• un légionnaire

    J'ai commencé à faire des recherches sur ma généalogie familiale à partir de la découverte de l'histoire d'Ernest Joseph AVY (voir article). Mais je ne savais pas comment m'y prendre. Je n'imaginais pas toutes les ressources que j'allais trouvé sur Internet (registres paroissiaux et d'état civil numérisés par exemple)

    Mon compagnon me suggère de regarder aussi la base Léonore. Je tape le patronyme AVY et voilà que je trouve un Adrien Maurice AVY (chevalier le 15 août 1854. date(s) du dossier : 1852-1854). Je découvre sa date et lieu de naissance et sa date et lieu de décès.

    Né à Cavaillon en 1792 d'une famille de propriétaire cultivateur. Marié à Cavaillon en septembre 1813 avec Marie Rose CAVALIER (elle aussi issue d'une famille d'agriculteur de Cavaillon). Deux enfants naissent à l'Isle-sur-la-Sorgue de cette union Joseph et Adrien François en 1822.

    En février 1825, Marie Rose CAVALIER décède au lieu de Pech Boyé à Montauban où la famille réside. La famille s'est donc installée entre 1822 et 1825 dans le Tarn et Garonne.

    Adrien Maurice AVY se remarie en 1829 à 36 ans à Montauban avec Jeanne DOMPEYRE (19 ans fille d'un ancien employé des convois militaires, aubergiste rue Gilaque à Montauban à partir de 1815). Au moins deux enfants naîtront de cette union:

    Joseph Maurice AVY en 1832 à Saint Emilion (Gironde) et Françoise Anne AVY en 1841 à Corbarieu. Je n'ai pas exploré tellement plus loin.

    Pour récapituler Adrien Maurice AVY est à

    l'Isle-sur-la-la Sorgue (84) jusqu'en 1822 environ

    Montauban (Pech Boyé) (82) jusqu'en 1825 ou 1829

    Saint Emilion (33) en 1832

    Corbarieu(82) en 1841 

     En 1854, il est à Labastide Saint Pierre

    Il décédera à Labastide Saint Pierre en 1860.

    Ce qui est intéressant c'est que le dossier de Légion d'Honneur contient de nombreuses pièces qui peuvent donner des renseignements sur l'agriculture dans la région de Labastide Saint Pierre.

    J'ai l'impression, en lisant tous les documents qu'Adrien Maurice AVY cherchait un endroit pour s'implanter. Il a visité de Tarn et Garonne, a fait un passage en Gironde (peut-être voulait-il devenir viticulteur) et il s'est posé à Labastide Saint Pierre à la Claux.

    Dans son dossier, on trouve sa lettre de demande, s'il n'a pas demandé les services d'un écrivain public, il s'exprime correctement et il a l'écriture rapide de quelqu'un qui maîtrise le geste.

    Il faut voir aussi que nous sommes en 1853, Napoléon III est au pouvoir, il tient à développer l'industrie et l'agriculture. Il y a peut-être eu à ce moment là des cultivateurs entreprenants qui ont pu bénéficier d'aide de l'Etat pour développer certaines cultures.

    Maurice Adrien écrit ceci dans sa lettre:

    Agriculteur de père en fils, arrivé à Montauban en  1823, devenu fermier d’un bien contenant 128 ha, Ayant importé de mon pays natal Cavaillon (vaucluse) la culture de la garance et du murier que j’ai cultivé avec succès, j’ai donné la plus grande attention à la plantation, à la taille et aux soins que réclame le murier.

     

    La garance est une plante dont on récolte les rhizomes qui peuvent faire jusqu’à 80 cm de long. Les racines et les rhizomes (tiges souterraines) contiennent de l'alizarine et de la purpurine, qui ont la propriété de donner aux tissus une belle couleur rouge. Les uniformes de l'armée française l'employaient abondamment jusqu'à la Première Guerre mondiale. Cette teinture naturelle a été remplacée par des colorants synthétiques. La culture de la garance est très ancienne : elle est attestée depuis plus de 3000 ans en Inde. Le village d'Althen-des-Paluds (Vaucluse) fut un centre de la culture de la garance en France au xixe siècle.

    En 1829Charles X impose au troupier français le pantalon et képi rouge garance afin de favoriser la culture française de la garance et d'avoir une couleur moins salissante que le blanc7. Son usage sera abandonné lors de la Première Guerre mondiale, fin 1914, au profit de l'uniforme bleu horizon, moins voyant.

    En 1839, on compte cinquante moulins à garance en Vaucluse, alors qu'il n'y avait que dix moulins sur la Sorgue en 1804. Le Vaucluse, certaines années, générera jusqu'à 65 % de la garance au niveau mondial. À partir de 1860, plusieurs grandes crises (terres surexploitées, baisse de qualité, etc.) touchent cette culture de plus en plus concurrencée par les progrès récents de la chimie, notamment par la synthèse de l'alizarine à la fin du xixe siècle produit par l'entreprise allemande BASF qui sera utilisée à la place du produit naturel dans les uniformes français

    source Wikipédia

     Adrien Avy a importé cette culture dans le Tarn et Garonne et d’après le tableau ci-après trouvé sur Internet, il devait être le seul sur le Tarn et Garonne à faire cette culture. Je ne sais pas s’il avait sur place un moulin pour moudre les rhizomes. Peut-être utilisait-il le transport par le canal du midi…

     

    année

    1840

    1862

    vaucluse

    9 515 ha

    13 503 ha

    Bouches-du-Rhône

    4 143 ha

    3 735 ha

    Bas-Rhin

    727 ha

    273 ha

    Drôme

    164 ha

    1 104 ha

    Gard

    125 ha

    1 395 ha

    Seine-et-Oise

    2 ha

     

    Hérault

     

    204 ha

    Alpes-de-Haute-Provence

     

    181 ha

    Ardèche

     

    60 ha

    Var

     

    11 ha

    Tarn-et-Garonne

     

    2 ha

    Total

    14 676 ha

    20 468 ha

    On voit bien la progression de cette culture entre 1840 et 1862.

    Qu’en est-il de la culture des mûriers ?

    M. de Gasparin a démontré avec la plus complète évidence que la culture du mûrier et l’élevage du ver à soie étaient entrés en France par la Provence et à la suite des conquêtes de Charles d’Anjou. Dès la fin du XIIIe siècle, il se fabriquait des taffetas à Marseille.

    Tout à coup, en 1854, la production de cocons baisse de plus de 4 millions de kilogrammes, l’année suivante de près de 6 millions. En 1856 et 1857, elle tomba à 7 millions et demi de kilogrammes ; 18 millions et demi de kilogrammes de cocons manquèrent à nos manufactures.Un mal étrange, dont les plus vieux magnaniers n’avaient conservé aucun souvenir, avait envahi nos chambrées. Les œufs, mis à l’incubation comme à l’ordinaire, n’éclosaient plus ou ne donnaient naissance qu’à des vers languissans, dont la plupart disparaissaient peu à peu. Ceux qui échappaient au fléau et tissaient leurs cocons succombaient aux épreuves de la métamorphose ou ne donnaient que des papillons rabougris et sans force, dont la graine reproduisait, à un degré bien plus marqué encore, les mêmes phénomènes.

    https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Ver_%C3%A0_soie

    Le mûrier servait pour la sériciculture (l’élevage des vers à soie). Adrien semblait produire des plans de mûrier qui servaient ensuite pour l’élevage des vers à soie très prospère sur Cavaillon ( sa région d’origine)

     

    la lettre se poursuit ainsi

    En 1842 encouragé par Mr Brunet de la grange inspecteur de l’industrie séricicole qui en fesant sa tournée fut émerveillé de mes belles pépinières  et ………… de nombreux débouchés dans plusieurs départements, alors aidé de mes enffants j’augmente ma ferme de deux cent cinquante hectares.

    Membre du comice agricole après avoir reçu de nombreuses primes, je fus bientôt aperçu des autorités et le président du comice d’accord avec le conseil général sur la fin de 1849 avai demandé ma décoration  an 1848 la beauté  de ma poudre garance ma valurent à l’expédition à paris la médaille en argent, an 1849 à toulouse j’ai obtenu la médaille en or et depuis un rapport à quelques concours régional.

    J’ai fait de gros sacrifices pour la race mullassure

    …. Et bonne industrie pour le département qui manquent de pacage , trouve la plus grande ….. et les plus riches bénéfices sur elleve des Mulles, fi rechercher en Espagne et fi utille pour nous donner de l’argent après avoir fait bien nos petits travaux jusqu’à l’age de trois ans, désirant dôter le département de la plus belle race, je fu choisir des baudets dans le dept  des deux sèvres que je paya à 4500 f l’un, croisé depuis avec la taille géante d’Espagne j’ai surpassé les plus beaux poitevins  et les deux estations que j’ai l’une à Montauban, l’autre sur ma propriété à Labastide Saint Pierre donnent des produits toujours recherché sur les foires.

    Mes chevaux étalon sont …. ………. approuvé par  la commission hippique et donnent ……. de bons produits.

    Aujourd’hui mes deux enfants ainés sont fermiers  comme je l’ai été et suivent mon exemple, le plus jeune  enfant marié reste propriétaire avec moi sur le domaine que j’ai acquis écoutant mes conseils et formme comme moi pour l’amour du travail de la société et de l’agriculture fera de plus en plus honneur à la distinction qui m’honnore en ce jour……. Le bon vouloir des autorités qui m’environne je remercie beaucoup Monsieur le Ministre de l’agriculture de ses bonnes  attentions  comme ……. tous ceux qui peuvent y avoir pris part, et sans oublier celui qui nous protège à tous, avec les sentiments  le plus de la reconnaissance, je forme des vœux  …..

    Vive et vive notre empereur

    J’ai l’honneur Monsieur le grand chancelier de l’ordre impérial de la légion d’honneur de vous présenter mes très humbles respects  et suis de votre excellence votre bien humble et tout obéissant serviteur

    Voilà un bon bonapartiste.

    Maurice Adrien AVY n'avait pas anticipé la fin de la production de soie en France, les progrès en chimie pour produire des colorants et les chevaux et les mules remplacés par des tracteurs ou engins de chantier.

    Il faudrait regarder des registres de notaires pour voir les transactions qu'il a pu faire, mais ça ne m'intéresse pas. Trois générations après, dans ma branche familiale, on ne connaissait pas cette histoire.

     au centre mon arrière grand-père, issu du premier mariage du "légionnaire" 

    Et je peux dire que c'est à partir de cette recherche que j'ai attrapé le "virus de la généalogie". J'ai  redécouvert l'Histoire avec une lorgnette plus "personnelle" en me posant des questions et en faisant des recherches complémentaires. Par exemple, dans le Vaucluse les actes sont en latin, "Pourquoi?"  En cherchant on découvre que cette région a une particularité. Aujourd'hui, on connait Cavaillon pour ses melons, on y découvre qu'il y a eu la sériciculture... et puis cette évolution de la vie économique à partir de la deuxième moitié du 19e siècle. Tout ce qu'on apprend lors de nos études en Histoire, fait alors sens. 

     

    compléments

         source Gallica  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6017179c

    suite avec Maurice AVY

    Yahoo!

  • Commentaires

    1
    Simone
    Samedi 21 Juillet 2018 à 13:31
    Il y quelques années,l'allée qui va au Claux était bordée d'une belle rangée de muriers.
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