• Léon Cladel et la prison

     Pour décrire le contexte de l'époque Judith Cladel écrit:

    Si les Va-Nu-Pieds avaient été adoptés comme une sorte d'évangile rouge, par le public socialiste de l'époque, leurs clameurs revendicatrices irritèrent violemment certains membres du gouvernement opportuniste qui, jugeant maladroit de faire payer à l'auteur la franchise de ses affirmations humanitaires, au moment de leur popularité, se promirent, au moins, de le lui revaloir à sa première imprudence. Écrivains et politiciens combattaient alors en faveur de l'amnistie; Louis Blanc, Clémenceau, Madier de Mont jau, Georges Perrin travaillaient à la libéra­tion des exilés et des déportés de 1871 ; Victor Hugo donnait des fêtes d'enfants — à tendances, si on peut dire. En mon âge le plus tendre je fus présente à l'une d'elles, imagination jolie de celui qui en eut tant. Devant une cage où se démenait une bande de moineaux fraîchement emprisonnés, le grand homme nous adressa un émouvant petit discours : — De même que ces fragiles captifs des êtres souffrent derrière les barreaux de prisons lointaines. Ne souhaitez-vous pas qu'on rende la liberté aux grands comme aux petits? — Si !... si !... si !... répliquait l'auditoire apitoyé. —Criez donc vive l'amnistie! Cinquante jeunes voix de trois à sept ans piaillèrent n'importe quoi : < Vive l'armis­tice! » m'exclamai-je pour ma part. La main qui livrait essor à la foule magnifique des vers, ouvrit la fenêtre, puis la cage; les oiseaux s'enfuirent en une bruissante nuée et, le lendemain, les journaux narraient à  l'impressionnable public cette gentille historiette.

    Léon Cladel, qui collaborait à L’Evènement, y donna, pour servir la même cause, entre autres nouvelles, Une Maudite, aventure d'une misérable femme de déporté forcée à la prostitution pour arracher ses petits à la famine.

     

    Le 15 avril 1876, Léon Cladel est condamné à 1 mois de prison pour " outrage à la morale publique".  Le même jour, lettres, dépêches protestations d'amis affluèrent. Gustave Flaubert se rend à l'appartement de la rue de Bochart de Saron pour serrer la main d'un confrère qui connut un procès similaire lors de la publication de Madame Bovary en 1857 (son avocat obtint cependant l’acquittement)

     

     

    Son ami Jean Bernard Passerieu (avocat publiciste toulousain et rédacteur dans plusieurs journaux) relate également cet évènement:

     

    Ce que je vou­lais bien constater en terminant, c’était !a probité constante et soutenue de cet écrivain, condamné à trois mois de prison et privé de ses droits civils et politiques par les juges do M. Dufaure  pour avoir pu­blié une nouvelle de pages 50 pages, que je voudrais avoir sous la main pour la reproduire en entier, et dans laquelle nous voyons une femme, dont le mari, un communard, exilé à la Nouvelle-Calédonie, et qui en est réduite à se prostituer pour donner à manger à son fils. Il se trouva trois juges pour déclarer qu’il  y avait là  attentat aux bonnes mœurs ;  comme si constater une chose c’était la glorifier ! comme si ce drame ne s'était pas produit souvent sous nos yeux Oui, nous les avons connu ces malheureuses dont les maris, anciens héros du premier siège, anciens soldats de la Commune, crachaient leurs poumons  à  Nouméa, et  qui   et qui  étaient   forcées de descendre dans la  crotte des trottoirs pour y ramasser les quelques louis qui devaient les empêcher de crever de faim elles et leurs enfants. Tous les jugements du monde n'y feront rien, elle a existé. En racontant ces misères, Cladel n'a pas plus outragé les mœurs que le médecin qui constate la fièvre ne fait l’éloge de cette fièvre. Mais il fallait bien, n’est-ce pas, que la magistrature dont nous souf­frons condamnât un démocrate sincère ; à quoi servirait sans cela cette magis­trature ? Elle était dans son rôle, elle y est restée !

    Après ?

    La conséquence de cette condamnation fut de faire quitter à Léon Cladel la place qu'il occupait à l'Hôtel-de-Ville ; il donna sa démission, qu'on lui aurait sans doute demandée.

    J'ai terminé.

    Comme je le disais en commençant, ceci n'est pas une étude, ni une biographie, ce sont des notes jetées au hasard avec la conviction d'avoir parlé impartialement d'un des grands écrivains de notre époque ; je n'avais pas d'autre but.

    Jean-Bernard

      

    AD 82  17 J 10

       

    Léon Cladel effectue sa peine à la prison de Sainte Léon Cladel et la prisonPélagie, peut-être dans la cellule de Gustave Courbet ou d'une autre célébrité.  

    Pour sa mère, qui n'aurait peut-être pas compris pourquoi son fils était en prison, on  prétexta un travail à l'imprimerie... 

     

    tableau de Gustave Courbet

     

     

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