Ma grand-mère Marie Jeanne Elise dite Jeanette était couturière. Après avoir travaillé pour des patrons, elle s'était installée à son compte. Je me souviens des dames qui venaient chez elle faire des essayages dans sa salle à manger convertie en atelier de couturière avec ces deux machines (celle de sa belle-mère et sa "demi-patron") et son mannequin couvert de tissus perclus d'épingles. Ses patrons en papier soie qu'elle achetait en rame chez Gabach à Montauban (un magasin aujourd'hui fermé mais où on trouvait des cordes diverses, des papiers, du rafia...), sa craie en talc pour tracer sur les tissus...
J'ai été habillée par les confections de ma grand-mère jusqu'à plus de 20 ans. J'allais avec elle à la "Ville de Paris" (grand magasin en face des actuelles Galeries Lafayette à Montauban, où il y avait toutes sortes de tissus sur plusieurs étages), je choisissais mon tissu, je décrivais ce que je voulais, elle faisait une ébauche avec un tissu écru (dont je ne connais pas le nom) plein d'épingles et de fils, je faisais un essayage. Elle ajustait la "chose" avec quelques épingles supplémentaires et quelques jours plus tard, j'avais mon pantalon, ma chemise, ma robe, ma jupe, mon pyjama, ma chemise de nuit... tout ce que je voulais.
A la fameuse "Ville de Paris", il y avait des corbeilles à l'entrée avec des coupons (chutes de tissus). Elle ne pouvait résister à en acheter quelques uns et ensuite faisait des propositions sur ce qu'elle pouvait nous confectionner avec. Elle m'a ainsi fait une chemise écossaise (que je garde précieusement) avec des bandes de tissus de 15 cm de large. Ca ne se voit pas, sauf un peu à l'envers. Elle a fait des robes magnifiques pour mes filles. Rien ne se perdait avec elle, elle a recyclé des vieilles chemises de nuit à elle pour en faire des nouvelles pour mes filles, toutes douces tant le tissu était usé.
Quand elle a déménagé en appartement, elle s'est débarrassée de sa machine "demi-patron" (je comprends dans ce terme que c'était une machine professionnelle) pour ne garder que la machine de sa belle mère.
Et cette machine, je la conserve religieusement, comme Clovis et les outils de menuisier de son grand-père Labro. J'ai reçu tous les conseils pour l'entretenir: graisser la courroie d'entrainement en cuir, graisser la machine, j'ai sur un carnet le schéma pour passer les fils. Hélas, je n'ai jamais pu produire grand chose de concluant. Je me suis faite reprendre plusieurs fois parce que je n'utilisais pas le tissus "droit fil". Clovis sait peut être optimiser les outils de son grand-père, mais moi, je suis bien empotée avec l'outil de ma grand-mère |
Il y a deux ans je suis allée visiter Oradour-sur-Glane, ce village de Haute Vienne, anéanti par la division SS Das Reich le 10 juin 1944 (la visite est poignante) et entre autres photos, j'ai ramené celles-ci:
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Dans presque toutes les maisons incendiées, il ne restait qu'un objet: une machine à coudre
Pour ce qui est de ma machine (maintenant), mon arrière grand-mère Marie Brégail est née en 1873 à Mirepoix et décédée en 1950 à Montauban.
Par contre je ne sais pas dater cette machine. Elle est trop lourde pour que je la retourne dans tous les sens, je ne vais pas non plus la démonter, je ne vois que cette plaque en façade, que je découvre écrite en anglais. J'ai essayé de suivre les conseils de ce blog http://leblogdecallisto.blogspot.com/2013/10/identifier-une-machine-singer.html, mais je ne trouve pas le numéro de série où il y a la fameuse lettre qui permet de la dater. Quand je trouverai je sais qu'il me faudra regarder là
Pour ceux ou celles qui s'y connaissent, elle est rudimentaire, elle ne fait que de la marche avant. Et ce qui est sûr c'est: nommée Singer Manufacturing Company en 1865, puis The Singer Company en 1963 la fourchette est large... |
Martine
Machine à coudre de poche ou portative :Fabriqué en chine 1980 –1990 (?).Fonctionne avec 4 piles R6. Clovis |