• Léon CLADEL, les hommages

     

           

    Léon Cladel décède à Sèvres le 21 juillet 1892. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise (52e division)

     

    Le Parisien

    Gil Blas

     

    l'Evènement

     

     

     

     Le Radical
    Obsèques de Léon Cladel
    (23 juillet 1892) 

    Au nom de la Société des Gens de Lettres, au nom de la littérature française, je viens dire un dernier adieu à Léon Cladel. Et, ce que je regrette, c’est que, averti trop tard, loin de Paris, je ne puis le louer ici comme il le mérite.

    Pendant les trente années de son dur et glorieux labeur il est resté fidèle à la terre d’où il était sorti, il a aimé les humbles et les souffrants qu’il avait coudoyés dans sa jeunesse. Ses héros préférés, ce sont les va-nu-pieds des champs et des villes, tous ceux que la vie sociale écrase ; ce sont aussi les simples, les grands et les tendres, dont chaque heure, dans la bataille de l’existence, est un héroïsme. Il les prenait parmi le peuple, il leur soufflait l’âme naïve et forte des foules, il les faisait à son image ; car, même sous l’usure de notre terrible Paris, il avait gardé la simplicité et une tranquille grandeur. Il s’était mis véritablement à part, dans notre monde littéraire. On a parlé de sa petite maison de Sèvres, où il vivait au milieu des siens, comme un patriarche, de cette maison si accueillante aux jeunes débutants, toute pleine de bonne affection et de travail. Les enfants poussaient là au grand air. Des bêtes domestiques, libres et caressées l’envahissaient. N’était-ce pas le milieu naturel du poëte puissant qui a dressé les fières figures du Bouscassié, d’Ompdrailles et de l’Homme-de-la-Croix-aux-Bœufs?

    Il était mon aîné à peine de quelques années ; je l’ai connu à l’époque de nos débuts, lorsqu’il venait de publier son premier livre, Les Martyres ridicules. Et, si j’évoque le Cladel de cette époque déjà lointaine, je revois un jeune homme à la mise correcte, à la chevelure émondée et contenue. Je veux dire qu’il n’est point débarqué à Paris en paysan du Danube, mais que, plutôt, la libre insouciance, la bonhomie rurale l’y ont repris à mesure qu’il a vieilli. C’est là un phénomène typique et charmant, tout à son honneur. Il ne faut pas oublier qu’il a eu des amitiés illustres. Il tutoyait Gambetta ; il aurait pu, comme tant d’autres, au lendemain de la conquête, réclamer sa part. Mais, en maladroit qui tenait surtout à ses convictions, il choisit justement pour se fâcher le jour où son tout puissant ami fut le maître. Jamais il ne s’est mis du côté du manche, jamais il n’a été là quand la douce pluie des récompenses et des sinécures commençait. Il demeurait d’une intransigeance. Il demeurait d’une intransigeance farouche, sans concessions aucunes, ni politiques, ni littéraires. Et c’est pourquoi, lorsque nous en avons vu tant d’autres mettre des pans à leurs vareuses et changer leurs foulards rouges en cravates blanches, lui, doucement, avec son fin sourire, retournait au chapeau de feutre et à la grosse houppelande, qu’il trouvait commodes et qui lui tenaient chaud.

    Cela est très beau, une existence entière donnée à un idéal, dans le désintéressement de tout le reste. Cladel n’a voulu être et n’a été qu’un écrivain. Seulement être un écrivain, pour lui, exigeait une somme d’efforts surhumains, demandait une vie de conscience et de travail acharné, car il s’était fait du style une idée de haute perfection, hérissée de telles difficultés à vaincre, qu’il agonisait à la peine. On raconte qu’il a recommencé, qu’il a récrit des manuscrits jusqu’à trois fois. La poursuite du mot juste le jetait dans des angoisses infinies. Tout devenait un sujet de scrupules, la ponctuation, le rythme des phrases et des alinéas. J’ai connu chez Flaubert, ce tourment de la belle prose sonore, parfaite et définitive. Il n’en est pas de plus torturant ni de plus délicieux. Et cela devient d’un grand et superbe exemple, en nos temps de prose bâclée, de journalisme hâtif, d’articles fabriqués à la grosse sur des coins de tables.

    Le pis est qu’un si noble labeur n’est presque jamais récompensé du vivant de l’écrivain. Ces œuvres si soignées, si voulues, ne se laissent point aisément pénétrer par la foule. Leur beauté a besoin d’une sorte d’initiation, elle demeurent le culte d’une élite. C’est ce qui fait que Cladel n’a point rencontré les succès retentissants, les acclamations de ce Paris si prompt à s’engouer parfois. Je ne crois pas qu’il en ait souffert, car il avait le cœur solide et haut. Il devait se rendre compte de la vanité de certaines gloires fragiles. Mais nous en avons souffert pour lui, nous autres qui connaissions sa rare valeur, qui savions aussi, hélas!, que le succès, c’est aussi l’aisance, parfois la santé, la maison heureuse, égayée de soleil.

    Oui, à chacune de ces belles œuvres impeccables qu’il lançait, ouvragées comme des joyaux de haut prix, nous aurions voulu les forts tirages qui hantent les impatients d’aujourd'hui, le fracas des journaux, le livre courant dans des milliers de mains. N’était-ce point un spectacle fait pour étonner, ces œuvres où il ne glorifiait que les petits et les misérables, et qui n’allaient point à la foule, à l’immense peuple illettré? Seuls, les poëtes, les artistes, en sentaient le fin et puissant travail, les difficultés vaincues, la hautaine réussite. Il était un maître, il tenait tout un coin de notre littérature, il avait sa griffe de lion qui marquait chacune de ses pages. Dans cette petite maison de Sèvres, si simple, vivait à l’écart du grand public, adoré des seuls fidèles de la parfaite littérature, un des écrivains les plus personnels et les plus probes de la seconde moitié de ce siècle.

    Et, d’ailleurs, n’est-ce pas un destin heureux que d’avoir trouvé de son vivant le succès rétif, quand on a tout fait pour bâtir son œuvre sur des bases indestructibles? Ce qui les dévore, ces ouvriers acharnés remettant sans cesse leurs phrases au feu de la forge, c’est l’impérieux besoin de les forger si solides, si définitives, qu’elles vivent ensuite éternelles dans les siècles. Flaubert les voulait d’airain, toutes droites comme des tables de bronze, debout à jamais. Et leur récompense est là, à ces vaillants, dans la certitude qu’ils peuvent mourir, que leurs livres vivront. Le miracle de la vie s’accomplit, ces livres résistent et grandissent de jour en jour, quand tant d’autres, acclamés à leur apparition, disparaissent rapidement dans la banalité même de leur succès. La solidité du style, la conscience, le désir de perfection, tout ce qui a rebuté d’abord, travaille à la conquête de l’immortalité. Les lecteurs viennent, ne s’en vont plus, le roman se classe parmi les œuvres résumant une intelligence et une époque. C’est ainsi que les jours et les nuits passés sur une page par un écrivain original, soufflent à cette page une âme, une vie que rien n’étouffe, qui se développe à son heure et qui monte à la gloire.

    Cladel a été le bon et génial ouvrier qui, la journée finie, peut se reposer en paix dans la tombe, satisfait et fier de son labeur. Il a laissé l’œuvre qui survit, l’œuvre vivante qui gagne en force, à chaque lever nouveau du soleil. Elle fait partie désormais de l’éternelle nature, elle portera ses fleurs, aux printemps sans fin qui se succéderont.

    Et cette gloire de demain, cette moisson de palmes poussant de la mort, c’est le suprême hommage, c’est la grande consolation que je veux déposer aux pieds de la veuve de l’écrivain, de l’admirable compagne qui a été le charme et le courage de son existence. Oui, dans l’affreux deuil qui les frappe, s’il est une consolation possible, que la veuve, que les enfants se disent qu’il n’est point parti, celui dont les œuvres grandiront et vivront à jamais dans la mémoire des hommes.

     

    Emile ZOLA

     

     

    à Léon Cladel

     

    Tu fus excessif 
    Et je t'en aimais 
    D'un amour plus vif. 
    Plus vif que jamais,



    Depuis que la mort. 
    Cette vie en mieux, 
    A brisé l'effort 
    De 
    Toi vers les cieux.



    Vers des cieux voulus 
    Par ta volonté, 
    Des cieux absolus.



    Toi ressuscité 
    Aux fins, glorieux, 
    D'une vie en mieux !

    Paul Verlaine

     

    Léon CLADEL, les hommagesUn comité fut créé sous la présidence d'Émile Pouvillon et d'un délégué général Henry Lapauze, afin d'élever un monument en hommage à Léon Cladel dans sa ville natale : L'inauguration eut lieu durant l'été 1894 à Montauban. Il y a eu quelques débats quant au lieu d'implantation de ce buste: place de la cathédrale ou place de la Préfecture. Emile Pouvillon a fermement défendu la place de la Préfecture.

    7 rues en France porte son nom:  Lafrançaise, Montauban, Moissac, Limoges, Sèvres, Brive-la-Gaillarde et Paris 2e, aucune école, aucun collège, aucun lycée...

     

    Le comité pour la mémoire de Léon Clavel commande également en 1883 une statue en bronze payée par souscription publique au fils de ce dernier qui est sculpteur. Son Léon CLADEL, les hommagesérection à Paris, au Sénat, est refusée et finalement il faut attendre 1914 et l’appui de Georges Clemenceau pour qu'un emplacement au jardin du Luxembourg soit octroyé, mais la guerre de 14-18 retarde encore le projet. Elle est finalement inaugurée le 21 mai 1927. En 1942, elle est fondue par le régime de Vichy dans le cadre du programme de récupération des métaux.

     

    Léon CLADEL, les hommages

    Il existe un monument actuellement visible  à Bruxelles, dans le jardin du roi, avenue Louise, en Belgique: monument Ompdrailles (architecte Victor Horta, sculpteur Charles Van der Stappen, 1894-97)

    La scène s'inspire du roman  de Léon Cladel, "Ompdrailles le tombeau des lutteurs" de 1879. Fondu par la Compagnie des Bronzes et placé en 1894, le groupe sculpté présente deux figures masculines, l'une tenant le corps de l'autre, mort au combat.

    Je ne sais pas comment a été financé ce monument et à quelle initiative. Peut-être le très controversé Léon CLADEL, les hommagesEdmond Picard a-t-il œuvré pour cette réalisation? Il a fait partie des intimes de la famille. Cladel.

     

    En 1935, Montauban a fêté le centenaire de la naissance de Léon Cladel. 

    Léon CLADEL, les hommages

     Ses enfants Judith et Marius étaient présents.

     

     

     

     

     

     

     

    documents AD82  

    17 J  14 200

        

     

     

     

     

     

     

    La compagnie  des écrivains du Tarn et Garonne a organisé des journées Léon CLADEL, les hommagesen 2009 et 2010 autour de l'oeuvre de Léon Cladel. J'ai trouvé ce petit livret dans une librairie de Moissac dernièrement.

    La compagnie des écrivains du Tarn et Garonne a souhaité rassembler ici les actes des deux premières journées  qu'elle a organisées pour faire connaître l'oeuvre de Léon Cladel. La diversité des intervenants montre tout l'intérêt qu'il y a aujourd'hui à lire ou relire cet ouvrier de la plume du XIX ème siècle

    Isabelle Castelli, Jean-Paul Damaggio, Cédric Gonnet, Fabrice Michaux, Norbert Sabatié (président de l'Académie de Montauban), André Serres, Than-Vân-Ton-That, Michel VeyresJean-Bernard Verdoux

    4e de couverture

     

       En 2011, Léon Cladel ne figure pas  dans l'exposition "des fantômes montalbanais" au centre du patrimoine

     

     

     

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