année et que

 

page 116 gauche

 

l'auteur de sa grossesse \étoit/ le sieur Theron Lamolle

dit l'amériquain qui abusa d'elle le premier jour

de cette année malgré sa résistance qui fut très

grande et qu'elle luy fit sauter la perruque en se

deffendant et qu'il luy dit que si elle devenoit

enceinte il luy fairoit nourrir l'enfant et luy

auroit une femme pour la faire servir et quil la

marieroit et que dans ce temps là elle étoit servante

ches le sieur Théron, chirurgien, habitant de Bioulle

\[#1 (en marge): qui habite dans la maison dudit sieur Théron]/

et que ledit sieur Theron Lamolle \/ son frère saisit

l'occasion d'abuser d'elle dans le temps quelle luy

bassinoit son lit et que voulant crier au secours

dans le temps quil faisoit des entreprises sur

elle il luy ferma la bouche avec la main

et quelle quitta la condition dudit sieur Théron,

chirurgien, ou elle étoit servant ou pour mieux

dire qu'on la renvoya a la Saint Jean dernier

et qu'elle alla servir de là avant ches le sieur Rey,

bourgeois de Réalville, d'où on la renvoya il y a

environ deux mois par ce qu'on reconnut qu'elle

étoit enceinte.

Lecture a elle faitte du présent interrogatoire a

dit ses réponses contiennent vérité ny vouloir

ajouter ny diminuer et y persister et a dit ne scavoir

signer de ce enquise

Après quoy nous, juge susdit, luy avons enjoint

de garder son part sous peine de la vie et ayant

 

page 116 droite

 

fait venir devant nous Catherine Gibili, femme en

secondes noces dudit Pierre Lafaye et maratre de

ladite Jeanne Lafaye, nous luy avons déclaré que

nous mettions ladite Jeanne Lafaye, sa belle fille,

sous sa garde et luy avons enjoint de prendre

toutes les précautions convenables pour la conservation

de sa part sous peine de droit en luy disant

qu'elle vient de nous déclarer qu'elle étoit enceinte

depuis le premier jour de cette année. Et ladite

Gibili a dit qu'elle y apporteroit tous les soins possibles

et a dit ne scavoir signer de ce enquise . Descazals,

juge signé, Arbus, greffier signé.

Expédié par moy, greffier de la vicomté de Bruniquel,

soussigné, le second jour du mois d'octobre mille

sept cens cinquante six en foy de ce.

Arbus greffier

AD 82   5 B 10-3

 

Note : ° le 3/10/1756 d'une petite Marguerite fille de père & mère inconnus Bruniquel St Maffre vue 13

 

Béatrice

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