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les frères MANAU
J'ai découvert ces deux frères dans la liste des poursuvis de décembre 1851 du Tarn et Garonne précédemment vue pour écrire l'article sur Jean BOUSQUET.
Leur père Marc cadet MANAU, natif de Castelsarrasin ( 21 juin 1789) est marchand verrier à Moissac. Le 15 octobre 1816, il a épousé à Saint Nicolas de la Grave, Marie CAUBET, fille d'un étudiant en droit (lors de son mariage et marchand lors du mariage de sa fille).
Le père de Marc cadet, Joseph MANAU est marchand verrier à Castelsarrasin. Il a épousé à Castelsarrasin, le 28 janvier 1777 Marguerite DOUMERC, fille de charpentier. Dans l'acte de mariage, le père de l'époux, Thomas MANAU est décédé et sa mère Antoinette DURIEU, vit à Fabas en Comminges dans l'Ariège.
J'ai trouvé l'acte de décès de Thomas MANAU à Valence d'Agen en 1759.
AD 82 registres paroissiaux en ligne
Mais aussi dans les registres paroissiaux de Fabas, dans l'Ariège.
MANAUD, en Ariège, devient MANAU dans le Tarn et Garonne.
Suivant les actes, Thomas MANAU(D) est laboureur, porteur de verre, verrier, marchand de verre ou marchand verrier.
J'ai trouvé quelques documents intéressants sur l'industrie du verre dans cette région de Fabas.
ici où l'on site la famille MANAUD ou ici
Dans le Tarn et Garonne, nous trouvons une partie de cette famille MANAU à Castelsarrasin, Moissac et Valence d'Agen
Revenons pour commencer, à Jean-Pierre MANAU
Il naît à Moissac le 18 août 1822.
Commandeur de la Légion d'Honneur, son dossier sur la Base Léonore permet de retracer son parcours et d'y découvrir une photo.
6 avril 1842: licencié en droit
27 septembre 1844 : doctorat
le 11 mai 1844 naît à Toulouse Bernardine Augusta MANAU
10 novembre 1845 : inscrit au tableau à Paris
1847: secrétaire de la conférence des avocats à Paris
1848: secrétaire particulier d'Alexandre LEDRU ROLLIN, ministre de l'intérieur.
1849-1850: avocat à Moissac
1850: conseiller municipal à Moissac
1850-1852: avocat à Montauban
Le 2 décembre 1851, c'est le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte. La contestation est réprimée. Jean Pierre MANAU est condamné à l'éloignement. (ici ), voici, un extrait:
Etabli à Montauban depuis environ quinze mois, il a montré du talent et il avait au barreau de cette ville l'un des premiers rôles. C'est le plus intelligent des hommes de l'opposition socialiste. Il était désigné comme le futur et principal candidat de ce parti à l'assemblée nationale et comme devant être Préfet dans le cas d'un cataclysme politique. Secrétaire sous le gouvernement provisoire de Ledru-Rollin pour lequel il professe encore un dévouement sans bornes, celui-ci fut sur le point d'en faire un substitut au tribunal de la Seine. de 1852 à 1855, en exil à Bruxelles et à Londres
25 mai 1853 : naissance de Joseph Hippolyte MANAU à Londres
1855-1863: avocat à Montauban
18 novembre 1857: mariage à Toulouse avec Rose Françoise DAUDE? native de Chalabre dans l'Aude. Les deux enfants Bernardine Augusta et Joseph Hippolyte, nés avant le mariage sont reconnus
1863-1870: avocat à Toulouse
1869-1870: conseiller municipal à Toulouse
4 septembre 1870: président de la commission départementale dans le sein du conseil municipal, et ayant fait en cette qualité fonctions de préfet de la Haute Garonne *
20 septembre 1870: avocat général à Toulouse
31 décembre 1870: procureur à Toulouse
24 mars-14 juin 1871: juge au tribunal de la Seine
12 avril 1876 : naissance à Neuilly de Gabriel Roland (reconnu le 27 juillet 1883)
13-23 janvier 1877: vice président du tribunal de la Seine
....
4 mars 1886:(vue 9/31) veuf, il épouse Octavie Lilia MANAVIT à la mairie de Paris 8e, (merci à Claude pour la communication de cet acte)**
31 mars 1893: procureur général près la cour de cassation
3 février 1908: décès à Vernon (Eure) à l'âge de 85 ans. Il est inhummé civilement au cimetière de Vernon.
* le 6 septembre 1870 Armand Duportal est nommé préfet de la Haute Garonne
** parmi les témoins à son mariage Léon JAYBERT, 73 ans, homme de lettres https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/15035533/te/page1
Gustave Bernard GARRISSON, 66 ans, sénateur du Tarn-et-Garonne, Armand CADUC, 67 ans, sénateur de la Gironde
Légion d'Honneur
13 juilliet 1880 : chevalier
30 décembre 1885 officier
5 février 1897 : commandeur
4 octobre 1900 : grand officier
Jean-Pierre MANAU a fait partie des nombreuses personnalités qui rendaient visite à Léon CLADEL.
et surtout:
Lors du procès de l'Affaire Dreyfus des extraits de
Jean-Pierre Manau, dont les antidreyfusards ont germanisé le nom en « Manaüh », est animé par la passion de la Vérité et de la Justice. La verve de ce magistrat presque octogénaire est toute méridionale. Son verbe est haut et clair. Il intervient à travers deux épisodes dans l’affaire Dreyfus : d’abord en requérant la cassation du procès Zola puis comme ministère public dans la procédure de révision. C’est en effet lui qui requiert la cassation, prononcée en avril 1898, de la première condamnation de l’écrivain par la cour d’assises de Paris. Prenant la précaution de rappeler que le ministère public ne doit pas être confondu avec le Gouvernement, revendiquant la liberté de parole à l’audience reconnue aux magistrats du parquet, il proclame en cette occasion son estime pour les promoteurs de la révision du procès Dreyfus qui, à ses yeux, ne sauraient être, « ni des vendus ni des traîtres mais l’honneur du pays ». Il dit son horreur des fureurs antisémites :
Ces scènes abominables, indignes de la France du XIXe siècle sont un outrage aux précurseurs de la Révolution, à Voltaire, émancipateur de la pensée humaine.
En cette époque où la hiérarchie était terriblement pesante, il fallait du courage pour s’exprimer comme le fougueux procureur général Manau ! Courage que le président de la chambre criminelle de la Cour de cassation, Louis Loew, saluera en ces termes :
L’attitude de M. le procureur général Manau pendant toute la durée de l’affaire a été l’un des plus beaux exemples de courage civil qu’ait donné la magistrature du parquet […]. Le devoir qu’il accomplissait était périlleux car, magistrat amovible, il pouvait à tous instants être frappé par un gouvernement qui ne partageait pas ses convictions.
Sur Gallica
Affaire Dreyfus : procès en révision : réquisitoire d'audience de M. Manau ,... 1898
La révision du procès Dreyfus : débats de la Cour de cassation. 1899
Dans les registres matricules militaire, j'ai découvert un troisième enfant de Jean-Pierre MANAU : Gabriel Roland MANAU.
Sur sa fiche matricule militaire, il est dit fils de Jean-Pierre, né le 12 avril 1886 à Neuilly. "certificat de bonne conduite refusé" , condamné, puis gracié pour "outrage à un supérieur en dehors du service".
Quelques mois après le décès de son père, il part à Hanoi. Il a quitté la Colonie sans laisser d'adresse.
Rappelé à l'activité en 1917, il ne s'est pas présenté et est déclaré "insoumis en temps de guerre"...
Il est signalé "décédé le 11 janvier 1911 à Colombo" (Sri Lanka peut-être). Il n'y a pas de transciprtion du décès, ni à Neuilly (lieu de naissance) ni à Vernon.
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
et Marc Joseph MANAU (il y a une erreur, ce n'est pas Joseph Paul MANAU)
Marc Joseph est né le 13 avril 1830 à Moissac. Le 2 décembre 1851, il est dit "élève de commerce"
La commission qui le juge alors, après les évènements mentionne :
Il a été reconnu à l'attaque de la Mairie. Il était des premiers. C'est un jeune homme d'un pédantisme outré, du reste sans précédents judiciaires et sans influence. Il s'est fait remarquer par la violence de ses opinions anarchiques. (Département du Tarn et Garonne. Commission départementale instituée par l'instruction collective du 3 février 1852, A.N., BB/30/402) Il est comdamné à l'internement à Angoulème.
Mais en 1859, je le retrouve à Tlemcen en Algérie pour son mariage. Il est alors négociant. Il épouse une jeune moissaguaise Justine COFFIGNAL (née le 22 mais 1839 à Moissac) fille de Paul COFFIGNAL, employé au chemin de fer demeurant à Rome et de Antoinette LAUTA demeurant à Moissac. Ils légitimisent une fille Octavie Jeanne Lucie MANAU, née d'eux le 9 septembre 1858 à Tlemcen.
C'est dans le journal La Petite Gironde du 18 octobre 1882.
La loi de réparation nationale du 30 juillet 1881, permet aux victimes de la répression du 2 décembre 1851, d'obtenir une pension.
Joseph Marc MANAU , correcteur d'imprimerie à Paris, 30 rue Bruyère perçoit une pension de 1000 francs.
https://www.retronews.fr/journal/la-petite-gironde/18-octobre-1882/241/1525441/2
Un petit arbre pour conclure
liens:
https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1999_num_46_4_1986
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Commentaires
Bien reçu. Merci martine